Touchez pas au nazi !

Rudi Vervoort, en comparant des juifs innocents et des terroristes condamnés, mercredi dans les colonnes du quotidien "l’Echo", est manifestement tombé dans le piège du "point Godwin". Il n’est pas le premier. Exemples.

Stéphane Tassin
Touchez pas au nazi !
©Photonews et Reporters

Lorsqu’une discussion a tendance à rapidement s’envenimer, il n’est jamais très loin le moment où l’un des interlocuteurs finit par traiter son vis-à-vis de "nazi" ou se permet de faire une comparaison douteuse avec l’holocauste. 
On appelle cela le "point Godwin", du nom de cet avocat américain qui a constaté en suivant les réseaux sociaux que "plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1" . Dans l’histoire récente, les hommes et femmes politiques belges ont parfois pêché dans cette même direction. Rudi Vervoort, en comparant des juifs innocents et des terroristes condamnés, mercredi dans les colonnes du quotidien "l’Echo", est manifestement tombé dans le piège. Il n’est pas le premier, gageons qu’il ne sera pas le dernier. C’est très souvent lors de moments de crises que les dérapages ont tendance à fleurir. D’ailleurs que penser de cette réaction de Richard Miller (MR) aux propos de Rudi Vervoort ? Le philosophe libéral a précisé jeudi dans "Le soir" que "dans national-socialisme, il y a socialisme".

1. Olivier Maingain. En 2010, dans une interview octroyée à "La Libre", le président du FDF, faisant référence aux bourgmestres non-nommés de la périphérie, se risquait à une comparaison osée : "Ce sont des pratiques - j’ose l’expression qui est très forte - dignes de l’Occupation allemande. C’est comme sous l’Occupation lorsqu’on désignait des bourgmestres parce qu’ils étaient les alliés de l’occupant ! C’est une comparaison forte mais c’est visiblement l’état d’esprit de la N-VA et c’est insupportable."

2. Philippe Moureaux. Début 2014, le sniper socialiste s’est lui aussi fendu d’une comparaison qui n’a laissé personne indifférent. C’était dans les colonnes de "l’Echo" et du "Tijd". "Je vais faire une comparaison qu’il faut prendre avec des pincettes : n’oubliez pas que le national-socialisme a été soutenu par la majorité des grandes entreprises allemandes à l’époque. Dans les périodes de crise, dans les périodes difficiles, le patronat inintelligent a souvent tendance à chercher des valeurs fortes, des valeurs de droite." Le même Moureaux avait, en 2012, comparé les méthodes journalistiques de la RTBF, suite à un reportage du magazine "Questions à La une" consacré à l’islam, à celles utilisées par les nazis et plus particulièrement par le propagandiste du régime, Joseph Goebbels.

3. Laurette Onkelinx. En 2006, Denis Ducarme (MR) propose de procéder à un recensement des imams dans le but d’éviter la prolifération d’un islam radical. Laurette Onkelinx (PS), qui était à l’époque ministre en charge des cultes aurait regretté en commission de la justice de la Chambre que Denis Ducarme "veuille épingler une étoile jaune sur ces imams".

4. José Happart. Le 16 octobre 2005, sur RTL-TVi, à l’occasion des 25 ans du Parlement wallon, le président de l’assemblée José Happart (PS), faisant référence aux affaires carolos qui secouaient son parti, compare le climat politique qui prévaut alors en Wallonie à celui qui exista dans l’Allemagne de 1933.

5. Claude Eerdekens. "Le Soir" du 8 avril 2010 rapportait les propos de Claude Eerdekens (PS), l’ancien ministre et bourgmestre d’Andenne s’exprimait à propos de l’écologie. "C’est aussi au nom de l’écologie qu’Hitler va prendre un des premiers décrets nazis, qui consiste à interdire aux juifs d’aller dans les forêts en raison de leur impureté." Il précisera quand même que l’écologie politique et le nazisme sont deux choses différentes.

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