Le premier ministre d'Israël, Benyamin Nétanyahou, est arrivé dimanche 1er mars à Washington, où doit s'exprimer, lundi, devant le Comité américain pour les affaires publiques israéliennes (American Israel Public Affairs Committee, Aipac), principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis. A l'invitation des républicains, M. Nétanyahou doit également s'exprimer devant le Congrès américain mardi, ce qui a provoqué une vive polémique avec la Maison Blanche.
M. Nétanyahou est convaincu qu'un accord avec Téhéran n'empêchera pas l'Iran de se doter de l'arme atomique. Son objectif est donc de torpiller les négociations en cours sur le nucléaire iranien, alors qu'un certain nombre d'élus américains, qui ne croient également pas dans ces négociations, cherchent à faire voter de nouvelles sanctions contre l'Iran.
« Les chances de faire capoter l'accord dépendent de la possibilité de convaincre les deux tiers du Congrès [de voter des sanctions]. Avec cette majorité, le Congrès » passerait « outre un veto du président Barack Obama », résolument hostile à cette démarche car il estime que de telles sanctions nuiront à la voie diplomatique, écrit le quotidien israélien de droite Maariv.
Mais « quand ce stratagème a été éventé, le nombre d'élus du Congrès qui (…) ont renoncé à soutenir ce procédé contre leur président a augmenté, et les chances de réussite [du projet de Nétanyahou] ont diminué », estime le journal.
« DISCOURS DE SA VIE » OU EFFORTS « INFRUCTUEUX » ?
Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale des Etats-Unis, a condamné dans des termes exceptionnellement forts une initiative « destructrice pour les bases mêmes des relations américano-israéliennes » sur la chaîne publique PBS. Alors que le journal israélien libéral Haaretz a estimé qu'il s'agissait pour M. Nétanyahou du « discours de sa vie », des commentateurs israéliens et des responsables américains ont souligné qu'il risquait de lui faire perdre le soutien bipartisan des élus américains, à deux semaines d'élections au cours desquelles le premier ministre brigue un troisième mandat. Plusieurs parlementaires démocrates ont déjà annoncé qu'ils boycotteraient son allocution.
Furieuse de cette visite organisée dans son dos entre le premier ministre d'Israël et le républicain John Boehner, la présidence américaine a exclu toute rencontre. Et Joe Biden, vice-président des Etats-Unis, qui assiste traditionnellement aux discours de dirigeants étrangers, sera absent en raison d'un déplacement à l'étranger opportunément organisé au même moment. John Kerry, secrétaire d'Etat des Etats-Unis, sera aussi hors du pays.
A l'approche de la date butoir pour le volet politique de l'accord sur le nucléaire, fixée au 31 mars, Mohammad Javad Zarif, ministre des affaires étrangères de l'Iran, a affirmé que les efforts de Benyamin Nétanyahou pour empêcher un accord seraient « infructueux ».
ALERTER SUR L'IRAN
Le premier ministre d'Israël a passé le plus clair de sa carrière à tirer la sonnette d'alarme sur le nucléaire iranien. En 1996, lors de son premier mandat, il avait déjà délivré un discours au Congrès, affirmant que si l'Iran, « le plus dangereux » des régimes, venait « à obtenir des armes atomiques, cela présagerait de conséquences catastrophiques (…) pour l'humanité tout entière ».
M. Nétanyahou a affirmé mercredi que le discours devant le Congrès relevait de son « devoir » vis-à-vis d'Israël. « Je respecte la Maison Blanche et le président américain, mais (…) l'accord qui se prépare nous donne des raisons de nous inquiéter, les puissances mondiales ont apparemment trouvé un terrain d'entente avec l'Iran, moi non », a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis ont présenté vendredi « les bases fondamentales » d'un éventuel accord, à un mois de la date butoir pour sceller un règlement définitif et avant de nouveaux pourparlers entre l'Iran et le groupe des « 5 + 1 » (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies — Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie — plus l'Allemagne) en Suisse jeudi. L'accord vise à garantir la nature uniquement civile et pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales asphyxiant l'économie de ce pays.
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