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Sur l'Iran, le divorce Obama-Nétanyahou est consommé

Benyamin Nétanyahou a lancé un vibrant appel au Congrès, mardi, à Washington, pour bloquer le «mauvais accord» sur le nucléaire iranien. Susan Walsh/AP

Furieux après l'affront du premier ministre israélien, le président des États-Unis maintient le cap des négociations sur le nucléaire iranien.

De notre correspondante à Washington

«Du théâtre!... Rien de nouveau», a lancé sèchement Barack Obama, après le discours de Benyamin Nétanyahou au Congrès. Ces mots d'un président généralement flegmatique, même dans les moments de grande tension, traduisaient la colère qui règne à la Maison-Blanche au lendemain de la «leçon de fermeté» administrée publiquement par le premier ministre israélien à l'Administration américaine. Obama a fait savoir qu'il n'avait pas regardé le discours, mais avait pris connaissance du compte rendu. «Ils sont furieux», a résumé après l'adresse le correspondant de CNN à la Maison-Blanche, Jim Acosta.

Mardi, Nétanyahou avait lancé un vibrant appel au Congrès pour dénoncer le «mauvais accord» sur le nucléaire iranien que la présidence Obama s'efforce d'arracher à Téhéran d'ici à la fin mars. Son discours passionné, qui a dépeint la démarche du pouvoir exécutif américain comme naïve et susceptible de mener au «cauchemar nucléaire» au lieu d'empêcher l'Iran d'avoir la bombe, a provoqué des tonnerres d'applaudissements au Capitole. Mais il a immédiatement suscité une contre-attaque de la présidence, qui n'a pas apprécié de voir l'allié israélien venir lui donner des cours de non-prolifération nucléaire.

Le discours du premier ministre israélien ne présente «aucune alternative viable», a noté Obama, soulignant les dangers d'un échec des négociations qui laisserait l'Iran libre de reprendre ses activités secrètes de construction de la bombe. «Nous n'avons pas encore d'accord, a-t-il poursuivi, mais si nous réussissons, ce sera le meilleur accord possible avec l'Iran pour l'empêcher de se doter d'une arme nucléaire.» «L'objectif n'est pas d'obtenir n'importe quel accord, mais le bon accord, capable de passer un examen par la communauté internationale», a assuré John Kerry depuis Genève où il négociait avec son homologue iranien.

« Je suis attristée par l'insulte proférée contre l'intelligence des États-Unis et attristée par la condescendance à l'encontre de nos connaissances sur la menace posée par l'Iran »

Nancy Pelosi, chef de file des démocrates à la Chambre des représentants

«Nous n'avons pas de leçons à recevoir» de Nétanyahou en matière de lutte contre la non-prolifération nucléaire, a renchéri la patronne de la minorité démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, expliquant avoir été «au bord des larmes» pendant tout le discours. «En tant que personne qui chérit la relation américano-israélienne, je suis attristée par l'insulte proférée contre l'intelligence des États-Unis et attristée par la condescendance à l'encontre de nos connaissances sur la menace posée par l'Iran», a-t-elle noté.

Ces tensions sans précédent entre l'équipe Obama et Nétanyahou révèlent un désaccord de fond sur l'Iran. L'Amérique veut empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire, mais estime impossible de faire renoncer totalement ce pays à ses infrastructures atomiques. Nétanyahou défend une position maximaliste, au motif que l'Iran, pays sponsor du terrorisme et puissance agressive en Irak, Syrie, Yémen et Liban, ne peut être crue sur parole. Washington table sur dix à quinze ans d'interdiction et des inspections soutenues parce que son espoir est que le régime iranien s'effondrera d'ici là, ouvrant la voie à une donne géopolitique plus favorable.

Toute la question est maintenant de savoir à quel point l'intervention de Nétanyahou peut compliquer l'audacieux coup de poker d'Obama, note David Sanger dans le New York Times, comparant sa démarche à celle de Nixon avec la Chine. «La marge de manœuvre du président reste grande», selon le chercheur Michael Doran, du Hudson Institute, «car il peut user des pouvoirs du Trésor» pour lever certaines sanctions sans passer par le Congrès. Mais les élus peuvent le mettre en difficulté.

Signe de la bataille qui s'annonce, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, entend faire voter prochainement une loi exigeant du président qu'il soumette tout accord avec l'Iran au Congrès, et limitant sa capacité à annuler les sanctions à soixante jours. Le législatif disposerait alors de deux mois pour bloquer un éventuel accord. Obama est fermement opposé à l'idée de demander un aval du Congrès et se prépare activement à l'usage possible de son droit de veto.

Sur l'Iran, le divorce Obama-Nétanyahou est consommé

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41 commentaires
  • CH-1001

    le

    BN n'a plus de crédibilité. En Suise où nous sommes aussi nombreux ou presque qu'en Israel, nous avons capitulé sur le secret bancaire, il fallait tourner la page, être plus inventifs et regagner la confiance de nos partenaires politiques. Le sujet du secret bancaire n'était pas seulement affaire de sous, mais de culture, de dignité, d'histoire. Il n'était là nullement question de sécurité ni de paix dans le monde, mais de paix et d'honnêteté. Nous avons finalement cédé. Les USA doivent faire comprendre à BN que quelques millions d'habitants ne peuvent faire la loi dans cette région du monde, pas plus que les Lobbys dont les américains devraient réviser l'influence. Les enjeux internationaux sont plus importants que les frissons d'Israël qui n'aurait plus rien à se mettre sous la dent en cas d'accord, ce soir à Lausanne.

  • CIVIS

    le

    ce ne sont pas necessaires peu de jours ou meme un an pour avoir la bombe,meme si c'est dans 10 ans le futur est effrayant pour nous tous qui vivons sur la Mediterranée

  • Allegra Fausto

    le

    Netanyahu n'est que le Ministre d'un État du Moyen Orient de seulement huit millions d'habitants. Il ne fait pas le poids face au Président des États Unis.

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