Le discours de Netanyahou agace Washington et divise Israël

"Rien de neuf !" selon Barack Obama, "un discours bien maîtrisé" d'après les analystes politiques israéliens... Les réactions ont été mitigées après le discours du Premier ministre Benjamin Netanyahou sur le nucléaire iranien, mardi 3 mars à Washington, où il a averti qu’un accord avec Téhéran n’empêcherait pas la République islamique d’acquérir la bombe atomique.

"Le Premier ministre n'a pas proposé d'alternatives viables", a estimé le président des États-Unis. De son côté, Nancy Pelosi, qui dirige le groupe démocrate à la Chambre des représentants, a dénoncé un discours qui était "une insulte à l'intelligence des États-Unis" et était empreint de "condescendance quant à notre degré de connaissance de la menace posée par l'Iran".

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À Téhéran, justement, la porte-parole de la diplomatie iranienne Marzieh Afkham a dénoncé, dans un communiqué publié par l'agence officielle Irna, "les mensonges continus de Netanyahou, devenus répétitifs et ennuyeux, sur les objectifs et les intentions du programme nucléaire pacifique de l'Iran". Le discours du Premier ministre israélien "est un signe de faiblesse et de l'isolement extrême des radicaux, même au sein de ceux qui soutiennent" Israël, a-t-elle estimé.

Sur CNN, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a affirmé que Netanyahou tentait de créer de la tension et du conflit pour éviter que les négociations sur le nucléaire iranien aboutissent.

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"Netanyahou reste seul, Israël est isolé"

En Israël, les analystes politiques ont, quant à eux, parlé d'un discours maîtrisé, bien que rien de nouveau n'ait été annoncé. Pour les détracteurs de "Bibi", surnom du Premier ministre, c'est la recherche de ce genre de moment prestigieux qui a été sa véritable motivation pour aller à Washington. Les responsables de son parti, le Likoud (droite), démentent.

"Une presse israélienne très divisée"

"Ce discours nous a beaucoup aidés", assure Yoni Yanai, un habitant de Tel Aviv, attablé dans un café. Le Premier ministre a bien expliqué, dit-il, qu'un accord entre l'Iran et les grandes puissances n'empêchera pas Téhéran de développer l'arme nucléaire. Et il a soutenu aux élus américains qu'il fallait "une solution différente, un accord différent".

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Plus loin, un autre client, Karni Mazali, s'est montré en désaccord, exprimant son inquiétude pour les relations entre Israël et les États-Unis. "Je pense que le discours de Bibi ne peut pas aider les relations entre Obama et Israël, il ne peut que faire des dégâts", a-t-il estimé.

Sentiment partagé par le chef de file de l'Union sioniste Isaac Herzog, principal adversaire de Netanyahou lors des élections législatives du 17 mars. "Soyons honnête, le discours que nous avons entendu était impressionnant, mais aussi impressionnant qu'il ait été, il n'arrêtera pas le programme nucléaire iranien et n'influencera pas non plus l'accord en gestation, ni dans son contenu, ni dans son calendrier", a-t-il déclaré lors d'une visite à une communauté agricole à la frontière avec la bande de Gaza.

"La triste vérité, c'est qu'après les applaudissements, Netanyahou reste seul, Israël est isolé et les négociations avec l'Iran continueront sans implication israélienne", a-t-il ajouté.

Avec AFP et Reuters