La sœur et le beau-frère de Degrelle, Justes des Nations

Henri et Madeleine Cornet ont sauvé trois femmes juives des griffes des nazis.

Christian Laporte
La sœur et le beau-frère de Degrelle, Justes des Nations
©D.R.

Emouvante cérémonie vendredi midi dans la maison de famille des Cornet à Rhode-Saint-Genèse…

En présence des membres de la famille et du bourgmestre Pierre Rolin, l’ambassadeur d’Israël en Belgique, Jacques Revah, a remis à titre posthume le titre et le diplôme de Justes parmi les Nations aux descendants de Henri et Madeleine Cornet.

Ces derniers avaient déjà symboliquement rejoint depuis deux ans la liste d’honneur de plusieurs centaines de Belges qui au cours de la Seconde Guerre mondiale ont sauvé la vie d’enfants et d’adultes juifs en mettant leur propre existence en péril.

Au nom de leurs valeurs

Dans un grand nombre de cas reconnus par Yad Vashem, il ne s’agit pas nécessairement de résistants - même s’il y en eut aussi un certain nombre dans leurs rangs - mais souvent de simples citoyens qui, au nom de leurs valeurs chrétiennes ou humanistes, n’ont pas hésité à affronter les dangers et se sont exposés à bien des représailles de la part des nazis et de leurs séides.

Dans le cas présent, l’engagement d’Henri et de Madeleine Cornet fut d’autant plus exemplaire qu’ils étaient un des beaux-frères et une des sœurs de Léon Degrelle, le fondateur du rexisme qui pendant la guerre se compromit totalement aux côtés des nazis.

S’il n’était pas rare de retrouver des "supporters" des deux camps belligérants dans les familles belges en 40-45, la situation évoquée ici fut quand même exceptionnelle lorsqu’on sait qu’in fine la sœur du principal collaborateur des nazis et son époux risquèrent leur vie pour sauver trois jeunes femmes juives.

C’est Jan Maes, un enseignant et collaborateur scientifique à la Fondation de la Mémoire contemporaine (qui depuis vingt ans veut faire mieux connaître la place de la communauté juive en Belgique), qui l’avait mise en lumière voici quelques années.

Hanna Nadel - muée en "Annie" au service de la famille Cornet - qui approche aujourd’hui de la nonantaine et qui vit en Israël, a des racines polonaises mais est née en Belgique. Après avoir vécu avec les siens à Charleroi, elle s’était installée à Bruxelles.

En 1942, les nazis avaient arrêté son père et elle se mit en quête d’un travail pour survivre. La jeune femme avait découvert une annonce pour le recrutement d’une gouvernante chez la famille Cornet à Rhode-Saint-Genèse.

Elle est donc allée s’y présenter sans savoir qu’elle approchait des membres de la famille de Léon Degrelle. Ce fut donc seulement après quelque temps passé au service de la famille Cornet qu’Hanna Nadel découvrit que sa "patronne" était une des sœurs du leader de Rex.

Par Skype avec Annie...

Suivit un moment de panique mais le père de famille la rassura, lui expliquant qu’elle avait rompu avec le rexisme et avec ses excès, notamment contre les juifs. Hanna Nadel finit par se sentir en sécurité et put être rejointe par sa cousine, engagée également pour aider la famille, mais aussi par sa maman, qui s’occupa de la cuisine.

Lorsque les parents Degrelle venaient visiter les leurs, les trois femmes durent se cacher au grenier ou dans la cave, loin des regards des proches, afin de ne pas susciter de suspicions qui auraient pu devenir catastrophiques. Mais il n’en fut Dieu merci rien… Après la guerre, Hanna Nadel s’est installée en Israël avec son mari tout en gardant des contacts avec les Cornet. Un moment prenant de la rencontre de vendredi fut sans conteste le contact pendant plus de deux heures par la voie de Skype entre "Annie" et les descendants de ses patrons.

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