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Bas-Rhin : Sarre-Union estomaquée après la profanation d'un cimetière juif

FREDERICK FLORIN/AFP

VIDÉO - Le grand rabbin de Strasbourg suggère que les tombes de la ville soient placées sous vidéosurveillance pour éviter de nouvelles profanations. François Hollande devrait se rendre sur place mardi.

De notre envoyée spéciale à Sarre-Union

«On s'attaque aux tombes en même temps qu'aux communautés juives en France et en Europe. On pensait qu'en s'attaquant aux vivants, on ne penserait pas à s'en prendre aux morts», s'insurge le grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, René Gutman, après la profanation de quelques 250 tombes sur les 400 que compte le cimetière juif de Sarre-Union. Un cimetière situé à l'écart de cette commune de 3000 habitants, aux confins de l'Alsace et de la Moselle, sur les bords de la Sarre. C'est sans doute la plus grande profanation qu'ait connu la France depuis de nombreuses années.

Dimanche soir, le grand rabbin s'est rendu sur place où il a été accueilli par le préfet Stéphane Bouillon. «J'ai ressenti un grand sentiment de désolation devant ces dizaines de tombes dégradées, ces stèles renversées», confie René Gutman, en rappelant les précédents de 1988 et 2001, dans ce même cimetière, où à chaque fois une cinquantaine de tombes avaient été profanées. «On a rarement trouvé des solutions pour mettre fin à ces profanations, même quand on a attrapé les coupables», relève encore le grand rabbin, en suggérant «le recours à la vidéosurveillance publique, comme à Strasbourg».

«Nous ne pouvons considérer cela comme un simple fait divers»

«Cela m'inspire beaucoup de dégoût d'avoir la lâcheté de s'attaquer à des pierres tombales», se révolte Pierre Lévy, délégué du Crif-Alsace, en se disant «inquiet de ces profanations dans un contexte général d'intolérance qui se répand en Europe, avec les attentats à Toulouse, Bruxelles, Paris, Copenhague, et avec une flambée des actes antisémites». Pierre Lévy -qui participe au comité interreligieux suscité en Alsace par le conseil régional, après les profanations des années 2000 - devait se rendre sur place lundi en fin de matinée, avec Abdelhaq Nabaoui, vice-président du Conseil du culte musulman d'Alsace. Pour lui, «on cherche à déstabiliser la République». «Les autorités font ce qu'il faut. Mais il faut que nos concitoyens réagissent, quelles que soient leurs origines et leurs appartenances religieuses», ajoute-t-il.

«Non seulement un tel acte est immoral et odieux mais il prend un relief tout particulier ici en terre concordataire. J'en appelle à un réveil salutaire de toutes les consciences républicaines. Nous ne pouvons considérer cela comme un simple fait divers, c'est une agression contre les valeurs de tolérance et de fraternité», affirme Patrick Hetzel, député UMP de la circonscription, en espérant qu'on retrouvera rapidement les auteurs. Pour le président du conseil régional, Philippe Richert (UMP), «profondément choqué» par ce qu'il a vu dimanche soir, «il ne peut s'agir de l'acte d'un individu isolé, mais c'est quelque chose qui a été organisé». Dimanche, les enquêteurs étaient à pied d'œuvre pour tenter de retrouver des éléments pouvant confondre les auteurs de ces profanations. Il n'y a ni inscriptions, ni tags.

Bas-Rhin : Sarre-Union estomaquée après la profanation d'un cimetière juif

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