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ISRAËL

Le travailliste Herzog peut-il pousser Netanyahou vers la sortie ?

Selon les sondages de sortie des urnes, le Likoud (droite) et le centre-gauche d'Isaac Herzog sont au coude-à-coude. Il faudra encore attendre avant de savoir si ce nouveau venu à la personnalité très lisse passera des seconds au premier rôle.

Isaac Herzog se réjouit du score obtenu par la liste de centre-gauche, le 17 mars à Tel Aviv
Isaac Herzog se réjouit du score obtenu par la liste de centre-gauche, le 17 mars à Tel Aviv Thomas Coex, AFP
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À la fermeture des bureaux de vote en Israël, mardi 17 mars, les sondages de sortie des urnes des chaînes de télévision israéliennes donnaient un écart trop faible pour savoir si le travailliste Isaac Herzog pouvait encore remporter son pari de déboulonner le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou.

Faire le portrait de Isaac Herzog s'annonce comme une gageure tant le parcours de ce quinquagénaire manque d'étincelles. Avocat dans un cabinet florissant qu'il a hérité de son père, Haïm Herzog (un ancien président de l'État d'Israël tout de même), Isaac Herzog n'est pas non plus un "ténor" du barreau. S'il peut se prévaloir d'une carrière militaire méritante - il a quitté l’armée avec un grade d'officier (major) obtenu dans une unité de renseignement -, il n'a rien d'un héros de Tsahal, encore moins d'un James Bond. Il a plutôt le profil d'un analyste à la tête bien faite.

L'anti-Netanyahou

En réalité, son portrait en creux aurait tout de l'anti-Netanyahou. Herzog n’est pas une "grande gueule". Là où le Premier ministre sortant s'évertuait à cliver, le chef du parti travailliste mettait au contraire un soin particulier à se poser en rassembleur, évitant les attaques personnelles contre son adversaire ou les formules à l'emporte-pièce. Il fallait bien savoir rester stoïque, lorsque par exemple un spot télévisé du Likoud montrait la gauche israélienne en complice de l'organisation de l'État islamique !

Ceux qui le connaissent s'accordent sur quelques qualificatifs : intelligent, posé, réfléchi, bien élevé. "Techno", car il a occupé des postes de ministre techniques et celui de secrétaire du gouvernement d'Ehoud Barak. Habile, voire un peu froid en public, même s'il peut se montrer chaleureux en tête-à-tête. Son manque évident de charisme n'aura finalement pas été un obstacle, tant on l'a dit, sa victoire doit être davantage vue comme la défaite de Netanyahou que comme une véritable adhésion à la personalité de Herzog.

Au début de la campagne, Herzog, plutôt passe-muraille, ne crève pas l’écran. Il est de surcroît d'assez petite taille. Ces choses-là comptent, en particulier à la télévision. Le soutien de Tzipi Livni, passée de la droite au centre puis au centre-gauche, lui a été utile pour décoller, mais a fini par devenir un handicap dans l'opinion. Le jeune homme de bonne famille n'allait-il pas être dévoré par cette figure internationalement connue de la politique israélienne, devenue la Némésis de Netanyahou, mais dont les zig-zags politiques finissaient par ne plus inspirer confiance ?

Quintessence de l'aristocratie

Au moins Herzog ne prétend-il pas être autre chose que ce qu'il est : la quintessence de l'aristocratie ashkénaze israélienne, petit-fils d'un grand rabbin d'Irlande (le pays d'origine de la famille), puis d'Israël. Fils d'un ancien président, frère d'un général, et même neveu par alliance de l'ancien ministre des Affaires étrangères Abba Ebban, une légende travailliste, resté célèbre comme auteur du premier plan de paix avec les Palestiniens.

Il possède bien sûr l’aisance matérielle qui va avec. Ajoutez à cela une mère originaire d'Égypte, un petit supplément "oriental" utile pour tendre la main à ces juifs séfarades qui constituent le cœur des laissés-pour-compte du "miracle économique".

On dit souvent que Benjamin Netanyahou aurait pu faire une grande carrière politique américaine au sein du parti républicain. On trouverait plutôt des profils comme ceux d'Isaac Herzog dans les partis sociaux-démocrates d'Europe du Nord. Du reste, il a clairement positionné le parti travailliste au centre de l'échiquier israélien, un peu à la manière d'un Tony Blair.

Avec toutefois un programme fortement imprégné de social, domaine dans lequel il s'est particulièrement investi à la Knesset. Ainsi Herzog propose-t-il un plan de 7 milliards de shekels (1,7 milliard d'euros) pour combattre la pénurie de logements sociaux. La crise du logement, préoccupation principale des électeurs dans un pays qui connaît un quasi plein emploi, aura joué un rôle décisif dans cette victoire.

Rétablir la confiance

Par contraste, Herzog a évité de se lancer dans des déclarations sur le conflit avec les Palestiniens. Mais il a promis, s'il devient premier ministre, de rapidement rétablir la confiance avec Mahmoud Abbas et surtout avec la communauté internationale. En particulier avec Obama, que Netanyahou a excédé avec son discours au Congrès dans le dos du président américain.

Herzog qui a, jusqu'ici été l'homme des missions de l'ombre ou des dossiers techniques, ne sait pas encore s'il sera en mesure de constituer une coalition sous son nom. Le Likoud et l'Union sioniste ne représentent chacun qu'un cinquième de la future assemblée legislative. L'attitude des deux partis du centre (un autre cinquième) sera déterminante. Montreront-ils une préférence pour l'un ou l'autre des principaux leaders, ou pousseront-ils, comme le président de l'État Reuven Rivlin, pour la constitution d'un gouvernement d'union nationale ? Cette dernière hypothèse semblait tenir la corde en début de soirée. Les tractations s'annoncent longues et compliquées.

Le vote des électeurs, et le système proportionnel ne permet pas, semble-t-il, de trancher clairement la question et la société israélienne reste heurtée par les inégalités, très impatiente et morcelée, à l'image de sa représentation politique. Elle n'a voulu donner de chèque en blanc à personne.

 

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