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Asnières : des collaborateurs du maire UMP accusés d'antisémitisme

Manuel Aeschlimann, maire UMP d'Asnières MARTIN BUREAU/AFP

LE SCAN POLITIQUE - Le député Sébastien Pietrasanta exige des sanctions contre une adjointe au maire et un employé de la mairie UMP. Ces derniers avaient aussi travaillé pour la mairie PS lors de la précédente mandature.

La vie politique ne semble ne jamais connaître de répit à Asnières, dans les Hauts-de-Seine. Un nouvel épisode se joue dans la bataille que se livrent de longue date l'actuel maire UMP Manuel Aeschlimann et son prédécesseur, le député PS Sébastien Pietrasanta. Ce dernier a adressé lundi un courrier au ministère de l'Intérieur pour l'alerter de débordements antisémites sur les réseaux sociaux imputables selon lui à des membres de l'équipe municipale actuelle, présentés comme des «militants radicaux». Dans son collimateur, l'adjointe en charge de la politique de la Ville Nissa Bouhedid ainsi que le responsable du service concertation Farid Djellad. Le socialiste a par ailleurs adressé ce mercredi un courrier à la majorité municipale pour la sommer «de tirer les conséquences politiques et judiciaires» dans cette affaire, également soulevée par le Lab.

Une lettre adressée à Cazeneuve

Bardé de captures d'écran en pièce jointe, le courrier adressé à Bernard Cazeneuve appelle le ministre à prendre «les dispositions nécessaires» au vu de «la virulence de propos» tenus, selon Sébastien Pietrasanta, par ces deux représentants du Mouvement Citoyen Indépendant (MCI), une petite formation locale créée à l'occasion des dernières municipales et immédiatement dissoute. Ces photos montrent des propos tenus sur les comptes Facebook du MCI, de Nissa Bouhedid ou encore d'un certain «Harmageddoun Armagedon», identifié par Sébastien Pietrasanta comme le compte anonyme de Farid Djellad. Dans différents messages, ces comptes affirment effectivement que «la France est la première des colonies juives», d'autres messages tendent à relativiser la Shoah ou encore appellent les Français à se libérer du «joug des juifs». Plusieurs captures d'écran montrent des échanges entre le compte de Manuel Aeschlimann et celui d'«Harmageddoun».

Extrait de l'un des message incriminés, relayés par le compte du Mouvement Citoyen Indépendant

Une capture d'écran prise supposément sur le compte de l'adjointe au maire UMP montre encore qu'elle aurait relayé un message intitulé «la quenelle d'or», qui juge notamment que «voter à gauche, c'est voter pour Israël». Contactée par le Scan Nissa Bouhedid nie en bloc et annonce vouloir porter plainte en diffamation «contre tous ceux qui portent ces accusations». L'adjointe se dit victime d'une machination et parle de «montages grossiers» au sujet des messages incriminés. Concernant la «quenelle d'or», elle affirme «ne pas se souvenir». Pourtant interrogée plus tôt par l'Express , elle reconnaissait «avoir pu diffuser ce message sans l'avoir lu». Contacté par l'Express , Farid Djellad, prétend aussi avoir été piraté et compte lui aussi porter plainte.

Extrait de l'un des message incriminés, relayés par le compte de Nissa Bouhedid

Des propos effacés

La difficulté de l'affaire réside dans le fait que les comptes Facebook concernés ont été récemment fermés et les messages effacés. Une disparition intervenue dans les heures qui ont suivi l'évocation des fameux propos sur le blog d'info locale Asnières 100% Désintox (tenu par des proches de l'ancienne majorité PS). Une situation qui permet à Farid Djellad et Nissa Bouhedid de nier en bloc et crier au montage. Interrogé par le Scan, Manuel Aeschlimann estime qu'il s'agit d'un règlement de compte entre les deux cadres et l'ancien maire socialiste avec lequel ils avaient collaboré. «Ces personnes sont bien implantées dans les hauts d'Asnières (les quartiers populaires, ndlr) Pietrasanta à longtemps utilisé Farid Djellad pour toucher la communauté musulmane», explique le maire. «Et puis ils ont tourné casaque», en faveur de la majorité actuelle, commente encore l'édile.

L'un des message incriminés, relayés par le compte que Farid Djellad reconnaît avoir animé

Tout le monde porte plainte

Farid Djellad a bien été conseiller municipal adjoint de Sébastien Pietrasanta, et Nissa Bouhedid reconnaît elle avoir apporté son soutien. Des relations qui se sont dégradées en janvier 2014 lorsque Farid Djellad a été identifié comme auteur du compte «Harmageddoun Armagedon», raconte le député. «Il n'y avait pas de signe précurseur de radicalisation. Il y avait un discours pour la Palestine, antisioniste mais pas antisémite», ajoute-t-il auprès du Scan. Un discours précieux pour atteindre une certaine frange des citoyens des quartiers populaires d'Asnières, et dont les équipes PS comme UMP n'ont visiblement pas pu se passer. «Les dernières élections se sont beaucoup jouées sur l'adhésion de la communauté musulmane», relève Sébastien Pietrasanta.

Quant au maire d'Asnières, il s'en remet à son tour à la justice. Il nie tout accord officiel passé avec le MCI. Confronté aux propos incriminés, il en reconnaît la gravité et promet des sanctions exemplaires s'ils sont avérés. Il admet par ailleurs un problème de banalisation des propos antisémites, «un problème qui existe à Asnières comme il existe ailleurs». Selon lui, Sébastien Pietrasanta essaie de se venger après les révélations sur l'emploi d'un complice présumé d'Amedy Coulibalypar la mairie d'Asnières sous sa mandature. L'information a effectivement été publiée par le Point le jour de la diffusion des propos par le blog Asnières 100% Désintox. «Je vais sans doute intenter une action pour dénonciation calomnieuse», prévient-il.

Asnières : des collaborateurs du maire UMP accusés d'antisémitisme

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25 commentaires
  • LMDO

    le

    A voir : http://youtu.be/lFO_rUJ-irw