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Nétanyahou prône la «tolérance zéro» contre les terroristes juifs

Le gouvernement israélien, soumis à de fortes pressions, a annoncé dimanche des mesures punitives contre les extrémistes juifs, Benyamin Nétanyahou promettant une «tolérance zéro». POOL/REUTERS

Après la mort d'un bébé palestinien brûlé par un cocktail Molotov lancé par des colons juifs, et d'une adolescente israélienne poignardée pendant la Gay Pride, le premier ministre a promis des mesures contre les extrémistes.

Vendredi, un bébé palestinien de 18 mois mourait brûlé vif dans les flammes d'un cocktail Molotov lancé par des colons juifs. Dimanche, une jeune adolescente de 16 ans succombait à ses blessures après avoir été poignardée par un extrémiste juif lors de la Gay Pride de Jérusalem jeudi. Ces deux attaques ont soulevé l'opinion publique internationale et ont fait prendre conscience à la société israélienne de la nécessité d'agir contre le fondamentalisme juif.

Le gouvernement israélien, soumis à de fortes pressions, a annoncé dimanche des mesures punitives contre les extrémistes juifs, Benjamin Nétanyahou promettant une «tolérance zéro».

A Jérusalem, des heurts ont de nouveau opposé Palestiniens et policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées avant un retour au calme, après deux jours de protestations en Cisjordanie occupée et à Jérusalem qui avaient dégénéré en affrontements avec l'armée israélienne. Deux jeunes Palestiniens y avaient trouvé la mort. Des milliers de manifestants israéliens ont manifesté samedi dans tout le pays contre la violence et les «colonies». Dimanche, le Premier ministre Benjamin Nétanyahou a promis la «tolérance zéro» et son ministre de la Défense Moshé Yaalon a autorisé la mise en détention administrative, c'est-à-dire sans charge et pour une durée illimitée, d'extrémistes juifs.

«Les colonies détruisent Israël» proclament ces pancartes de manifestants à Tel-Aviv. JACK GUEZ/AFP

Cette mesure, habituellement réservée aux Palestiniens, pourrait donner aux enquêteurs le temps nécessaire pour réunir les preuves nécessaires à un procès, expliquent les médias. Mais trois jours après l'attaque antipalestinienne, les auteurs sont toujours en fuite et les Palestiniens placent peu d'espoir dans le gouvernement israélien, au sein duquel les partisans de la colonisation et de la droite nationaliste et religieuse sont nombreux.

«Djihadisme juif»

Le premier ministre conservateur Benyamin Nétanyahou a qualifié l'assassinat du bébé et de sa famille d'«acte terroriste dans tous les sens du terme», mot habituellement réservé dans sa bouche aux terroristes palestiniens. Il s'est rendu à l'hopital au chevet de la famille Dawabsha, dont le deuxième enfant est encore entre la vie et la mort. La visite du premier ministre à enfant palestinien blessé est sans précédent. La droite israélienne est très inquiète des possibles retombées de l'extrémisme juif dans la société israélienne. Même Naftali Bennett, le chef du parti de la droite nationaliste religieuse (Foyer juif) l'a admis: “Mettre le feu à une maison et tuer un bébé est un acte terroriste choquant et incompréhensible.”

«Ce ne sont pas des crimes haineux, mais plutôt les actes d'un terrorisme religieux messianique, commis par des gens qui considèrent qu'ils agissent selon la volonté de Dieu.» écrit un journaliste israélien sur I-24 news dans un article intitulé «Comment arrêter le djihadisme juif».

Depuis des années, les extrémistes juifs agressent des Palestiniens et des Arabes israéliens, et vandalisent des lieux de culte musulmans et chrétiens (dernièrement l'Église de la Multiplication près du lac Tibériade a été incendiée) ou même l'armée israélienne. Ils appellent ces opérations «le prix à payer», pour venger ceux qu'ils considèrent comme les «ennemis d'Israël».

«Le résultat direct» de la «politique de colonisation menée par Israël»

De l'opposition israélienne à l'ONU en passant par les Palestiniens, tous ont dénoncé l'attaque contre la famille Dawabcheh, un acte rendu possible par «l'impunité» dont jouissent selon différentes ONG les colons et autres activistes d'extrême droite. En outre, des rassemblements ont eu lieu samedi à travers Israël pour dénoncer l'attaque de la Gay pride.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a d'ailleurs raillé vendredi les méthodes de l'armée israélienne. «Elle les garde une heure pour une enquête, puis les relâche et ils peuvent reprendre leurs attaques».

Ces attaques sont selon lui le «résultat direct» de la «politique de colonisation menée par Israël» qui a conduit à la présence aujourd'hui d'environ 400.000 colons en Cisjordanie et 200.000 autres à Jérusalem-Est, occupée et annexée.

«Il est incompréhensible qu'un État qui réussit à défaire le terrorisme arabe et palestinien, qui constitue un modèle copié par de nombreuses agences de sécurité, trouve difficile d'affronter quelques centaines de terroristes et leurs complices», écrit Yossi Melman, spécialiste des questions de renseignements pour le Jerusalem Post.

« Celui qui incite à la haine contre les Arabes d'Israël, qu'il ne s'étonne pas lorsqu'on incendie des églises, des mosquées et qu'à la fin on brûle un bébé dans la nuit »

Shimon Peres

Les responsables de la sécurité disent, eux, qu'il est difficile d'infiltrer ces petits groupes qui n'utilisent pas de téléphone cellulaire, restent muets durant leurs interrogatoires et reçoivent visiblement des consignes sur le comportement à adopter face aux forces de l'ordre.

Un document a récemment été retrouvé lors d'une arrestation expliquant comment mettre le feu à des mosquées, des églises ou des maisons de Palestiniens sans laisser de trace, selon la radio israélienne.

Mais le chef de l'opposition de centre gauche Isaac Herzog a estimé que «lorsque l'État le veut, il peut lutter contre le terrorisme», appelant le gouvernement Nétanyahou, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, à faire son «examen de conscience». Il a par ailleurs dénoncé un «pogrom perpétré par des juifs».

L'ex-président Shimon Peres a dénoncé indirectement la responsabilité de M. Netanyahu, devant un rassemblement samedi à Tel-Aviv. «Celui qui incite à la haine contre les Arabes d'Israël, qu'il ne s'étonne pas lorsqu'on incendie des églises, des mosquées et qu'à la fin on brûle un bébé dans la nuit».

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