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Le nouvel antisémitisme à Bruxelles : les yeux grands fermés

Bruxelles. Thierry Charlier/AP

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Chaque semaine, Alain Destexhe analyse, pour FigaroVox, l'actualité vue de Belgique. Il s'interroge ici sur la progression de l'antisémitisme et la montée de l'islamisme radical dans la capitale du plat pays.


Alain Destexhe est sénateur belge. Ex-Secrétaire Général de Médecins Sans Frontières et ex Président de l'International Crisis Group, il est, entre autres, l'auteur de «Le Mouvement flamand expliqué aux francophones» et «Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac». Lire également ses chroniques sur son blog.


Récemment, je fus pris à partie par un panel de journalistes sur une chaîne de télévision. Le chef d'accusation: une tendance à dénoncer les actes antisémites et pas «l'islamophobie». Or, peser au trébuchet les premiers et la seconde et renvoyer dos-à-dos leurs auteurs serait, selon eux, une question de crédibilité, ces actes étant «tout aussi ignobles».

En soi, c'est indiscutable. Mais la réalité que notre souci d'équivalence finit par dissimuler, c'est que les juifs, à Bruxelles, ne vivent plus en paix. L'antisémitisme y est une réalité de plus en plus visible. Dans certains quartiers, «sale juif» est devenu une insulte banale, presque générique.

Si un musulman peut vivre, et c'est la moindre des choses, en toute sécurité dans les 19 communes de la capitale belge, ce n'est pas toujours le cas d'un juif s'il est identifié comme tel. La forme moderne du ghetto juif, ce n'est plus la concentration dans un lieu mais l'exclusion de fait, en silence, des juifs de certains quartiers et écoles!

La kippa a quant à elle disparu des rues, tandis que les écoles juives déménagent. La première des libertés, celle d'aller et venir et de s'habiller selon son désir n'est plus assurée pour les juifs.

Les actes antisémites, concrets, précis, identifiables, les menaces physiques qui pèsent sur les juifs ne sont donc en rien comparables à la défiance qui s'exprime vis à vis de l'Islam, défiance réelle mais heureusement symbolique. Chez les juifs, la terreur est physique. .

Les quelques synagogues, écoles et lieux de mémoire juifs doivent être surveillés par la police. Les deux centres communautaires juifs de Bruxelles sont protégés par des plots en béton qui interdisent le parking de véhicules, des caméras et comportent un sas d'entrée … comme dans une prison. En revanche, les populaires prédicateurs musulmans extrémistes ne sont pas inquiétés. Dans deux semaines, la Foire musulmane de Bruxelles accueillera comme orateur-vedette un prédicateur koweïtien qui en appelle à l'éradication d'Israël. La liberté prévaut.

Le 21 juillet dernier, jour de la fête nationale, la Grande synagogue de Bruxelles n'a pu être ouverte au public, comme elle l'est traditionnellement ce jour-là, la sécurité n'étant pas garantie. Le crime glaçant de Mehdi Nemmouche, le tueur français de Bruxelles, au musée juif est encore dans tous les esprits.

Les actes antisémites, concrets, précis, identifiables, les menaces physiques qui pèsent sur les juifs ne sont donc en rien comparables à la défiance qui s'exprime vis à vis de l'Islam, défiance réelle mais heureusement symbolique. Chez les juifs, la terreur est physique.

Ce n'est pas une tendance de dénoncer les actes antisémites, c'est accepter de voir qu'ils se multiplient. Et c'est reconnaître une vérité tragique: les juifs de Bruxelles sont les cibles prioritaires des islamistes radicaux.

Le nouvel antisémitisme à Bruxelles : les yeux grands fermés

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