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Les écoles chrétiennes d’Israël se disent victimes d’étranglement financier

Selon le Bureau des écoles catholiques, qui accueillent essentiellement des Arabes israéliens, les dotations de l’Etat ont chuté de 35 % en quelques années.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 26 mai 2015 à 19h18, modifié le 27 mai 2015 à 17h34

Temps de Lecture 2 min.

Une messe dans l'église de Sainte-Mamilla, à Jérusalem, le 9 mai.

Parents, enseignants, élèves, nonnes, prêtres et évêques : près de 600 personnes se sont réunies, mercredi 27 mai, devant le siège du ministère de l’éducation à Jérusalem, pour une manifestation inédite. Il s’agissait essentiellement de délégations représentant les 47 écoles chrétiennes en Israël. Leur objectif : attirer l’attention du gouvernement sur l’étranglement financier dont ces établissements s’estiment victimes. Le clergé était représenté pour défendre l’autonomie de ces écoles, qui accueillent près de 30 000 jeunes, essentiellement des Arabes israéliens. Parmi eux, 58 % sont chrétiens.

Ces établissements représentent à la fois un symbole d’excellence, par leurs résultats, et de mixité. Leur sort a donc un caractère éminemment politique, alors que la définition législative d’Israël comme Etat juif demeure une priorité pour la droite nationaliste au pouvoir. Selon le Bureau des écoles catholiques, les dotations de l’Etat ont chuté de 35 % en quelques années. Ces établissements, qui jouissent d’un statut particulier – reconnus mais non publics –, ont été contraints d’augmenter les frais de scolarité pour les enfants. Aujourd’hui, ils s’élèvent à environ 4 500 shekels (1 070 euros) par personne et par an, une somme considérable pour les familles modestes. Certaines accusent du retard dans les paiements.

De toute façon, cette diversification des ressources n’est pas suffisante pour les écoles. « On se sent négligé, on nous méprise, résume le Père Fahim Abdel-Masih, le chef du Bureau et directeur d’école lui-même à Ramla. Pourquoi n’y a-t-il pas d’égalité de traitement entre nos enfants, qui ont la carte d’identité israélienne, et les autres ? Pourtant, on enseigne à 125 % les programmes officiels. »

« On perdrait notre identité chrétienne »

Les directeurs des écoles s’étaient déjà mobilisés fin août 2014, publiant une adresse publique aux autorités. Ils avaient menacé d’organiser une journée de grève, le 1er septembre, mais avaient finalement reculé. Le ministère leur avait proposé de se voir, de discuter. « Le directeur général du ministère nous a invités à présenter nos demandes, on s’est rencontré quatre fois, mais au final ça n’a servi à rien », explique Fahim Abdel-Masih. Selon ce dernier, le ministère leur avait suggéré de devenir des établissements publics. Inacceptable pour ces écoles, dont la réussite incontestable est liée à leur autonomie.

En dehors du tronc classique et de l’enseignement religieux, elles insistent sur la pratique des langues étrangères. « On perdrait notre identité chrétienne, s’emporte le Père Fahim. Par exemple, pour la désignation d’un directeur, il y aurait un concours ouvert à n’importe qui, sans respect pour l’esprit de l’institution. On nous a dit également que les municipalités auraient le droit d’organiser les manifestations qu’elles souhaiteraient, dans les locaux et à l’extérieur. Il est impensable pour nous d’être utilisés à d’autres fins que pédagogiques ou religieuses. » Dans ces conditions, les négociations avec le ministère avaient été rompues il y a quelques mois.

Dans une réponse écrite au Monde, le ministère de l’éducation explique qu’aucune obligation ne pèse sur les écoles chrétiennes. Elles se voient offrir un choix : devenir totalement autosuffisantes, conserver leur statut actuel ou bien rejoindre le secteur public, ce qui leur permettrait alors d’obtenir à nouveau un financement à 100 %. « Le ministère reconnaît ces institutions, et les finance jusqu’à 75 % de leur budget, conformément à la loi sur les institutions enregistrées qui ne sont pas officielles », explique-t-on.

Leur intégration éventuelle dans le système des écoles publiques serait accomplie « avec le souci de préserver leurs qualités uniques. » Des propos qui ne rassurent pas l’encadrement pédagogique. L’identité du nouveau ministre de l’éducation ne risque guère de faciliter une sortie de crise. Il s’agit de Naftali Bennett, le leader de la formation d’extrême droite Foyer juif.

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