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Qui est le hackeur sioniste soupçonné d'avoir piraté Rue89 ?

Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire après les attaques visant le « pure player » et des sites propalestiniens.

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Publié le 08 août 2014 à 21h11, modifié le 01 octobre 2014 à 16h49

Temps de Lecture 3 min.

Le site d'information Rue89.

Cible d'attaques informatiques répétées depuis une dizaine de jours, le site d'information Rue89 a déposé deux plaintes contre X, lundi 4 et vendredi 8 août, auprès du procureur de la République de Paris. Vendredi, le parquet a ouvert une information judiciaire pour accès frauduleux à un système de traitement automatique de données, modification de données et entrave au fonctionnement dudit système.

Le 29 juillet à 19 h 40, l'ancien « pure player », devenu filiale du Nouvel Observateur à la fin de 2011, est resté inaccessible pendant plusieurs heures, victime d'une première attaque par déni de service. Inondé par un afflux de requêtes émanant de milliers de PC piratés à travers le monde, son serveur a rapidement saturé. Le lendemain, le site était visé par deux nouvelles attaques, puis de nouveau les 5 et 6 août, avant que l'hébergeur de Rue89 ne trouve finalement une parade en filtrant les requêtes.

« La plainte ne vise personne, mais il ne sera pas difficile de remonter jusqu'à l'auteur de ces attaques », explique au Monde Pierre Haski, le directeur de publication. Contrairement à la plupart des hackeurs, qui ne chérissent rien tant que leur anonymat, un certain Grégory Chelli, alias « Ulcan » ou  « Violvocal », a revendiqué sur Twitter le piratage du site : 

« MILITANT SIONISTE »

Membre autoproclamé de la Ligue de défense juive (LDJ), Grégory Chelli, qui se présente comme un « militant sioniste » et un hackeur, est très défavorablement connu des services de police, pour des dizaines de signalements. Il a notamment été condamné pour des faits de violence — une peine assortie d'une obligation de soins — et pour le saccage de la librairie militante Résistances en 2009 avec des camarades de la LDJ. Il est également cité dans l'instruction, toujours en cours, de l'agression d'un militant propalestinien par des membres de la LDJ la même année.

Avant Rue89, plusieurs sites Internet favorables à la cause palestinienne ont été hackés ces dernières semaines, dont ceux de plusieurs sections locales du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), celui de la Confédération générale du travail (CGT) Paris, le site d'Info Palestine ou encore celui de l'Association France-Palestine Solidarité. A chaque fois, la page d'accueil était remplacée par cette phrase : « Hacked by Ulcan from Ashdod », Ashdod étant la ville israélienne où vivrait actuellement le jeune homme, né dans le 16e arrondissement de Paris il y a trente-deux ans, après s'être occupé un temps d'un site pour adulte en Roumanie.

Le jour de la première attaque que Rue89 a subie, le site venait de mettre en ligne un article de Benoît Le Corre intitulé « Ulcan, le hacker sioniste qui fait tomber les sites pro-Palestiniens », qualifié de « mensonger » par l'intéressé. « Cette censure cybernétique est une attaque contre la liberté de la presse, explique Me Antoine Comte, l'avocat de Rue89. N'importe quel site peut faire l'objet de ce genre d'attaque si sa ligne éditoriale déplaît. »

Le soir-même, le père de l'auteur de l'article était victime d'un canular téléphonique, dont Grégory Chelli est coutumier, lui annonçant que son fils était mort.

FICHIER STIC

Dimanche, Grégory Chelli s'en est de nouveau pris à la famille du journaliste. Il a appelé un commissariat de quartier en se faisant passer pour le père de Benoît Le Corre, affirmant avoir tué sa femme et son fils avant de se barricader chez lui armé jusqu'aux dents. Cet appel a provoqué l'irruption du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au domicile familial au beau milieu de la nuit.

Grégory Chelli, qui revendique ouvertement ses canulars, dont il poste parfois les enregistrements sur son site Internet, Violvocal, est un spécialiste de l'imposture téléphonique mal intentionnée. En 2012, il avait obtenu et rendu public les données du fichier STIC — qui regroupe les informations relatives aux infractions constatées par la police — concernant plusieurs rappeurs en appelant des commissariats.

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Le 4 août, il a obtenu les éléments du fichier STIC relatifs à deux de ses ennemis idéologiques — Tariq Ramadan et l'écrivain d'extrême droite Hervé Ryssen — en appelant le commissariat de Villeneuve-d'Ascq sous une fausse identité de policier. Sa réponse aux plaintes de Rue89 n'a pas tardé, toujours dans la même veine. Vendredi, il a publié sur son compte Twitter l'enregistrement sonore des informations du fichier STIC, lu par un policier au téléphone, concernant Pierre Haski.

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