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Enquête sur des canulars malveillants contre des journalistes

Daniel Schneidermann, Pierre Haski et Denis Sieffert vont être reçus par Bernard Cazeneuve mardi prochain. Ils soupçonnent un hacker franco-israélien d'être à l'origine de canulars les visant.

Daniel Schneidermann, en 2003. MARTIN BUREAU/AFP

Pierre Haski et Daniel Schneidermann auraient tué leur femme. Quant à Denis Sieffert, il aurait tenté de l'égorger. C'est du moins les raisons qui ont conduit les forces de l'ordre, alertées par de faux appels téléphoniques, à rendre une visite nocturne aux domiciles des journalistes. Tous trois ont déposé plainte et vont être reçus par Bernard Cazeneuve le 26 juin.

Une enquête pour usurpation d'identité et dénonciation de crime imaginaire a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne. «J'attends qu'il y ait une prise de position qui soit audible de la part de l'état et du gouvernement. Ce sont des opérations d'intimidation. La liberté d'expression est mise en danger», annonce au Figaro Denis Sieffert, directeur de la rédaction de Politis.

Pierre Haski, en 2010. BORIS HORVAT/AFP

«Au moment où j'écris ces lignes, il est 4 heures du matin ce jeudi: le Samu, les pompiers et des policiers de différentes unités viennent de quitter mon appartement parisien. Vous l'avez deviné: Ulcan a encore frappé.» Ainsi commence la tribune de Pierre Haski. Le co-fondateur de Rue 89 et désormais directeur adjoint de L'Obs révèle qu'une trentaine de personnes sont intervenues à son domicile. Le matin même, il avait relayé la chronique de Daniel Schneidermann, fondateur d'Arrêt sur images, qui racontait avoir reçu la visite des forces de police, soupçonné d'avoir tué sa femme. Quant à Pierre Haski, il avait déjà été victime d'un canular en 2014 après la publication d'une enquête sur les méthodes de Gregory Chelli, dit Ulcan, hacker franco-israélien.

Une vitre cassée dans les locaux de Politis

Denis Sieffert. / Crédits photo: Facebook.

Autre média victime d'un appel malveillant: l'hebdomadaire Politis et son directeur Denis Sieffert. À nouveau, les policiers ont été menés sur une fausse piste, dans la nuit de mercredi à jeudi. «J'ai reçu entre minuit et 2 heures une cascade d'appels téléphoniques dont certains affichaient mon numéro, ce qui montre une certaine sophistication. J'ai répondu à un appel: la personne se réclamait de la police. Ce n'était pas crédible. Puis, je n'ai plus répondu. À 2 heures, trois fonctionnaires ont tambouriné à ma porte, pensant que j'étais pris en otage par un homme cagoulé. Ils ont tout de suite compris que c'était un canular», raconte Denis Sieffert au Figaro.

Au petit matin, le journaliste apprend que la même opération a été menée dans le XIe arrondissement de Paris, où se trouve la rédaction de l'hebdomadaire. «Un appel indiquait que quelqu'un - peut-être moi - était en train d'égorger sa femme. La police et et les pompiers sont venus et ont cassé une vitre pour entrer dans la rédaction, qui bien sûr était vide...», précise Denis Sieffert.

Tout comme Pierre Haski et Daniel Schneidermann, le journaliste avait publié cette semaine un article sur Ulcan. Son édito, titré «Un canular désopilant», dénonçait les méthodes de Gregory Chelli, «énergumène franco-israélien». Denis Sieffert y précisait que les «victimes ne sont évidemment pas prises au hasard. Elles ont en commun de militer pour les droits des Palestiniens ou d'être journalistes».

Des réactions sur Facebook

Actif depuis plusieurs années sur la toile, Ulcan s'est fait connaître après une série d'attaques contre le site Rue89, à la suite de la publication d'un portrait en juillet 2014. Le parquet de Paris avait alors ouvert, en septembre 2014, une information judiciaire, notamment pour «violences volontaires».

Ulcan s'est exprimé ces dernières heures sur Facebook avec sarcasme, sans pour autant confirmer qu'il est à l'initiative de ces appels malveillants.

Capture d'écran / Facebook

D'autres personnes ont été victimes de canulars similaires. Pierre Stambul, responsable de l'Union juive française pour la paix (UJFP), une association juive militant pour les droits des Palestiniens, a été interpellé en début de semaine dernière par le Raid à son domicile de Marseille après une dénonciation mensongère. Il raconte son interpellation sur le site de Politis.

Récemment, le patron d'Orange, Stéphane Richard, a porté plainte contre X après la publication de ses coordonnées personnelles sur un site internet, peu après la polémique liée à ses propos sur un retrait de la marque Orange d'Israël.

Indigné, Denis Sieffert réclame des réactions immédiates: «Nous avons reçu un coup de fil sympathique du cabinet du ministre mais je n'ai vu ni communiqué, ni protestation!»

Enquête sur des canulars malveillants contre des journalistes

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13 commentaires
  • didier bernadet

    le

    Vous ne saviez pas? cela s'appelle l'effet boomerang!

  • jeapec

    le

    Et les français lambda, non journalistes, victimes de canulars gouvernementaux, il les reçoit quand m'sieur Cazeneuve ?

  • Dormezbravesgens

    le

    Faut il porter plus d'attention à cet énergumène que cela. La non communication est plutôt une bonne communication, indépendamment des mesures de sûreté qui pourraient être bien entendu prises pour garantir la sécurité des intéressés.

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