Les Juifs de Belgique, ceux qui partent, ceux qui restent
A l’occasion du premier anniversaire de l’attentat au Musée juif, "La Libre" est allée à la rencontre de deux familles juives belges. L’une a émigré en Israël, l’autre est demeurée en Belgique. Reportage et portrait.
- Publié le 23-05-2015 à 05h46
- Mis à jour le 26-05-2015 à 17h09
A l’occasion du premier anniversaire de l’attentat au Musée juif, "La Libre" est allée à la rencontre de deux familles juives belges. L’une a émigré en Israël, l’autre est demeurée en Belgique.
Bella et Rino, une "aliyah" pour protéger les enfants et aller aux racines de leur identité juive
L’été dernier, Bella et Rino se sont installés au nord de TelAviv avec leurs quatre enfants, poussés par la "pression" des menaces antisémites et par la volonté de trouver un cadre de vie "serein". REPORTAGE.
Le drapeau israélien ne tient plus que par un coin à la lamelle du volet. L’autre bout de papier collant a cédé sous la vague de chaleur qui a fondu sur Israël à la mi-mai. Bella et Rino l’avaient accroché quelques jours plus tôt à la façade de leur maison pour célébrer leur nouvelle patrie commune, à l’occasion de la fête de l’indépendance (14 mai). Lui est Belge, né au Congo, elle est Israélienne mais a vécu depuis ses sept ans à Bruxelles. L’été dernier, ce couple d’entrepreneurs (qui souhaite taire son patronyme), la quarantaine, s’est installé avec ses quatre enfants (de 8 à 20 ans) dans ce quartier résidentiel coquet et tranquille de Raanana, au nord-est de Tel Aviv, où de belles villas côtoient de petits immeubles parmi des palmiers alanguis.
Cette ville de 80 000 habitants, située à une demi-heure de route à peine de l’agitation de la capitale économique, attire par milliers les émigrants américains, européens et sud-africains. De nombreuses sociétés internationales y ont implanté leur siège, profitant du dynamisme insufflé par les start-up locales et l’Université ouverte - la seule d’Israël à ne pas imposer de test à l’entrée. Raanana, comme le résume Bella, c’est un peu le "Waterloo israélien". Le cadre de vie parfait pour cette famille résidant jusqu’alors dans ladite cité belge et qui a voulu échapper à la stigmatisation liée à leur identité juive, au "mal-être" qu’elle ressentait.
"L’essentiel, pour nous, était de protéger nos enfants, qu’ils puissent grandir dans un climat serein, se promener librement, se sentir aimé", explique Rino, qui relate des agressions et insultes antisémites subies par ses enfants en Belgique. "Le malaise est encore plus grand quand on vit comme tout le monde. Nous n’avons pas de signes extérieurs, nous vivons notre judaïsme de l’intérieur", précise-t-il, via Skype, depuis la Belgique, où il fait des sauts réguliers pour gérer leur société.
Si les autorités belges ont pris des mesures après l’attentat contre le Musée juif à Bruxelles il y a tout juste un an, Rino avoue s’être "senti seul". Le drame a retenti comme une confirmation du sentiment qui l’étreignait : "La pression est là". La décision ferme d’émigrer en Israël, Bella et Rino l’avait prise quatre mois auparavant. "Pour rester dans un pays, il faut l’aimer et se sentir aimé. Et j’ai senti ce sentiment disparaître, un certain péril", dit-il, non sans exprimer une "grande tristesse" de quitter la Belgique.
Le droit au "retour"
Chaque année, plusieurs centaines de Belges font leur aliyah, littéralement leur "ascension", en Israël. L’ambassade belge dans le pays renseigne 578 inscriptions pour l’an dernier, une centaine de plus que les années précédentes (mais le chiffre inclut aussi les nouvelles naissances). Selon l’Agence juive, qui facilite les démarches pour tous les candidats "olim" (émigrants), le nombre de juifs à exercer leur droit d’immigrer en Israël - garanti par la "loi du retour" (votée en 1950) - est en nette augmentation ces dernières années.
Les attaques antisémites et les peurs qu’elles génèrent, les convictions religieuses ou idéologiques (le sionisme), mais aussi l’envie d’y faire des affaires, de rejoindre des proches ou de retrouver ses racines constituent autant de justifications à cet exil très particulier, qui se fait en un foyer, celui du peuple juif. A son arrivée, la carte d’identité israélienne attend l’immigrant, ainsi qu’un parrain qui l’assiste dans ses démarches administratives, des cours d’hébreu intensifs durant six mois (grâce au système d’apprentissage de l’oulpan), une aide financière à l’installation et divers autres avantages et réductions.
Pour Rino, cette aliyah est aussi une concrétisation d’une démarche personnelle de redécouverte de sa judéité. Un jour à l’école, il est frappé et traité de "sale juif". Outre le coup qui le laisse par terre, Rino se dit "sonné". Le gamin de 14 ans se jure alors de se lancer dans la quête de ses racines. "Il fallait que je comprenne pourquoi c’était arrivé", dit-il. C’est le début d’un long cheminement qui l’a conduit à émigrer il y a neuf mois. Sa famille, dont il souligne le "profond ancrage" dans la société belge et qu’il dit peu portée sur les traditions juives, comprend mal ce choix et est toujours réticente à venir les visiter. "Il va falloir que j’insiste encore beaucoup", sourit-il.
Car, Israël c’est aussi le conflit avec les Palestiniens, au sein d’un Moyen-Orient déchiré. "Entre les deux maux, j’ai choisi celui qui me paraissait le moindre", admet Rino. "Le danger est là. Mais dans le quotidien, à l’intérieur, on vit protégé", assure-t-il.
Le choc culturel est rude
Pour la sérénité tant caressée, Bella et Rino ont dû patienter un peu. En août 2014, quand ils débarquent, c’est la guerre à Gaza, entre Israël et les groupes armés palestiniens. "Nous avons d’abord vécu un peu à Tel Aviv, où il y avait des alertes presque tous les jours. Nous devions descendre aux abris, attendre les deux boums (des missiles d’interception, ndlr). Puis, tout était normal, les rues étaient noires de monde, les gens allaient à la plage. Mais je n’ai jamais eu le sentiment de mettre la vie de mes enfants en danger", raconte Bella. Paradoxalement, dit-elle, les enfants ont gagné en liberté. "Je leur permets plus de choses qu’en Belgique : se rendre seuls à l’école, ou chez les voisins du quartier", observe Bella.
Mais ce sentiment de liberté, de tranquillité, à un coût. Celui de l’intégration. L’alphabet, la langue, la culture, la mentalité, les émigrants sont confrontés à un monde de différences. Le choc culturel est rude. A 16 ans, Elie l’a pris de plein fouet. Le fils de Bella et Rino se rappelle avoir été "très choqué" par la décision parentale d’aller vivre en Israël, même si la perspective était discutée de longue date à la maison. "C’était très dur de penser qu’il fallait quitter la Belgique, l’annoncer aux amis". Le jeune homme, bronzé et les cheveux ras, raconte la barrière de la langue "quand on ne parle pas encore très bien", la difficulté d’aller vers les enfants israéliens "qui restent de leur côté" à l’école, ses moments de découragement où il pense "tout laisser tomber". Ses mots pèsent des tonnes.
Heureusement, il y a l’aide la famille, pour les devoirs, les classes regroupant les nouveaux émigrants, le temps additionnel pour répondre aux interros. Après avoir envisagé les scouts locaux, il a opté pour les entraînements sportifs que l’armée organise dans son quartier. Tsahal, où il devra servir trois ans dès ses 18 ans, et où il compte bien s’impliquer. Et parfaire son intégration.
Une mentalité d’urgence
"C’est dur pour les émigrants. Beaucoup repartent", confirme Sally, une Belge de 38 ans qui vit dans le quartier du vieux port de Tel Aviv. Émigrée en Israël il y a quatre ans, après y avoir travaillé un an comme "lectrice" de français, elle avoue qu’il "faut se battre sur tout". Elle qui avait "envie de voir ailleurs ce qui s’y passe à l’heure de la mondialisation", et pourquoi pas au pays de ses origines, elle a été servie.
Le plus gros défi consiste, dit-elle, à s’adapter à la mentalité locale. "Tout va vite. Il y a une mentalité d’urgence. On est engagé très vite, on est viré très vite". Sally sait de quoi elle parle. Après avoir décroché un poste commercial dans une boîte active dans l’Internet, elle a vu son contrat s’arrêter au début du mois dernier. Depuis, elle dit profiter de ce "congé" inattendu. D’autant plus que les congés légaux sont bien moins nombreux qu’en Belgique, que les salaires sont bien moins élevés à poste égal. Mais, dit-elle, ce qu’elle a perdu sur le plan salarial, elle l’a gagné sur le plan relationnel : "Ma vie sociale me convient en Israël. C’est facile de rencontrer des gens. Mais il vaut mieux bien connaître l’hébreu".
Sally évoque ce "stress permanent", omniprésent. "On ne sait jamais de quoi le lendemain sera fait, si le pays ne sera pas détruit. Les gens sont sur le qui-vive. Et puis, tout le monde fait l’armée, donc ils ont l’habitude de réagir au quart de tour", estime Sally. "Il faut toujours s’énerver un peu, parler sur le même ton" pour se faire entendre et respecter.
"Les gens sont agressifs, nerveux, mais ils sont très gentils", complète Blanche, une autre Belge qui habite Tel Aviv. "Il y a une solidarité entre les gens, qu’on a redécouverte avec la guerre (l’été dernier à Gaza, ndlr). Dans le quotidien, les gens râlent, crient, mais là, nous étions tous ensemble".
Le "temps de partir"
Depuis vingt ans qu’elle a émigré en Israël, Blanche dit éprouver cet "inégalable sentiment de se sentir chez nous", que ceux qui ne font pas partie d’une minorité "ne peuvent pas comprendre". A 68 ans, cette Anversoise habite aujourd’hui un appartement cossu regorgeant de livres et d’objets d’art dans un quartier calme et aux immeubles vieillots du centre de Tel Aviv, non loin du Palais de la culture. Elle dit s’être sentie "à la maison" dès sa sortie de l’avion. C’était en 1992. "Le fait que tout le monde est juif rassure. Et puis, sans doute aussi le fait qu’une armée nous défend. On se sent libéré". Cette Anversoise a fait son aliyah en 1992, avec son mari Sandor et son fils Nimrod. Comme pour Bella et Rino, afin que son fils ne subisse plus d’insultes antisémites.
Quand, à dix ans, celui-ci s’est pris à en proférer lui-même, pour donner à penser qu’il faisait partie de la majorité catholique, Blanche a compris qu’il était "temps de partir"… "En Flandre, l’antisémitisme était très répandu dans les années 1950. On devait toujours faire attention", souligne-t-elle. "Après la guerre, les juifs de Flandre avaient décidé de parler français, peut-être parce qu’ils voulaient donner une éducation bourgeoise à leurs enfants, la bourgeoisie flamande parlant le français. Mais quand le nationalisme flamand s’est développé plus tard (dans les années 70, ndlr), nous avons aussi été stigmatisés pour cela"
De l’Etat d’Israël, avec lequel qui elle est née pour ainsi dire, elle aime l’optimisme, le dynamisme et l’audace mais l’influence grandissante des religieux la révulse. Elle n’a jamais regretté son choix de venir y vivre. Elle le dira à sa manière dans un discours qu’elle prononcera lors d’une fête organisée fin mai à l’occasion de sa retraite de l’ambassade de Belgique : "Pour mon premier anniversaire, j’ai reçu un cadeau extraordinaire dont je profite encore aujourd’hui".
"Si je pars, c’est contraint et forcé", dit Jonathan De Lathouwer. "Partir serait un constat d’échec"
Issus d'une ancienne famille juive polonaise, les De Lathouwer se sont installés en Belgique en 1920. Ils n'ont pas l'intention de quitter le pays. PORTRAIT.
Certains partent, mais d’autres restent, et feront tout pour rester. Car la Belgique est leur pays. Parmi ces derniers figure la dynastie des De Lathouwer, une famille bruxelloise qui a joué un rôle fondateur dans la défense de la communauté juive de Belgique, aux côtés de Hertz et Yvonne Jospa ou de David et Simone Susskind.
De Lathouwer ? Un nom pas vraiment juif. Pourtant, René, toujours alerte malgré ses 94 ans, est issu d’une vieille famille juive polonaise qui a fui l’antisémitisme et a échoué un peu par hasard à Bruxelles parce que ni la France ni l’Allemagne ne voulaient, en 1920, de ces émigrés juifs suspectés d’être des communistes cachés.
Fils de tailleur, René aboutit dans le quartier des Marolles où il grandit, ravi de la proximité entre le yiddish de ses parents et "le brusseleir" de ses voisins. Les ateliers de couture fleurissaient dans le quartier. "On nous appelait les Smaus. C’était gentil ", dit-il aujourd’hui dans sa maison typiquement bruxelloise de Forest. "Mais Papa, Smaus, cela veut dire souris en flamand !", intervient son fils Roger, né à Bruxelles à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Jonathan, le petit-fils, se tait. On ne dit plus "Smaus" aujourd’hui à Bruxelles, mais on a entendu "Mort aux juifs" lors d’une manifestation pro-palestinienne à Bruxelles durant l’été 2014.
Les De Lathouwer incarnent une famille qui a grimpé dans l’échelle sociale, s’est littéralement fondue dans la société belge tout en gardant une forte identité juive et laïque.
Un patriarche militant
René s’engagea à 17 ans dans les Brigades internationales en Espagne. Il rejoignit comme résistant le Front de l’indépendance pendant la Seconde Guerre mondiale. "J’ai fait sauter des ponts. Je me sentais tout heureux dans ce pays, la Belgique, et je voulais qu’il soit libre", dit-il. Décoré, naturalisé belge après la guerre, il adopta son nom, bien belge, de résistant masquant ses origines juives. Il fut communiste jusqu’au jour - qu’il appelle "la coupure" - où un militant communiste lui déclara : "Vous êtes des juifs, vous êtes des bourgeois", tandis que son ami Hertz Jospa était convoqué par le parti pour être accusé d’être "un agent sioniste". Administrateur de société pendant vingt-cinq ans (dans la dentisterie), il participa à la création du Centre communautaire laïc juif (CCLJ) et fut rédacteur en chef de la revue "Regards".
Il eut trois fils, dont Roger, qui dirigea une fabrique de valises et qui lui donna un petit-fils, Jonathan, qui est aujourd’hui vice-président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) alors qu’il termine à peine ses études d’ingénieur à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Bref, dans la famille, on est des militants de père en fils.
La Belgique, leur pays
Une partie de la famille s’est installée dans les années cinquante en Israël, mais le trio tient à la Belgique, son pays, ses racines. Il revendique une identité juive, mais un seul pays. " Je suis né en Belgique , dit Roger. Je me sens profondément belge et juif." Roger expérimenta l’antisémitisme dès l’enfance quand il fut roué de coups par quatre élèves de l’école de Forest n°5. "C’est à ce moment-là que mes pa rents me dirent que j’étais juif."
Son fils Jonathan se réclame des identités multiples. "Mon pays, c’est la Belgique , dit-il. Et mon identité juive, je veux la partager avec les autres citoyens de l’humanité."
Prisonniers d’une guerre lointaine
Ces dernières années, pourtant, le vent a tourné. L’antisémitisme s’est banalisé dans les réseaux sociaux. De l’extrême droite à l’extrême gauche, de Dieudonné à certains militants pro-palestiniens, une sorte de front commun s’est constitué. "L’antisémitisme musulman a permis à l’antisémitisme latent de réémerger", assure Roger. Les De Lathouwer estiment qu’ils sont pris dans une nasse idéologique : on les identifie, eux qui sont à gauche, à Israël et à la politique du gouvernement Netanyahou, alors qu’ils sont Belges et opposés à la politique de colonisation. "La moitié du Parlement israélien est contre la politique de colonisation. Pourtant, il reste sioniste. Car le sionisme, c’est le droit d’exister" , continue Roger.
Et quand Elio Di Rupo déclara après les attentats contre "Charlie Hebdo" et le magasin casher de Paris : "Je suis juif, je suis palestinien", ce fut le clou dans le cercueil. L’ancien Premier ministre associait - sans doute involontairement - les juifs de France à la question palestinienne.
La communauté juive en Belgique tourne autour de 25 000 à 30 000 personnes. Une minorité seulement a décidé de partir (250 en Israël, d’autres au Canada et aux Etats-Unis mais ils n’apparaissent pas dans les statistiques). La majorité veulent vivre en Belgique, mais s’inquiètent des dérapages et du climat qui règne dans le pays.
"Ma femme, qui a perdu toute sa famille dans la Shoah, en rêve toutes les nuits" , dit René. "Beaucoup de mes amis partent car ils sentent l’inquiétude de la société , ajoute son petit-fils. Ils voient qu’en une ou deux années, on a pris pour cible une école, une épicerie, une synagogue et un musée juif […] Si je pars, ce sera contraint et forcé. Partir serait un constat d’échec pour tout ce que j’ai fait depuis des années."
Mehdi Nemmouche voulait "mettre Bruxelles à feu et à sang"
Le tueur présumé se tait. Son parcours a été retracé. Mais difficile d’imaginer qu’il n’ait pas eu de complices.
C’était il y a un an : le 24 mai 2014, à la veille des élections, un homme faisait irruption en pleine après-midi au Musée juif de Bruxelles. Les caméras de surveillance montreront un homme déterminé qui, muni de deux sacs, pénètre dans le bâtiment à 15h27. Il tue deux touristes israéliens qui quittent le musée. Il vise une bénévole, qui décède, et le réceptionniste, qui meurt deux semaines plus tard.
L’auteur présumé, Mehdi Nemmouche, est appréhendé une semaine plus tard alors qu’il descend d’un car Eurolines Amsterdam/Bruxelles/Marseille : ce qui apparaît comme une erreur de débutant car les douanes françaises contrôlent quasi systématiquement ce "bus de la drogue". Dans son sac, on retrouve les armes et une courte vidéo où un locuteur dit qu’il "veut mettre Bruxelles à feu et à sang" .
Un an plus tard, Mehdi Nemmouche continue à se murer dans le silence. Avant d’être livré à la Justice belge, il avait dit avoir volé le sac compromettant dans une voiture à Bruxelles.
L’enquête a montré qu’il est parti en Syrie quasiment après avoir été libéré en décembre 2012 d’une prison française. Il a été le geôlier d’otages français en Syrie. Fin février 2014, on retrouve sa trace à Istanbul d’où il s’envole pour la Malaisie. Après un crochet par Singapour et Bangkok, il atterrit à Francfort le 18 mars 2014. L’enquête a montré qu’il louait depuis fin mars 2014 un appartement rue Saint-Joseph à Molenbeek, qu’il a quitté peu avant l’attentat.
Il avait été rejoint à Bruxelles début avril 2014 par Nacer Bendrer, qu’il avait connu en prison. Nemmouche l’avait rencontré fin avril à Marseille. S’agit-il de l’homme qui lui a fourni les armes ? Lors de son arrestation à Marseille, des armes ont bien été retrouvées chez Bendrer qui, extradé vers la Belgique, ne reconnaît pas l’avoir approvisionné et nie avoir eu connaissance des projets de Nemmouche.
Reste le mystérieux homme qui a été vu, sur des images de caméra de surveillance, marchant avec Mehdi Nemmouche boulevard Albert II, avec le fameux sac d’armes, quelques jours après l’attentat. Il n’a pas été appréhendé et n’aurait pas été identifié.
Des zones d’ombre à éclaircir
C’est là une des nombreuses questions qui restent sans réponse. Nemmouche ferait-il partie d’un groupe plus large ? Sur les images des caméras de surveillance du Musée juif et des alentours, on ne le voit pas faire de repérages. Aurait-il agi pour l’Etat islamique ? Son trajet entre la Syrie et l’Europe semble fait pour brouiller les pistes. Comment a-t-il pu payer ses voyages, ses loyers à Molenbeek et les achats d’armes ? Que comptait-il faire à Marseille avec ces armes ? Des sources françaises, non confirmées, ont fait état de projets sur le défilé du 14 juillet à Paris.
Nemmouche se tait. Son avocat, Sébastien Courtoy, répète qu’il nie toute participation. Et les autorités judiciaires se refusent au moindre commentaire.