En quarante jours de conflit à Gaza, le président français a fait considérablement évoluer son discours. Critiqué pour son tropisme pro-israélien au début de l’opération militaire, François Hollande a durci le ton après les bombardements de deux écoles. Dans les colonnes du Monde, mercredi 20 août, il appelle clairement à la levée du blocus de Gaza.
Lire l'intégralité de l'interview du chef de l'Etat (en édition abonnés) : Hollande au « Monde » : « Je veux accélérer les réformes »
« Solidarité face aux roquettes »
9 juilletAu lendemain du lancement de l'opération israélienne « Bordure protectrice » à Gaza, François Hollande est univoque. Lors d’un entretien téléphonique, il indique au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, que « la France condamne fermement les agressions » et qu'il appartient à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ».
Ce communiqué exprimant la « solidarité de la France face aux tirs de roquettes », élaboré, selon les informations du Monde, après des démarches insistantes du cabinet de M. Nétanyahou, reste en travers de la gorge de plusieurs dirigeants socialistes.
« De nombreuses victimes palestinienne »
10 juilletLe lendemain, le président français décide d’appeler le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. L’Elysée en tire un communiqué exprimant « son inquiétude concernant la situation à Gaza » et déplorant que « les opérations militaires en cours aient déjà fait de nombreuses victimes palestiniennes ».
« Un cessez-le-feu sans délai »
13-28 juilletTrois jours plus tard, alors que le bilan s’élève à 168 morts palestiniens et que l’hypothèse d’une intervention au sol de l’armée israélienne se profile, François Hollande appelle à « l'établissement d'un cessez-le-feu sans délai ».
Un mot d’ordre qui donnera le ton à la plupart de ses interventions sur la question gazaouie pendant près de quinze jours, alors que les dirigeants européens ont davantage les yeux rivés sur la crise ukrainienne, où un avion civil a été abattu le 17 juillet, faisant près de trois cents morts. Lors de sa traditionnelle interview télévisée du 14-Juillet, il remet la balle au centre, en se disant « pour la paix » : « Israël a droit à sa sécurité, Israël peut se défendre s'il est attaqué, et en même temps, Israël doit avoir de la retenue, doit avoir de la réserve par rapport à des actions ».
La condamnation
30 juilletAprès trois semaines de conflit, le bombardement d’une école gazaouie des Nations unies, dans le camp de Jabaliya, impose à François Hollande un changement de ton : il « condamne » cette action israélienne et « exige » à nouveau un cessez-le-feu « immédiat ».
« Que les responsables répondent de leurs actes »
3 aoûtTrois jours plus tard, quand une deuxième école onusienne est bombardée par Tsahal, à Rafah, le président français appelle pour la première fois à ce que « les responsables de cette violation du droit international répondent de leurs actes », actes jugés « inadmissible[s] ».
« Agir » contre le « massacre »
4 aoûtAu lendemain du bombardement à Rafah, le président de la République change subitement de ton. Lors d’un déplacement en Belgique pour commémorer la première guerre mondiale, il ne pèse plus ses mots et déclare : « Quand nous savons qu’il se passe des massacres tous les jours au Proche-Orient, nous devons agir. »
« Haro sur le blocus à Gaza »
18 aoûtAlors que le cessez-le-feu observé depuis le 11 août tient encore entre Israéliens et Palestiniens, le président commémore l’anniversaire du débarquement en Provence. Il change alors de cible dans son discours et demande la levée des « blocus et des entraves » « à mesure que la confiance peut revenir » entre les deux parties.
« Levée du blocus et démilitarisation »
20 aoûtC’est dans son interview au Monde que François Hollande se montre pour la première fois aussi clair sur ses intentions : « L’objectif doit être une démilitarisation et en même temps une levée du blocus [de Gaza] », tranche-t-il, proposant l’aide de la France et de l’Europe sur la réouverture du point de passage de Rafah, entre l’Egypte et Gaza. Sans le citer, le président français intensifie la pression sur le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, sans toutefois exiger des pourparlers directs avec le Hamas : « Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne doivent être considérés comme l’interlocuteur principal ».
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