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DIPLOMATIE

Colonisation : Netanyahou réplique sèchement aux critiques de Fabius

En tournée au Proche-Orient, Laurent Fabius a critiqué, avant de se rendre en Israël, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée. Des propos qui lui ont valu une réponse cinglante de Benjamin Netanyahou.

"Quand la colonisation avance, la solution des deux États recule", estime Laurent Fabius.
"Quand la colonisation avance, la solution des deux États recule", estime Laurent Fabius. Jewel Samad, AFP
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Laurent Fabius a entamé samedi une tournée au Proche-Orient, où la France tente de relancer des négociations israélo-palestiniennes au point mort. Reprendre les pourparlers interrompus depuis plus d'un an sous une égide internationale et dans le cadre d’un calendrier précis : telles sont les idées qu'entend défendre le chef de la diplomatie française.

"Il faut que la sécurité d'Israël soit assurée complètement, c'est tout à fait essentiel," a dit d'emblée Laurent Fabius au Caire, ajoutant immédiatement : "Il faut en même temps que les droits des Palestiniens soient reconnus, parce que s'il n'y a pas de justice, il n'y a pas de paix. Et de ce point de vue là, quand la colonisation avance, la solution des deux États recule". Et d’ajouter : "Ce n'est pas la seule pierre d'achoppement mais, si on veut la solution de deux États, la seule praticable, comme le reconnaissent d'ailleurs les deux parties, la colonisation, si elle se développe, risque de rendre impossible physiquement cette solution", a développé plus tard le ministre français.

Benyamin Netanyahou a vivement réagi aux propos de Laurent Fabius sur la colonisation israélienne

Cette sortie très critique à l’encontre de la politique de colonisation en Cisjordanie occupée, prononcée la veille de son arrivée à Jérusalem, est un pari risqué pour la réussite de son périple, en Égypte, en Jordanie, dans les Territoires palestiniens puis en Israël, tant le sujet déclenche d'ordinaire les foudres de l'État hébreu, qui poursuit sa politique de construction de nouveaux logements en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.

Netanyahou rejette les "diktats internationaux"

La communauté internationale considère cette colonisation comme illégale et comme un obstacle majeur à la reprise du processus de paix.

Sans surprise, l’État hébreu a réagi à ces propos par la voix du Premier ministre israélien en personne, qui n'a pas attendu de rencontrer le ministre français des Affaires étrangères . "Le seul moyen de parvenir à un accord, c'est à travers des négociations bilatérales et nous rejetterons avec force toute tentative qui viserait à nous imposer des diktats internationaux", a déclaré Benjamin Netanyahou, à l'occasion du conseil des ministres hebdomadaire, selon ses services.

"Dans les propositions internationales qui sont avancées et qu'on essaie en fait de nous imposer, il n'est fait aucune référence véritable aux besoins d'Israël en terme de sécurité ni à nos autres intérêts nationaux", a ajouté le dirigeant israélien, à la tête depuis mai d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël, une coalition fragile dont une partie pousse à l'accélération de la colonisation et dont certains ministres se sont prononcés contre la solution à deux États.

"Ils essaient juste de nous pousser à accepter des frontières indéfendables en ignorant totalement ce qui se passera de l'autre côté de la frontière", a-t-il dit, "cela produira les mêmes résultats que nous avons vus et ressentis dans notre chair avec la bande de Gaza et le Liban. Nous ne le permettrons pas".

"Inciter à faire la paix"

Le ministre, dont il s'agit du quatrième voyage dans la région depuis 2012, doit se rendre ce dimanche à Amman, puis à Ramallah, Jérusalem et Tel Aviv. Toujours est-il que Paris reste lucide et ne se berce pas d'illusions sur les résultats de cette tournée. L'idée est de pousser à une reprise des négociations, mais "on en est loin aujourd'hui", concède un diplomate français déplorant une "inertie mortifère".

Le contexte n'est pas favorable : face au gouvernement israélien qui campe sur ses positions, le président palestinien Mahmoud Abbas, affaibli, affronte une crise politique et a échoué à réconcilier son parti le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie, et les islamistes du Hamas, qui dirigent la bande de Gaza.

L'activisme de la France sur la question israélo-palestinienne, qui relève du pré-carré américain, s'est réveillé après l'échec, en avril 2014, d'une médiation de neuf mois du secrétaire d'État John Kerry. L'idée principale, "c'est qu'il faut que les parties reprennent les négociations", a martelé Laurent Fabius au Caire. "Il ne s'agit pas de faire la paix sans les parties, il s'agit d'inciter les parties à faire la paix", a-t-il poursuivi.

"Depuis 40 ans, il y a eu parfois des négociations mais elles n'ont jamais abouti, donc il faut sans doute réfléchir à un certain nombre d'adaptations de la méthode", a estimé M. Fabius, qui a proposé samedi à la Ligue arabe, qui siège au Caire, la "création d'un comité international de soutien" aux négociations, qui comprenne "les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et des représentants de l'Union européenne et des pays arabes".

"Et puis il faut enfin que, le moment venu, tout cela soit entériné par la communauté internationale et pourquoi pas par une résolution des Nations unies", a plaidé le chef de la diplomatie française, concluant : "Dans tous les cas, nous pensons que ne rien faire serait prendre le risque de l'enlisement et de l'embrasement".

Un projet de résolution nécessite cependant l'aval de Washington. Or, une résolution palestinienne présentée au Conseil de sécurité et soutenue par la France, prévoyant un accord de paix dans les 12 mois ainsi que le retrait israélien des Territoires occupés avant fin 2017, avait échoué fin décembre, certains des membres, dont les Etats-Unis, ayant voté contre.

"Cela ne sert à rien de proposer une résolution qui se heurterait à tel ou tel veto", a ainsi estimé Laurent Fabius.

Mais Paris veut croire que de récentes déclarations américaines, assurant que Washington pourrait réévaluer sa position de soutien indéfectible à Israël à l'ONU, sont "une ouverture inédite qu'il faut exploiter".

Avec AFP

 

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