Mais t’étais où ? (S)pas là !

Alors que Gad Elmaleh effectuait son premier one-man musical aux Francos, Vianney répondait aux railleries sur son tube.

Pierre-Yves Paque
Mais t’étais où ? (S)pas là !

Alors que Gad Elmaleh effectuait son premier one-man musical aux Francos, Vianney répondait aux railleries sur son tube. Si la canicule - on se souvient d’une fan de 70 ans qui, suite à un petit malaise, est partie en civière durant le concert de Florent Pagny, samedi soir - a fait place aux orages et à la pluie en ce dimanche, rien ne pouvait enlever le sourire des lèvres des festivaliers spadois.

Et pour cause, avec des noms comme le protégé de Jean-Jacques Goldman, Michael Jones, la bonne humeur communicative de Christophe Willem ( "Je ne suis jamais de mauvaise humeur sauf en vie privée car je suis très monomaniaque" ) ou encore la paire de Cats on Trees (et ses atomes crochus avec Calogero sur le récent Jimmy ) qui est venue accompagnée d’un orchestre symphonique, il y en avait pour tous les goûts et les couleurs dans la station thermale.

Pendant que les uns (les Sirens call de Cats on Trees) montrent leur attachement pour les musiques de film comme Le Lac des Cygnes ( "ce qui donne des niveaux de lecture différents des morceaux" ), l’autre (La Tortue) prouve une nouvelle fois - après son concept des Nuits paraît-il dans des lieux insolites comme l’Atomium - qu’il n’aime pas les prestations conventionnelles avec son concert spadois. "Si vous pensez que je suis une personne normale, c’est un leurre ! J’ai une personnalité très complexe."

Pour le reste, l’humeur de la soirée avait des allures d’humour. À commencer par la révélation française de 2015, Vianney, et son ascension fulgurante avec le titre Pas là . "Je gère très bien le succès , assure le jeune homme de 24 ans. Ça change un peu mon mode de vie mais sinon ça va (sourires)!" Celui qui a commencé à écrire des chansons à 12 ans et vient de faire les premières parties de Florent Pagny, Johnny Hallyday ou encore Julien Clerc nous révèle alors qu’il ne "connaît pas la musique. Je ne peux pas la lire, ni l’écrire mais je sais l’entendre. Je n’ai simplement pas eu la chance de suivre des cours".

Premier étonné du succès de son Mais t’étais où ? Pas là car cette chanson ne devait même pas figurer sur son album à la base, Vianney est conscient que les paroles portent autant à pleurer qu’à rire. "Comme au moment où je l’ai écrite j’étais plutôt triste, je suis content que les gens la prennent à la rigolade , confesse celui dont la chanson a été parodiée par les Guignols de l’info de Canal +. Ça fait partie de la durée de vie d’une chanson, mais je vois plutôt cela comme une consécration. Au moins, ça m’aura permis de rester en très bons termes avec la personne que j’évoque dans le morceau (sourires)." Et drôle avec cela, qui plus est, le Vianney.

À l’instar d’un Gad Elmaleh qui, avec son pari de faire son spectacle 20 ans de scène pour la première fois en festival plein air, aura bluffé son assemblée avec son penchant de plus en plus music-hall. Une commedia dell’arte , toujours sans tambour, d’un showman entre sketchs comiques, gentleman charmeur et Danse de la joie . Si son "petit oiseau n’a pas d’ailes" , l’humoriste décolle musicalement (cf. dh.be). Oh my Gad !

De Francofolies en Québécofolies

En marge des Francos, se tient depuis 6 ans une vitrine canadienne francophone.

Les artistes québécois et de la francophonie canadienne ayant le vent en poupe en Europe, le festival a pris l’habitude de faire la part belle à ces derniers. À l’honneur pour cette 22 e édition des Francofolies, quatre artistes éclectiques qui, bravant le jetlag mais gardant toujours l’accent de circonstance, ont traversé l’Atlantique pour nous apporter une bonne dose de québécofolies.

À commencer par Monogrenade, groupe québécois qui semble vouloir redonner ses lettres de noblesse à la chanson française. Leur deuxième album, Composite , est sur le bon chemin. Futuriste (pour ne pas écrire spatiale), électronique et profonde, leur musique vient d’un autre temps. "C’est un travail d’équipe, en studio , assure le leader des six membres de Monogrenade.

Place ensuite à Antoine Corriveau dont l’album pop Les ombres longues fait beaucoup parler de lui outre-atlantique. Il chante des "Kilomètres de beauté, tellement j’ai peur de crever avant d’arriver". Poète, l’homme à la crinière en guise de cheveux et au chapeau à la Rabbi Jacob a d’ailleurs été agrippé par de nombreux badauds spadois qui l’avaient confondus avec… Stanislas. Autre artiste, autre style, même si son musicien n’est autre qu’Antoine Corriveau dont on vient de parler. Lauréate des Francouvertes, la douce Julie Blanche sort du lot par sa jolie voix. Avec un album sorti au printemps dernier au Canada, la jeune Québécoise aime les chansons d’amour (la troublante Maison d’hier ). "J’étais dans un style assez électro, pop ou de musique brésilienne auparavant" , explique celle qui a été élue découverte francophone des radios publiques francophones en France, Belgique et Canada. "Aujourd’hui, je suis plutôt dans mon propre style et mes propres chansons à moi."

Enfin, last but not least, car sans doute notre préféré, Shawn Jobin. L’homme qui jongle avec les rimes et les mots vient de la scène urbaine ouest-canadienne. "De Saskatchewan, précise le rappeur. C’est à deux jours de voiture du Québec . Accompagné de son "Jésus des prairies canadienne s" en parlant du look de son musicien, Shawn Jobin orchestre un rap frais et entraînant avec des paroles très actuelles comme son World Wide Web ou lorsqu’il chante l’amour de la francophonie et qu’il danse la vie. "Dans ce monde musical, on essaye de ne pas se limiter , raconte le jeune rappeur fransaskois (le nom des habitants de Saskatchewan). Il faut y aller à fond ." Son titre Tu ne m’auras pas (en évoquant la télé, les médias et on en passe) a d’ailleurs déjà reçu de nombreux prix. Bel exemple que la musique, aussi, s’exporte !

Old Jazzy Beat Mastazz

"Ce qui lie le groupe, c’est ce fait d’aller chercher nos influences diverses à nous , confient Les maîtres de la vieille rythmique jazz (en français dans le texte), 2es aux Franco’Off en 2014 et qui ont ainsi performé sur la grande scène Pierre Rapsat, ce dimanche, juste avant Gad Elmaleh. On ne se donne pas de limite, on ne s’impose pas de style au préalable, on fait du groove world où chacun apporte sa patte perso."

Groupe cosmopolite liégeois oscillant entre rap, funk et hip-hop engagé, le collectif d’OJBM - six membres allant des musiques congolaises à chamaniques en passant par le jazzy - prouve que le mélange des genres est possible. "Notre seul mot d’ordre est l’unité. Il faut se dire que c’est possible car un musicien est une éponge d’influences qu’il a envie de reproduire. Et ce n’est pas parce qu’on ne passe pas en radio qu’un groupe ne peut pas réussir !"

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