Les actes antisémites ont été quasiment multipliés par deux en France, sur les sept premiers mois de l'année 2014, a annoncé le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 septembre.
Cinq cent vingt-sept actes (actions ou menaces) antisémites ont été enregistrés entre le 1er janvier et le 31 juillet 2014, contre 276 sur les sept premiers mois de 2013, soit une augmentation de 91 % précise le CRIF dans un communiqué, citant des chiffres établis par le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) à partir de données émanant du ministère de l'intérieur.
Bernard Cazeneuve, le ministre de l'intérieur, a confirmé vendredi au Monde cette hausse « significative » :
« Les actes antisémites sont en augmentation significative depuis le début de l'année. Nous l'avons constaté avec les représentants de la communauté juive, avec qui nous sommes en dialogue constant. Le gouvernement est déterminé à lutter résolument contre ces petites haines qui rongent la République de l'intérieur. Dès le mois de mai, j'ai décidé le renforcement de la protection de tous les lieux de culte.
Pour qu'aucun acte raciste ou antisémite ne demeure impuni, j'ai demandé en juillet aux préfets de recourir systématiquement à l'article 40, qui leur permet de signaler à la justice tout acte de cette nature qui serait porté à leur connaissance et qui n'aurait pas fait l'objet d'un dépôt de plainte. Nous avons déjà actionné ce levier récemment à plusieurs reprises, pour des faits antisémites relevés à Marseille et à Toulouse par exemple, mais aussi concernant des actes islamophobes à Poitiers. »
Dans un communiqué distinct mis en ligne sur sa page Facebook, le SPCJ, organisme communautaire filtrant l'accès des synagogues notamment, précise que les actions antisémites (violences, attentats ou tentatives d'attentats, incendies, dégradations et vandalisme) ont crû davantage (+ 126 %) que les menaces (propos, gestes, tracts, courriers, inscriptions…, en hausse de 79 %).
AFFAIRE DIEUDONNÉ, GAZA…
« Ces actes, par leur importance et surtout par leur violence, aggravent le malaise grandissant qui oppresse chaque jour les juifs de France et obère désormais leur avenir », commente le CRIF, qui ajoute :
« Plus inquiétante encore (…) est l'apparition de nouvelles formes de violences : les attaques en bande organisée de lieux communautaires, les agressions planifiées et ciblées de synagogues, les actes de vandalisme des commerces juifs et enfin les attentats terroristes. »
Le SPCJ relève deux « pics importants » d'actes ou de menaces antisémites cette année. Le premier au mois de janvier après l'affaire Dieudonné, et lors de la manifestation Jour de colère, organisée par une coalition de mouvements opposés au gouvernement, le 26 janvier à Paris, et au cours de laquelle des slogans antisémites, racistes et homophobes avaient été scandés dans le cortège.
Le second pic a été relevé en juillet avec des incidents survenus près de synagogues en marge de manifestations pro-Gaza à Sarcelles (Val-d'Oise) et rue de la Roquette à Paris en particulier.
« DÉRIVE VIOLENTE DE NOTRE SOCIÉTÉ »
Dans son communiqué, le CRIF « demande aux pouvoirs publics de renforcer les moyens dévolus à la protection des biens et des personnes, notamment à l'occasion de la célébration du Nouvel An juif », du 24 au 26 septembre, « et de prendre des mesures préventives ».
« L'antisémitisme n'est pas le résultat d'affrontements communautaires. Il est la traduction d'une dérive violente de notre société dont les juifs sont les premières victimes. S'en prendre aux juifs, c'est agresser l'ensemble de la société française », a estimé le président du CRIF, Roger Cukierman.
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