Des milliers de manifestants à Tel-Aviv pour appeler à négocier avec Mahmoud Abbas
Cette manifestation est la plus importante du "camp de la paix" depuis le lancement de l'opération israélienne le 8 juillet qui a fait près de 2.000 morts palestiniens et 70 du côté israélien. Une trêve est actuellement observée par Israël et le Hamas palestinien qui contrôle Gaza en attendant l'issue des négociations au Caire.
- Publié le 16-08-2014 à 21h28
- Mis à jour le 16-08-2014 à 21h52
Des milliers d'Israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv pour appeler leur gouvernement à reprendre les négociations de paix avec l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, après l'offensive militaire israélienne à Gaza.
Cette manifestation est la plus importante du "camp de la paix" depuis le lancement de l'opération israélienne le 8 juillet qui a fait près de 2.000 morts palestiniens et 70 du côté israélien. Une trêve est actuellement observée par Israël et le Hamas palestinien qui contrôle Gaza en attendant l'issue des négociations au Caire.
De très importantes forces de police étaient déployées autour de la place Yitzhak Rabin (du nom de l'ex-Premier ministre assassiné), dans le centre de Tel-Aviv, où s'est déroulé le rassemblement afin d'éviter des heurts avec des contre-manifestants d'extrême droite.
La manifestation a été organisée par le Meretz, un parti d'opposition de gauche, la Paix Maintenant, une ONG hostile à la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens et Hadash, le parti communiste.
"Cela (la guerre) ne finira pas tant que l'on ne se parlera pas", pouvait-on lire sur une banderole. "Juifs et Arabes refusent d'être ennemis", "Oui à une solution politique", était écrit sur des pancartes brandies par les manifestants.
Netanyahu pointé du doigt
Les intervenants ont dénoncé le gouvernement de Benjamin Netanyahu accusé d'avoir refusé de négocier avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
"Le gouvernement de Netanyahu n'a fait qu'affaiblir Mahmoud Abbas et renforcer ainsi le Hamas", a déploré Nitzan Horowitz, un député du Meretz.
La dirigeante de cette formation, Zehava Galon, a appelé à la démission de Benjamin Netanyahu. "Il a échoué aussi bien pour la sécurité que pour la paix, il doit partir", a-t-elle lancé en accusant le Premier ministre d'avoir "entraîné Israël dans une guerre que nous pouvions éviter".
L'écrivain David Grossman a, lui aussi, proclamé qu'il fallait "faire la paix avec l'Autorité palestinienne et négocier avec le gouvernement d'union palestinien".
Il faisant allusion au gouvernement de personnalités indépendantes formé début juin après un accord de réconciliation entre le Hamas et l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de M. Abbas.
Benjamin Netanyahu s'est refusé à toute discussion avec ce gouvernement en l'accusant d'avoir partie liée avec le Hamas, une organisation qu'il qualifie de "terroriste".
Les négociations de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne, relancées en juillet 2013 par les Etats-Unis, avaient capoté en avril dernier.
Dans l'attente de discussions cruciales pour l'arrêt des combats
Israéliens et Palestiniens se préparent à de nouvelles négociations serrées dont dépendra la poursuite ou non, au-delà de lundi minuit, du cessez-le-feu observé dans la bande de Gaza après un mois d'une guerre meurtrière.
A la veille des pourparlers qui devraient reprendre dimanche au Caire, le territoire palestinien dévasté par les frappes israéliennes a goûté samedi à son sixième jour consécutif de trêve.
Azzam al-Ahmad, chef de la délégation palestinienne et dirigeant du Fatah, faisait état samedi de progrès laissant espérer une trêve persistante et non pas seulement une nouvelle reconduction de quelques jours du cessez-le-feu en place.
"Nous avons grand espoir qu'un accord intervienne très prochainement, avant la fin de la trêve, et peut-être même très vite, pour un cessez-le-feu permanent", a-t-il dit à l'AFP.
"Nous pouvons parvenir à un accord si la partie israélienne accède à toutes les exigences de la délégation palestinienne unifiée, en particulier l'arrêt de toute agression contre notre peuple, de la guerre contre Gaza et la levée complète" du blocus, a dit à l'AFP un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.
Les Israéliens, eux, se montrent très discrets.
Des exigences inconciliables?
Avec des exigences apparemment inconciliables, le défi relevé par les négociateurs est d'inventer la formule pour que chacun trouve son compte sans paraître offrir la victoire à l'autre.
Au Caire, les Israéliens refusent de parler aux "terroristes" du Hamas, l'organisation islamiste qui contrôle Gaza et avec laquelle ils viennent de livrer bataille. Le Hamas s'inscrit dans une délégation palestinienne élargie au Jihad islamique et au Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Les Egyptiens jouent donc les intermédiaires. Les discussions menées jusqu'alors au quartier général des renseignements égyptiens ont conduit à un premier cessez-le-feu instauré lundi et reconduit jeudi pour cinq jours.
Les discussions qui recommenceront dimanche devraient tourner autour d'une proposition égyptienne qui, selon un document auquel l'AFP a eu accès, instaurerait un cessez-le-feu permanent et inviterait à de nouveaux pourparlers dans un mois.
A l'ordre du jour, des questions épineuses comme l'ouverture d'un port et d'un aéroport réclamée par les Palestiniens mais à laquelle les Israéliens rechignent, ou la restitution à Israël des corps de deux soldats morts en échange de la libération de détenus palestiniens.
La levée du blocus qu'Israël impose strictement à Gaza depuis 2007 et qui asphyxie l'économie du territoire est une exigence palestinienne primordiale.
Le document égyptien reste vague, se contentant de dire que des points de passage fermés seraient ouverts.
Israël accepte globalement de traiter avec l'Autorité palestinienne, l'entité censée administrer la Cisjordanie et Gaza mais qui a été évincée de l'enclave en 2007 par le Hamas. Les rivaux palestiniens viennent cependant de se réconcilier et de former un gouvernement d'union.
Rôle joué par la communauté internationale
Les différentes informations filtrant du Caire font état de projets de réhabilitation et de développement de Gaza sous supervision internationale, ainsi que de la réouverture du point de passage de Rafah avec l'Egypte, la seule ouverture du territoire sur le monde extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien.
Pour favoriser un accord et rassurer Israël, inquiet de l'entrée d'armes, l'Union européenne s'est dite prête à ranimer et élargir la mission EUBAM engagée en 2005 à Rafah, où 70 officiers européens participaient au contrôle des personnes et des marchandises. La mission a été suspendue en 2007.
"Revenir au statu quo d'avant le conflit n'est pas possible", a estimé l'UE pour qui tout cessez-le-feu durable doit s'accompagner d'une levée du blocus.
On ignore cependant comment pourrait être satisfaite l'exigence israélienne de démilitarisation de Gaza, dont ne veulent pas entendre parler les Palestiniens.
Les Affaires étrangères israéliennes ont salué à ce propos l'appel européen à ce que tous les groupes "terroristes" de Gaza soient désarmés. "Un engagement de principe à la démilitarisation, appliqué suivant un mécanisme efficace, changera fondamentalement la situation".