"La menace d’attentats s’est aggravée" en Europe
La création d’un Etat islamique sur une partie de la Syrie et d’Irak, la présence au sein des groupes de djihadistes de 2 à 3000 ressortissants européens et les frappes américaines aggravent très clairement la menace d’attentats en Europe, estime le Belge Gilles de Kerchove.
- Publié le 22-08-2014 à 09h23
- Mis à jour le 22-08-2014 à 09h37
La création d’un Etat islamique sur une partie de la Syrie et d’Irak, la présence au sein des groupes de djihadistes de 2 à 3000 ressortissants européens et les frappes américaines aggravent très clairement la menace d’attentats en Europe, estime le Belge Gilles de Kerchove, coordinateur de l’UE pour la lutte anti-terroriste.
Pour lui et pour d’autres experts, l’assassinat du journaliste américain James Foley est le premier signe visible de la volonté de l’État islamique (EI) d’internationaliser son combat et de punir les Occidentaux, et en premier lieu les Etats-Unis, pour avoir lancé des frappes aériennes. Car selon lui, on ignore encore si Nemmouche, auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles, a agi seul ou sur instruction de l’État islamique.
"La décapitation de ce journaliste américain a été faite par un Britannique", dit-il. "Ces gens-là ont atteint un niveau de tolérance à la violence extrêmement élevé. Je ne crois pas que quelqu’un qui soit d’une violence sans nom là-bas sera un mouton ici".
"Je suis très préoccupé. Il y a une aggravation de la menace" d’attentats en Europe, ajoute-t-il.
Le même message a été lancé à Londres par Richard Barrett, ancien responsable des opérations antiterroristes du MI5 britannique. Une intervention militaire occidentale accentue, selon lui la menace sur les Occidentaux. "Si l’Etat islamique se retire de Mossoul, en conséquence des frappes aériennes, ils ne vont pas disparaître, ils seront toujours là", souligne à Huffingtonpost l’expert aujourd’hui reconverti dans la consultance pour les gouvernements.. "Leur justification sera : s’il n’y avait pas eu les frappes, cela aurait été bien, nous aurions pu établir notre califat. Pourquoi vous êtes-vous mêlés de nous ? Alors nous allons nous occuper de vous".
Contrairement au président Obama, qui a pris le risque d’une intervention en Irak limitée mais indéfinie dans le temps, le Premier ministre britannique David Cameron a refusé tout engagement militaire de son pays.
Entre 2 et 3000 Européens sont dans la zone syrio-irakienne, tandis que la première demande de rançon parvenue à la famille du journaliste américain ainsi qu’à son employeur, GlobalPost, était libellée en euros (cent millions) et non en dollars comme habituellement au Moyen-Orient.
La menace est claire pour Gilles de Kerchove, mais celui-ci se veut aussi rassurant. Depuis un an, les mesures de sécurité et l’échange de renseignement entre pays européens s’est amélioré. Des efforts ont été faits au niveau des systèmes d’Europol, d’Interpol et du Système d’information Schengen (SIS). À l’initiative de Joëlle Milquet, ex-ministre de l’Intérieur, neuf pays européens collaborent plus étroitement.
L’affaire Nemmouche a montré certaines failles, puisque l’homme avait été repéré par la police allemande des frontières à Francfort et signalé uniquement à la France. "Tout cela est en train d’être serré. Le dispositif est beaucoup plus important", assure M. de Kerchove.