Ettinger, figure extrémiste juive sur les pas d'un grand-père anti-Arabes
Pour un peu, sa barbe en bataille, ses boucles rituelles et son large sourire donneraient à Meïr Ettinger l'air d'un hippie. Le jeune homme est pourtant soupçonné d'être l'un des inspirateurs des récentes violences de l'extrémisme juif.
- Publié le 06-08-2015 à 15h47
- Mis à jour le 06-08-2015 à 15h49

Pour un peu, sa barbe en bataille, ses boucles rituelles et son large sourire donneraient à Meïr Ettinger l'air d'un hippie. Le jeune homme est pourtant soupçonné d'être l'un des inspirateurs des récentes violences de l'extrémisme juif.
Né en 1991 à Jerusalem, Meïer Ettinger a été arrêté lundi. Il est le premier à faire les frais de la nouvelle détermination proclamée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu à combattre l'extrémisme juif violent après deux attaques qui ont suscité un vif émoi.
La semaine dernière, une adolescente israélienne a été poignardée mortellement par un fanatique juif lors d'une parade homosexuelle à Jérusalem. Le lendemain un incendie criminel imputé à des extrémistes juifs a coûté la vie à un bébé palestinien et blessé grièvement ses parents et son frère à Douma, en Cisjordanie.
Le premier meurtre paraît être un acte isolé. En revanche, le deuxième passe pour être la dernière en date d'une série d'attaques menées par des extrémistes juifs contre des Palestiniens, des chrétiens et même des soldats israéliens.
Meïr Ettinger est l'une des figures de ce mouvement aux contours diffus.
Après l'incendie du 18 juin contre l'église de la Multiplication, haut lieu du christianisme, les services de sécurité intérieure (Shin Beth) l'ont désigné comme le chef d'une "infrastructure" qui avait vandalisé le monastère de Notre-Dame de Palestine et tenté de perturber la visite du pape en 2014.
Meïr Ettinger a de qui tenir. Son grand-père, le rabbin Meïr Kahane, émigré des Etats-Unis, avait fondé le mouvement raciste Kach qui prétendait chasser d'Israël tous les Arabes et qui a été interdit en 1988. Meïr Kahane a été assassiné en 1990 à New York.
Le père de Meïr Ettinger est rabbin dans deux écoles talmudiques de Jérusalem. A 17 ans, Meïr Ettinger, en rupture avec des parents qui désapprouvent sa radicalisation, est parti vivre en Cisjordanie occupée.
- Jeunesse des colllines -
Il erre alors d'une colonie sauvage à l'autre (ces implantations sur les terres palestiniennes qui sont illégales non seulement aux yeux de la communauté internationale mais aussi de la loi israélienne). Il devient rapidement une figure de la "jeunesse des collines".
Ce mouvement est constitué de dizaines de jeunes d'Israël ou des colonies qui ont quitté prématurément famille et école pour vivre au nom de leurs croyances dans les collines de "Judée-Samarie", nom qu'ils donnent à la Cisjordanie en référence aux royaumes bibliques.
Ils rêvent de la restauration des royaumes anciens de Judée et d'Israël placés sous la règle de la Torah. Pour eux, la Cijordanie en fait partie.
Sur son blog, Meïer Ettinger s'élevait le 30 juillet contre ce qu'il nomme la profanation de la terre sainte juive par "l'idolâtrie" d'églises chrétiennes "dont le son des cloches se mêle au son harmonieux de la Torah et de la prière remerciant Dieu".
Il y conteste l'autorité de l'Etat israélien dont les lois ne valent rien face aux "lois éternelles".
Il n'a jamais commis d'acte violent, contre son avocat Yuval Zemer.
Probablement influencé par le rabbin Jizchak Ginsburg, représentant une branche messianique du judaïsme hassidique qui dénie aux Arabes le droit de vivre sur la terre sainte, Meïr Ettinger avait fait parler de lui en janvier 2014 avec un groupe de colons qui voulaient détruire une oliveraie dans le village palestinien de Kousra (centre de la Cisjordanie).
Ils avaient été roués de coups par les habitants puis remis aux soldats israéliens.
Meïer Ettinger s'était aussi signalé en s'introduisant clandestinement dans le tombeau de Joseph à Naplouse, malgré les restrictions imposées aux juifs. Il a également été mis en cause pour avoir collecté des informations sur des plans d'évacuation de colonies sauvages.
Ses agissements lui ont valu six mois de prison et une interdiction de séjour en Cisjordanie et à Jérusalem pendant un an. Il vivait à Safed (nord d'Israël) depuis quelques mois quand il a été arrêté. Il est en garde à vue jusqu'à dimanche.