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La conférence pour la reconstruction de la bande de Gaza, et après ?

Les promesses d’aide internationale restent suspendues à la mise en œuvre de l’accord Fatah-Hamas et aux initiatives diplomatiques de Mahmoud Abbas.

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Publié le 15 octobre 2014 à 18h52, modifié le 19 août 2019 à 14h34

Temps de Lecture 5 min.

Un convoi de matériaux de construction entre à Gaza, le 14 octobre.

Deux jours après les promesses faites, au Caire, par la communauté internationale de financer la reconstruction de la bande de Gaza à hauteur de 2,7 milliards de dollars, un premier convoi de matériaux de construction est entré, mardi 14 octobre, dans l’enclave palestinienne. L’initiative, qualifiée de « pilote » par les autorités israéliennes, a accompagné la visite du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dans la bande de Gaza, dévastée par cinquante jours de guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens.

Trois ans seront nécessaires pour venir à bout du chantier, gigantesque, de la reconstruction, si tout se passe bien. « L’après-conférence sera le véritable test pour évaluer le sérieux du Hamas et d’Israël dans le respect des mécanismes mis en place », a estimé Khaled Abdel Shafi, directeur de la division des opérations pour les pays arabes du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Israël s’est engagé auprès de l’ONU et de l’Autorité palestinienne à accroître le volume d’importations de matériaux de construction dans la bande de Gaza. Selon le mécanisme provisoire proposé par le coordinateur spécial de l’ONU pour le Proche-Orient, Robert Serry, les agences onusiennes superviseront l’utilisation de ces matériaux pour garantir qu’ils ne seront pas détournés à des fins militaires.

Liste noire américaine

Le Hamas s’est, pour sa part, engagé à laisser un contrôle total du processus de reconstruction au gouvernement d’union nationale, formé en juin, et à permettre le déploiement des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne aux frontières de l’enclave. Il exige en retour le paiement des salaires de ses 40 000 fonctionnaires, conformément aux engagements pris lors de la signature de l’accord de réconciliation en avril avec le Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas. Les banques palestiniennes ont, depuis, refusé de transférer les fonds débloqués à cette fin par le Qatar, pointant le risque, qu’elles encourent, d’être placées sur la liste noire du Trésor américain en finançant le Hamas, considéré comme organisation terroriste par les Etats-Unis. « Un arrangement a été trouvé pour le versement par une tierce partie d’aides sociales aux fonctionnaires civils, par le biais des Nations unies », a indiqué le vice-premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa. Ce financement provisoire doit être versé pendant quelques mois à 26 000 fonctionnaires civils.

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Cet arrangement pourrait être insuffisant pour garantir le retour progressif de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, d’où elle avait été chassée lors de la prise de pouvoir du Hamas en 2007. « Aucune solution n’est offerte pour les forces de sécurité du Hamas or, celui-ci a clairement exigé qu’ils soient payés et intégrés. Sans cela, le Hamas mettra des bâtons dans les roues du gouvernement d’union », estime le politologue palestinien, Moukhaïmer Abou Saada. Ce que refuse l’Autorité palestinienne. Au lendemain de la tenue du premier conseil des ministres à Gaza-ville, le 9 octobre, qui a été vu comme un signe encourageant sur le chemin de la réconciliation, le Hamas laissait déjà entendre qu’aucun accord n’avait été trouvé sur le déploiement des personnels douaniers de l’Autorité aux points de passage d’Erez et de Kerem Shalom, ainsi que sur celui de la garde présidentielle aux frontières.

 

Ces mécanismes devraient être encadrés par un accord de cessez-le-feu permanent entre Israël et les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza. Le 26 août, au Caire, les délégations israélienne et palestinienne unifiée s’étaient entendues sur un accord provisoire pour mettre fin aux hostilités, reportant à une date ultérieure les négociations sur un accord permanent. Côté palestinien, l’exigence formulée est la levée totale du blocus sur le passage des biens et des personnes, imposé par Israël et l’Egypte à la bande de Gaza depuis 2007. Israël, qui conditionne cette levée au contrôle de Gaza par l’Autorité palestinienne et au désarmement du Hamas, s’est seulement engagé à quelques allègements. Peu avant la conférence au Caire, le 12 octobre, l’Etat hébreu a donné son accord à l’exportation de quelques produits agricoles depuis Gaza vers la Cisjordanie. La reprise des négociations pour un accord permanent était prévue pour la fin des fêtes musulmanes et juives mais, alors que la fête juive de Soukkot, se termine le 15 octobre, aucune date n’a encore été fixée.

Calendrier des priorités bouleversé

Le calendrier des priorités a été bouleversé par l’initiative, annoncée en septembre par le président Mahmoud Abbas, de soumettre un projet de résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour obtenir la reconnaissance d’un Etat palestinien. Après le nouvel échec des négociations de paix bilatérales, sous égide américaine, en avril, M. Abbas souhaite s’extraire du cadre imposé depuis les accords d’Oslo de 1993. Il exhorte la communauté internationale à imposer le retrait d’Israël des territoires occupés d’ici à 2016 et à déployer une force de protection internationale dans les territoires palestiniens.

« L’initiative de paix arabe peut être une base, mais les Etats-Unis doivent garder un rôle moteur »

De nombreux acteurs internationaux plaident également pour un changement de méthode mais beaucoup jugent le plan d’Abbas trop ambitieux et l’abandon de la solution négociée avec Israël prématuré. « Il faut un changement de méthode, un effort collectif pour fixer des paramètres et une base crédible pour les négociations. L’initiative de paix arabe [lancée en 2002 par l’Arabie saoudite] peut être une base, mais les Etats-Unis doivent garder un rôle moteur », plaide un diplomate français.

Dans les coulisses de la conférence du Caire, le 12 octobre, des responsables occidentaux – dont le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius- ont tenté de gagner le président Abbas à l’idée d’organiser une conférence internationale pour la paix, prenant pour base l’initiative de paix arabe de 2002. La crainte est grande que le chef d’Etat palestinien aille provoquer un véto américain au Conseil de sécurité des Nations unies dans les semaines à venir, au risque de briser la dynamique en cours pour une relance des pourparlers de paix. John Kerry aurait convaincu M. Abbas de ne pas prendre d’initiative en ce sens avant la tenue des élections de mi-mandat américaines, le 4 novembre.

Devant le Parlement britannique, le 13 octobre.

De leur côté, les diplomates israéliens s’activent pour convaincre les Etats membres du Conseil de sécurité de ne pas soutenir le projet de résolution d’Abbas. Sept des quinze membres, parmi lesquels la Russie, ont déjà apporté leur soutien à l’initiative d’Abbas. Un nombre insuffisant, mais le vote du Parlement britannique, bien que symbolique, constitue une source d’inquiétude supplémentaire pour Israël. La France reste, pour sa part, encore acquise à l’idée d’une solution négociée. Mais, devant le Parlement, mardi, Laurent Fabius a prévenu : « Si les négociations se révélaient impossibles ou ne parvenaient à aucune conclusion, la France devra naturellement assumer ses responsabilités. »

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