Manif pro-Gaza interdite à Paris: le calme est revenu après quelques incidents

A Londres, ce sont 10.000 personnes qui ont manifesté en faveur des Palestiniens. En Belgique, les manifestations pro-israélienne et pro-palestinienne de dimanche ont été autorisées.

AFP

Plusieurs milliers de personnes ont participé samedi à Paris à un rassemblement propalestinien, pourtant interdit, qui a donné lieu à des incidents, une semaine après de violents débordements lors de précédentes manifestations interdites.

Après environ une heure trente de heurts limités entre forces de l'ordre et manifestants, le calme est revenu en fin d'après-midi. Selon des chiffres partiels et provisoires, une cinquantaine de personnes ont été interpellées, dont une trentaine placées en garde à vue, en marge de la manifestation.

Dans le même temps, des milliers de personnes ont défilé dans le calme dans plusieurs villes de France comme chaque week-end depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza il y a près de trois semaines.

A Paris, la justice avait confirmé à la mi-journée l'interdiction de la manifestation, décidée par la police au motif que les organisateurs n'avaient pas donné de garanties suffisantes de sécurité.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait appelé les organisateurs à renoncer à leur initiative, avertissant qu'ils seraient tenus pour "responsables d'éventuels débordements (...) et passibles de sanctions pénales".

Ignorant les mises en garde, quelque 5.000 personnes s'étaient rassemblées place de la République, point de départ initialement prévu du cortège, sans chercher à défiler. Ensuite des manifestants ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Un abribus a été détruit et des pierres lancées sur des magasins.

Au total, environ 2.000 policiers et gendarmes avaient déployés place de la République et dans le quartier de la Bastille où des incidents avaient éclaté près d'une synagogue à l'issue d'une manifestation le 13 juillet.

Selon des sources policières, elles avaient reçu des "consignes de fermeté" pour intervenir "très rapidement et interpeller" en cas notamment de "slogans ou manifestations antisémites".

"Israël hors de Palestine, il est fini le temps des colonies", "Israël assassin, Hollande complice", "Nous sommes tous des Palestiniens," scandaient les manifestants.

"Cette manifestation est illégale, mais pour nous elle est plus que légitime. Il s'agit de manifester notre solidarité avec un peuple qui est en train de se faire massacrer", expliquait Hugo, jeune militant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, extrême gauche) qui avait appelé au rassemblement.

De jeunes hommes hissés sur une colonne ont activé des fumigènes aux couleurs de la Palestine et brûlé un drapeau israélien, sous des applaudissements.

Le président François Hollande avait dit le 14 juillet qu'il n'était pas question de laisser "s'importer" en France le conflit israélo-palestinien, au lendemain de débordements près de synagogues, dans le quartier de la Bastille, à l'issue d'une manifestation autorisée.

Le week-end dernier, deux rassemblements interdits avaient dégénéré, l'un à Barbès, dans le nord de Paris, l'autre à Sarcelles, ville de la banlieue nord de la capitale, où des commerces, dont une épicerie casher, avaient été saccagés.

Le Premier ministre, Manuel Valls, avait adressé vendredi soir un message d'apaisement aux musulmans de France. Venu à la mosquée d'Evry-Courcouronnes, une des plus grandes du pays, pour la rupture du jeûne du ramadan, il avait assuré qu'il n'y avait pas "deux poids deux mesures" à leur détriment.

Contrairement à d'autres manifestations propalestiniennes en Europe qui ne suscitent pas de polémique, en France l'opposition à l'offensive israélienne s'est doublée d'une controverse sur l'interdiction de certains rassemblements et la montée de l'antisémitisme.

Critiqué par sa gauche et par une partie de l'opposition de droite pour avoir joué le pompier pyromane en interdisant des manifestations, le président Hollande répète qu'il faut "faire respecter l'ordre républicain et refuser les slogans qui expriment la haine".

De leur côté, Amnesty international et Human Rights Watch se sont inquiétées des restrictions à la "liberté de réunion".

En 19 jours, l'offensive israélienne sur Gaza a déjà fait au moins 1.000 morts côté palestinien et 39 côté israélien. Une réunion d'acteurs internationaux s'est tenue samedi à Paris, appelant à prolonger le cessez-le-feu humanitaire entré en vigueur en début de matinée.

Au moins 10.000 manifestants propalestiniens à Londres

Quelque 10.000 manifestants, selon la police, ont défilé samedi à Londres pour demander "la fin du massacre à Gaza" où l'offensive israélienne déclenchée contre les tirs de roquettes du Hamas a provoqué la mort d'au moins mille Palestiniens.

Portant des drapeaux palestiniens et des pancartes appelant à "la fin du siège" de la bande de Gaza et à la "liberté pour la Palestine", les manifestants se sont rassemblés à la mi-journée devant l'ambassade d'Israël, dans le quartier de Kensington (ouest de Londres).

Ils ont ensuite défilé vers la place du Parlement britannique, et sont passés devant Downing Street, où certains ont crié "Honte à toi, David Cameron! ".

"Israël, Etat terroriste", "Gaza ne pleure pas, nous ne te laisserons pas mourir", "Allah Akbar" (Dieu est grand), scandaient les participants à ce rassemblement, organisé entre autres par la coalition "Stop the War" et le mouvement anticapitaliste "Occupy London".

Une manifestation similaire organisée samedi dernier, qui s'était déroulée sans heurts, avait rassemblé selon les organisateurs quelque 100.000 personnes, tandis que la police avait évalué leur nombre à 15.000.

Plusieurs orateurs, parmi lesquels le chanteur Brian Eno du groupe Roxy Music, ont pris la parole à Parliament Square pour appeler à la fin de l'opération israélienne.

Un millier de Palestiniens ont été tués et quelque 6.000 blessés, en grande majorité des civils, dans la bande de Gaza depuis le début de l'offensive israélienne le 8 juillet, selon les services de secours locaux samedi.

Côté israélien, 37 soldats sont morts dans les combats dans et autour de la bande de Gaza, ainsi que deux civils, tués par les tirs de roquettes palestiniens.

Les manifestations pro-israélienne et pro-palestinienne de dimanche autorisées en Belgique

La police locale a confirmé samedi que la manifestation à 11 heures, dimanche, devant l'ambassade d'Israël, à Uccle, a été autorisée. Les organisateurs annoncent plus de 500 participants. L'organisateur Simon Bretholz, citoyen actif dans la communauté juive à Bruxelles, explique que le message est double: "Nous voulons apporter notre soutien au peuple israélien et à son gouvernement. Nous voulons également nous opposer aux cris "Mort aux juifs" dans les rues en Belgique".

Armand De Decker (MR), bourgmestre d'Uccle, explique que "l'OCAM (Organe de coordination pour l'analyse de la menace) et la Sûreté ont été consultés. Pour le reste, manifester est un droit constitutionnel". Il espère qu'il n'y aura pas de contre-manifestants et assure que "les forces de l'ordre seront sur le terrain pour faire face à toute éventualité". "L'Etat belge est favorable à la cohabitation d'un Etat palestinien qui vive en paix à côté d'Israël", conclut le bourgmestre.

Par ailleurs, même si la manifestation de dimanche 14 heures, en solidarité avec la Palestine, est organisée par une plate-forme d'associations, Karine Lalieux (PS), bourgmestre déléguée à la Ville de Bruxelles, a imposé les même conditions que celles données pour la manifestation du Mouvement citoyen Palestine de vendredi.

Ainsi, la Ville de Bruxelles a interdit l'usage de slogans appelant à la haine envers une quelconque communauté, et des drapeaux faisant référence à des mouvements repris sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne. Elle exige également que la thématique de la manifestation reste celle de Gaza et de la protection du peuple palestinien. Une responsabilisation des organisateurs a par ailleurs été faite.

Un itinéraire différent de celui demandé a été décidé avec la police, afin que la sécurité puisse être optimale.

Le cortège s'élancera à 14h de la gare du Nord pour reprendre le parcours de la manifestation de vendredi jusqu'à la place Jean Rey.

La présence policière a été conjuguée avec de la prévention, par la présence d'éducateurs et de 8 agents Bravvo. Ces derniers ont travaillé dans les quartiers ces derniers jours autour de la problématique de Gaza.


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