Violences et pillages à Sarcelles, "petite Jérusalem" de région parisienne

Le conflit s'exporte même en France. La preuve à Sarcelles en région parisienne où des violences ont éclaté. Reportage.

AFP

Le bruit d'un hélicoptère de police, l'alarme d'une pizzeria attaquée et la voix d'un jeune homme, visage masqué: "On va chercher la caisse!". Il fonce droit sur une pharmacie de Sarcelles (Val-d'Oise), vandalisée dimanche à l'issue d'une manifestation pro-palestinienne interdite. Avant lui, des jeunes filles se sont déjà emparées de lait de bébé. Après le pillage, l'officine sera incendiée.

Plus loin, des dizaines de casseurs, le visage dissimulé pour certains, ont détruit la vitrine d'une boutique de téléphonie dans cette ville multiculturelle au nord de Paris. Ils pillent le magasin, piétinent un écran plat à terre. Quand les forces de l'ordre arrivent, ils leur jettent des pierres. Réplique immédiate avec des gaz lacrymogènes.

D'autres pilleurs s'en prennent à un magasin de pompes funèbres, qu'ils saccagent, détruisant sa vitrine. Certains casseurs sont armés de cocktails Molotov. Plusieurs d'entre eux hurlent "Israël on t'encule!". Des policiers tirent avec des balles en caoutchouc en leur direction. Au milieu du chaos, Amir est en larmes. Il désigne une aire de jeu pour enfants, installée sur une place désormais déserte et cernée de magasins pillés. "Regardez ce qu'on fait pour les enfants, pour les vacances..." se désole-t-il.

Ces violences et dégradations font suite à un rassemblement pro-palestinien interdit par les autorités mais qui avait tout de même rassemblé plusieurs centaines de personnes dans l'après-midi dans cette ville parfois surnommée "la petite Jérusalem", qui compte une importante communauté juive séfarade.

Initialement, un défilé pro-palestinien ainsi qu'un rassemblement pro-israélien organisé par la Ligue de défense juive (LDJ) avaient été prévus au même endroit, la gare RER, et à la même heure, incitant la mairie et la préfecture à interdire les deux.

Un goût âcre dans la gorge

C'est lors de la dispersion qu'une partie des jeunes manifestants s'engouffrent dans la ville, vers des positions de CRS, renversant des poubelles et allumant pétards et fumigènes.

Près de la mairie, des voitures sont incendiées, les vitres d'autres brisées. Une cabine téléphonique est en morceaux et des poubelles flambent. Dans l'air flotte une odeur âcre, mélange de fumée, fumigènes et plus tard lacrymos.

L'accès à la synagogue, quelques mètres plus loin, est entièrement bouclé, des cars de CRS barrant l'avenue. Devant l'entrée, plus d'une trentaine de jeunes armés de matraques et barres de fer bombent le torse en attendant d'en découdre. L'un d'eux agite un drapeau israélien.

Dans la ville, les attroupements se multiplient, sous l'oeil médusé des habitants, penchés à leurs fenêtres. Quelques dizaines de manifestants crient "Israël assassin!" près du barrage policier. "Assassin de quoi?" hurle une femme tenue à distance par les policiers. Un adolescent lui répond en criant: "Tu regardes pas la télé?".

Un vieux monsieur digne en costume marron, parapluie rouge et moustache grise, "un Tunisien connu de tous dans la ville" selon un manifestant, cherche en vain à calmer les manifestants: "Pas de casse!" leur répète-t-il, en appelant à leur "honneur".

Plusieurs journalistes sont également pris à partie. Un caméraman de télévision est dépouillé de son matériel et un photographe de l'AFP agressé et légèrement blessé.

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