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PROCHE-ORIENT

Mohamed Deif, plus que jamais ennemi juré d'Israël

Depuis vingt ans, l’État hébreu cherche à liquider Mohamed Deif, le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. Ce dernier a déjà échappé à six tentatives d’assassinat. Portrait.

Photo non datée de Mohamed Deif.
Photo non datée de Mohamed Deif. HO, AFP
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"Mohamed Deif mérite la mort, comme Ben Laden, c'est une cible légitime, [...] et aussi longtemps que nous aurons l'opportunité de le tuer, nous la saisirons." Les propos du ministre de l'Intérieur israélien Gideon Saar reflète une position, dont le gouvernement de Benjamin Netanyahou ne se cache pas : il cherche à tout prix à éliminer le commandant suprême des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Selon les médias israéliens, l’homme serait considéré par les services de renseignement de l’État hébreu comme le stratège qui a doté son mouvement de roquettes perfectionnées, et surtout comme l’architecte des incursions terrestres à partir de la bande de Gaza via des tunnels souterrains. Il est en outre accusé d’être le cerveau de nombreux attentats-suicides contre des civils israéliens, au milieu des années 1990 et de 2000 à 2006.

Méfiance et discrétion

Mardi soir, Mohamed Deif, surnommé par les Israéliens "Ben mavet" ("le fils de la mort" en hébreu), a une nouvelle fois réchappé à une attaque ciblée. Les missiles de l'aviation israélienne qui lui étaient destinés ont détruit un immeuble dans le nord-ouest de la ville de Gaza, tuant son épouse et son fils de 7 mois. Jeudi 21 août, le corps de l’une de ses filles, âgée de trois ans, a été extrait des gravats de l'immeuble.

Le sort de Mohamed Deif reste à ce jour incertain. Israël n’a pas officiellement communiqué sur le raid aérien en question, contrairement aux Brigades Ezzedine al-Qassam qui se sont empressées d’annoncer que le chef militaire était toujours en vie et aux commandes du groupe. Ce dernier a promis d'ouvrir "les portes de l'enfer" à Israël en représailles à cette frappe.

Rompu aux règles de la clandestinité et du secret, celui qui se ne montre jamais, qui se méfie de tout et de tout le monde n’a pas dérogé à la règle, en évitant de se rendre aux obsèques de sa femme et de son enfant, qui ont eu lieu mercredi dans le camp de réfugiés de Jabaliya. Il aurait très bien pu s'y rendre sans être reconnu, puisque la dernière photo connue de lui date de 1989. Ses interventions télévisées, où son visage est plongé dans la pénombre sont en outre très rares et se sont limitées à trois discours - en 2006, 2012 et 2014.

Preuve de la méfiance et de la discrétion de Mohamed Deif, ce n'est qu'une fois le décès de la jeune femme annoncé, que de nombreux proches ont découvert la véritable identité de son époux. Même son beau-père reconnaît n’avoir vu son gendre qu’une seule fois, en 2007, lorsqu’il lui avait demandé la main de sa fille. Il ne savait même pas où le couple avait élu domicile.

Capacité de survie

Mardi, "Mohammed Diab" de son vrai nom (son alias "el-Deif", qui signifie l'invité en arabe, vient de sa propension à changer très fréquemment de cache), a échappé à la sixième tentative d'assassinat en moins de 20 ans. Une capacité de survie qui lui vaut une aura particulière aux yeux des 20 000 hommes qu’il commande.

"Il a beaucoup d’expérience sur le terrain, il sait comment calculer ses mouvements et ses actions dans un secret total", confiait récemment Israël Hasson, ancien vice-commandant du Shin Bet (services de renseignement intérieur) et actuel député à la Knesset, à Timesofisrael.com.

Né en 1960 dans le camp de réfugiés gazaoui de Khan Younès, au sud de Gaza, Mohamed Deif a très vite choisi de militer contre l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. Tout en étudiant la biologie, la chimie et la physique à l’Université islamique de Gaza, il se fait élire à la tête de l’Union étudiante des Frères musulmans.

Après avoir fréquenté dans un premier temps Mohamed Dahlan, un proche conseiller de Yasser Arafat, dont il deviendra l’ennemi juré, cet amateur d’arts de la scène, décrit comme calme et posé, opte rapidement pour l’aile radicale de la résistance palestinienne. Ainsi, après le début de la première Intifada, il rejoint les rangs du Hamas, créé en 1987. Plus précisément les rangs de la branche armée de l’organisation islamiste. Avec pour nom de guerre "Abou Khaled", il fait ses armes aux côtés de Yahia Ayyache, un cadre militaire éliminé en 1996 par Israël.

Dans la ligne de mire des Israéliens

En 1991, il prend la tête de la branche sud des Brigades Ezzedine al-Qassam, formées un an auparavant, et "devient le terroriste le plus recherché par Israël". À son crédit, selon les Israéliens, la capture et le meurtre de trois soldats de l’État hébreu en 1994, ainsi qu’une campagne d’attentats visant des transports en commun en Israël, qui s’est soldée par la mort d’une cinquantaine de civils en février 1996. Israël tente de l’assassiner une première fois mais l’opération est annulée par Shimon Peres, afin d’éviter des pertes civiles qui se trouvaient à proximité de la cible.

Arrêté par l’Autorité palestinienne, à la demande pressante d’Israël, au cours de la même année, Mohamed Deif continue toutefois à diriger ses opérations depuis sa geôle. Libéré - ou en fuite selon différentes sources - en 2001, il reprend ses activités, forme certains de ses hommes aux explosifs et envoie de nombreux candidats aux attentats-suicides sur le territoire israélien. Visé par une tentative de liquidation, il tutoie la mort après un tir d’hélicoptère, qui le blesse à la tête.

En 2002, il devient le commandant suprême des Brigades Ezzedine al-Qassam, après l’annonce de la mort de son prédécesseur Salah Chéhadé, tué dans un raid israélien. Il est lui-même à nouveau visé par des attaques ciblées de l'État hébreu, notamment en 2002, 2003 et 2006. Il aurait été grièvement blessé lors de cette dernière tentative, une paraplégie est évoquée par les responsables israéliens mais cette information n’a jamais été confirmée par le Hamas.

Toujours est-il, que Mohamed Deif semble prendre alors du recul, peut-être pour se remettre de ses blessures, et confie les Brigades à son adjoint Ahmad Jaabari. Mais la mort de ce dernier en 2012, à la suite d’un raid israélien, le pousse à reprendre du service et à se préparer à la prochaine confrontation avec Tsahal. Plus que jamais, Mohamed Deif reste la cible numéro un de l’État hébreu.

 

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