Elio Di Rupo s’inquiète d’un nouveau fiasco en Irak
Elio Di Rupo, a voulu souligner que la fusillade au Musée juif de Bruxelles "est relié aux événements qui bouleversent le monde en ce moment" : "en Syrie, en Irak, mais aussi dans des pays comme l’Algérie, [où] des terroristes assassinent chaque jour des innocents". A New York, le récit de l'envoyé spécial de La Libre Belgique.
- Publié le 26-09-2014 à 20h57
- Mis à jour le 28-09-2014 à 09h05
En entamant son intervention, vendredi soir, devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, par le rappel des noms des quatre personnes assassinées, le 24 mai dernier, au Musée juif de Bruxelles, le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a voulu souligner que "cet acte abject […] est relié aux événements qui bouleversent le monde en ce moment" : "en Syrie, en Irak, mais aussi dans des pays comme l’Algérie, [où] des terroristes assassinent chaque jour des innocents" .
"La Syrie et l’Irak nous inquiètent tout particulièrement , a insisté sans surprise M. Di Rupo. Là-bas, des populations sans défense, des femmes et des enfants, sont victimes de massacres, de persécutions, de destructions et du vol de tous leurs biens. Tout cela parce que [ces gens] appartiennent à des cultures, y compris musulmanes, qui ne conviennent pas aux terroristes. Pourtant, aucune religion et certainement pas l’islam ne dit qu’il faut tuer ceux qui pensent différemment."
Une garantie supplémentaire
C’est pourquoi la Belgique entend contrecarrer les filières jihadistes en empêchant "le recrutement, la formation et le transport de [ses] ressortissants tentés de rejoindre les groupes terroristes", conformément aux injonctions de la résolution votée à l’unanimité, mercredi, par le Conseil de sécurité de l’Onu. Elle entend aussi participer résolument aux opérations militaires entreprises, sous la direction des Etats-Unis, contre le soi-disant "Etat islamique" en Irak.
Alors que les Américains fondent la légalité de leurs frappes aériennes en Syrie sur le fait que l’Irak est attaqué par un agresseur qui opère depuis ce pays (en application de l’article 51 de la Charte des Nations unies sur le droit à la légitime défense), "la Belgique voudrait obtenir une garantie supplémentaire sous la forme d’une résolution du Conseil de sécurité autorisant le recours à la force en Syrie", avait expliqué plus tôt dans la journée Elio Di Rupo à la presse belge à New York. Dans l’intervalle, il justifie la volonté de notre pays de limiter son engagement au territoire irakien en estimant qu’il est déjà très utile ainsi. "Ce n’est pas avec quatre de nos six F16 en Irak et deux en Syrie que cela changerait quelque chose. La coalition sait très bien s’organiser."
L’échec cuisant de Bush
A la tribune de l’Onu, le Premier ministre s’est plu, au demeurant, a répéter que "les actions militaires ne suffisent pas". "Je ne peux pas m’empêcher de penser que le désastre humain auquel nous assistons est aussi la conséquence d’un échec cuisant. Celui des responsables politiques qui ont privilégié les solutions militaires , la prétendue guerre préventive", a martelé M. Di Rupo, en rappelant que la Belgique avait, à l’époque, refusé de prendre part à l’expédition punitive de George W. Bush contre Saddam Hussein et ses hypothétiques armes de destruction massive. Et de déplorer : "Comment ne pas voir que les frustrations et les humiliations ont encore renforcé le radicalisme ?"
Le chef du gouvernement belge a dès lors insisté pour qu’on "investisse durablement dans des actions civile s". "Le renforcement de l’Etat de droit et l’amélioration des conditions de vie constituent la meilleure prévention des crises", a-t-il indiqué.
Un problème plus vaste
Elio Di Rupo a par ailleurs tenu à replacer la problématique dans un contexte plus large. "Trop d’êtres humains connaissent encore aujourd’hui l’extrême pauvreté, n’ont pas un accès assuré à l’eau ni aux services de santé de base, et souffrent de malnutrition. Qui peut croire que ces populations s’y résigneront ? Et ne serait-ce d’ailleurs pas un scandale de plus si elles devaient s’y résigner ?"
"La fraternité humaine n’est pas une utopie", a conclu le Premier ministre en donnant en exemple la Belgique, modèle de société multiculturelle et tolérante, fondée sur le compromis et la solidarité. "Nous devons transcender les frontières pour nouer de nouvelles coopérations, réduire les inégalités, faire naître de nouveaux espoirs" , a-t-il lancé.
Voir aussi sur lalibre.be : "L’Onu et ses velléités de réformer le droit de veto", ainsi que l’intégralité du discours du Premier ministre à l’Onu.