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Israël : la démonstration de force des anti-Nétanyahou avant les législatives

JACK GUEZ/AFP

Des dizaines de milliers de personne ont réclamé samedi soir à Tel Aviv «le changement» à 10 jours des élections anticipées.

De notre envoyé spécial à Tel Aviv

Plusieurs dizaines de milliers d'Israéliens se sont rassemblés samedi soir sur la place Yitzhak Rabin, en plein centre de Tel Aviv, pour réclamer le «changement» à la tête du pays. Il s'agit de la manifestation la plus importante depuis le début de la campagne en vue des élections législatives anticipées du 17 mars. L'ONG «Un million de mains», impliquée dans son organisation, espère ainsi mobiliser l'électorat de gauche et accentuer la légère avance qu'affiche Isaac Herzog, le principal adversaire de Benyamin Nétanyahou. Les responsables du Likoud ont aussitôt relativisé l'importance de l'événement, tandis que plusieurs organisations proches des colons de Cisjordanie ont annoncé leur intention d'organiser, samedi prochain, un meeting au même endroit.

Debout à une centaine de mètres du large podium qui a été installé pour l'occasion, Noa, 24 ans, est venue clamer avec sa mère son envie de renouveau. «Ce premier ministre ne me représente pas, dit cette étudiante en psychologie inscrite à l'université de Beersheva, qui compte voter pour le parti d'extrême gauche Meretz. Sur le plan économique, Nétanyahou n'a rien fait pour freiner la hausse des loyers, si bien que toute ma génération est terrifiée à l'idée de ne pas pouvoir se loger convenablement. Et puis il y a le conflit avec les Palestiniens, que la droite laisse s'envenimer depuis trop longtemps alors qu'il faudrait prendre des décisions courageuses…»

Tel Aviv, samedi soir. JACK GUEZ/AFP

Nitza Dekel, 76 ans, veut croire que l'alternance est «enfin» à portée de main. Cette agricultrice, venue avec son mari du moshav (coopérative) Bnei Atarot, rêve de ramener le parti travailliste au pouvoir après quatre décennies d'hégémonie presque ininterrompue du Likoud. «On a tendance à l'oublier, mais ce sont les travaillistes qui ont construit ce pays avant que le droite ne fasse main basse sur non institutions», souligne-t-elle. La dernière fois qu'elle a participé à un rassemblement politique, c'était ici même, le 4 novembre 1995, jour de l'assassinat d'Yitzhak Rabin. «Cette soirée-là a balayé tous mes espoirs et je me suis par la suite complètement détournée du débat public, dit-elle. Mais après tout ce temps, il me semble que l'heure est venue de pousser pour le changement.»

Il est temps que la droite soit balayée

Lior Kalmar, 36 ans, manager dans une entreprise de nouvelles technologies

«Bibi est une catastrophe pour Israël, renchérit Lior Kalmar, 36 ans, manager dans une entreprise de nouvelles technologies. Bien que je gagne un salaire tout à fait convenable, je sais que je n'aurai jamais les moyens de m'acheter un appartement à Tel Aviv car le gouvernement assiste, passif, à l'envolée des prix. Il est temps que la droite soit balayée et qu'on cesse d'investir des fortunes dans les colonies de Cisjordanie pour s'atteler enfin aux vrais problèmes d'Israël.»

Sur scène, l'ex-directeur du Mossad, Meir Dagan, multiplie les piques contre Benyamin Nétanyahou et brocarde ses tentatives de se poser en seul garant de la sécurité d'Israël. «Oui, Israël est entouré d'ennemis, martèle-t-il, mais ce ne sont pas ces ennemis qui nous font peur. Ce qui m'inquiète, ce sont les hésitations et les impasses (…) Car nous avons un dirigeant qui ne conduit qu'une seule bataille: celle pour sa survie politique. Au nom de cette guerre, il nous entraîne lentement vers un Etat binational et vers la fin du rêve sioniste.» Dans la foule, flottent des drapeaux israéliens et des ballons aux couleurs du Meretz.

A dix jours du scrutin, la liste de centre gauche emmenée par Isaac Herzog dispose selon les sondages d'une légère avance sur celle du Likoud. Mais la plupart des petits partis centristes et religieux dont le soutien sera nécessaire à la formation d'une coalition semblent plutôt enclins à s'allier au Likoud. Dans ce contexte très indécis, la plupart des commentateurs n'excluent pas que Benyamin Nétanyahou parvienne, in extremis, à se maintenir au pouvoir. A moins que les électeurs ne contraignent les deux grands blocs à former un gouvernement d'union nationale.

Israël : la démonstration de force des anti-Nétanyahou avant les législatives

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36 commentaires
  • Poquelin

    le

    Ceux qui aiment Israël devraient souhaiter le départ de Nétanyahou. Ce politicien est très bon pour former des coalitions mais ne s'intéresse pas aux intérêts de son pays.

  • LHinfo

    le

    Juste pour ceux qui n'avait pas compris que Netanyahou était en campagne et qu'il était en ballotage dans son propre pays...

  • tany

    le

    J'adore, dans les pays démocratiques, où le vote est libre, l'existence de ces groupes qui veulent faire pression sur les électeurs. Malheureusement ces faits se produisent dans tous les pays démocratiques du fait de groupuscules qui représentent rien dans les urnes mais qui savent brailler et attirer le journaliste lambda.

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