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Polémique autour d'un livre sur les médecins des camps nazis

Michel Cymes soutient que l'université de Strasbourg a encore dans ses murs des restes de victimes juives du nazisme, ce que réfute catégoriquement l'institution.

Le Monde.fr avec AFP

Publié le 28 janvier 2015 à 19h01, modifié le 29 janvier 2015 à 11h09

Temps de Lecture 2 min.

La polémique autour d'un ouvrage consacré aux médecins des camps de concentration nazis ne désenfle pas. Mise en cause dans le livre du chroniqueur médical Michel Cymes, qui l'accuse de posséder encore dans ses murs des restes de victimes juives du nazisme, l'université de Strasbourg a catégoriquement réfuté ces accusations, mercredi 28 janvier, évoquant des « rumeurs ».

Dans Hippocrate aux enfers, Michel Cymes soutient que l'institution universitaire abriterait encore aujourd'hui des coupes anatomiques provenant de certaines des quatre-vingt-six victimes juives du médecin nazi August Hirt, qui officiait durant l'Occupation à l'institut d'anatomie de Strasbourg.

Les corps ont quitté l'institut en septembre 1945, a rappelé l'université. Après la découverte d'une partie de ces restes en décembre 1944, ceux-ci ont été « enterrés au cimetière juif de Cronenbourg, à l'endroit où fut apposée il y a quelques années la stèle qui porte le nom des quatre-vingt-six victimes, a-t-elle souligné. Depuis septembre 1945, il n'y a donc plus aucune de ces parties de corps à l'institut d'anatomie et à l'université de Strasbourg ».

UN MÉDECIN CITÉ SE DIT TRAHI

Dans son livre, Michel Cymes s'appuie sur les propos d'un médecin strasbourgeois, le psychiatre Georges Federmann, président du cercle Menachem Taffel, qui œuvre pour la mémoire des quatre-vingt-six victimes juives déportées à Auschwitz et gazées au camp alsacien du Natzwiller-Struthof, et dont les corps furent transférés à l'institut d'anatomie.

Interrogé par Michel Cymes sur l'existence de ces restes, le docteur Federmann aurait évoqué un creux axillaire, une main et la coupe transversale d'une tête conservés dans des bocaux. Mais le médecin, qui n'est pas cité directement dans le livre, estime avoir été « trahi » par l'auteur dans la retranscription de ses propos.

Contacté mercredi par l'Agence France-presse à sa société de production parisienne, l'animateur n'était pas joignable dans l'immédiat. Dans un courrier adressé au docteur Federmann, il avait déclaré :

« Au lieu de m'accuser de déformer l'histoire, il serait plus judicieux de se battre contre ceux qui essaient de l'étouffer [...] Mon livre fait plus pour le devoir de mémoire que des dizaines d'autres passés inaperçus. »

Affirmer qu'auraient subsisté ou pourraient subsister des restes de victimes juives à l'université ou à l'institut, comme l'affirme Michel Cymes, est « faux et archi-faux », selon le président de l'université de Strasbourg, Alain Beretz. « C'est faux depuis 1945 ! », a protesté ce dernier, qualifiant de « rumeurs » des faits « avancés sans preuve ».

« UN LIVRE QUI CHERCHE PLUTÔT À FAIRE SENSATION »

Après la découverte des restes de ces victimes, deux médecins légistes strasbourgeois, le professeur Fourcade et le docteur Simonin, ont fait une expertise médico-légale de ces pièces avant qu'elles soient enterrées.

Selon Christian Bonah, professeur d'histoire de la médecine à l'université de Strasbourg, l'ouvrage de Michel Cymes est « un livre qui cherche plutôt à faire sensation ». L'auteur « est très fidèle aux faits, mais [se réfère] à des travaux anciens. Tout est dans le flou », a estimé l'historien, qui renvoie aux récents travaux de Raphaël Toledano, auteur d'une thèse, lauréate du prix de la Fondation Auschwitz et d'un documentaire sur la question.

Michel Cymes sera vendredi à Strasbourg pour présenter son livre, a indiqué sa maison d'édition. Le docteur Federmann entend profiter de l'occasion pour inviter l'auteur à débattre de son ouvrage.

Le Monde.fr avec AFP

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