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Joann Sfar : «La révolte du Chat est belle, mais ridicule»

«Cette scène est le moment où moi qui me suis toujours identifié au Chat, je me mets à m'identifier au rabbin. Sans doute parce que j'ai vieilli».

LE CHAT DU RABBIN TOME 6 3/5 - Neuf ans après Jérusalem d'Afrique, la loquace créature revient dans Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Chaque jour, le dessinateur commente une case de ce nouvel album pour Le Figaro.

La tristesse du Chat s'est envolée. Il a même retrouvé son espièglerie. Dans la lignée des précédents tomes de la série, cette charmante créature retrouve le rabbin Sfar pour une longue discussion, cette fois-ci consacrée à la prière. «Qui prouve que tes mots sont plus utiles que ma prière?» lance le rabbin Sfar au loquace Chat. «Moi, au moins, je me révolte», lui rétorque ce dernier dans cet extrait de Tu n'auras pas d'autre dieu que moi, en librairie ce 28 août.

«Le Chat se révolte contre la vie, explique Joann Sfar. La question qu'il pose est: que peut-on faire contre l'ordre du monde? C'est là que sa révolte est belle, picaresque, romanesque mais ridicule. Le rabbin est dans l'acceptation. Cette scène est le moment où moi qui me suis toujours identifié au Chat, je me mets à m'identifier au rabbin. Sans doute parce que j'ai vieilli».

«Parfois la révolte n'apporte pas plus qu'une prière. Pourquoi le rabbin prie-t-il? Parce que cette prière est la même que lorsqu'il était petit. Quand tout le monde change autour de lui, cette prière le rassure. Ce sont des pages sur l'inutilité de la prière, poursuit le dessinateur. Mon rapport à cela est simple: tant qu'il est question d'intimité et de dialogues intérieurs, je pense que la spiritualité est quelque chose d'extraordinaire. Cela devient embêtant lorsqu'elle déborde sur la place publique et qu'elle devient de l'agression. Le paradoxe de mon travail c'est que je suis très peu croyant, mais que je suis très attaché au rituel parce qu'il nous protège.»

Un paradoxe auquel Sfar a été particulièrement confronté dans ce tome 6: «Ce qui est compliqué lorsque l'on dessine un temple c'est que l'on va mettre une présence divine alors que l'on n'est pas certain de son existence. On représente un lieu sacré, apaisé, de méditation. Pour autant, ce n'est pas Don Camillo. On laisse au lecteur le soin de décider si Dieu est présent ou pas.»

Puis le dessinateur cite Brassens: «J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier Qui est heureux comme un pape et con comme un panier.» Comme beaucoup, il lui est arrivé de chercher du réconfort dans la prière. «Mais je suis obligé d'avouer que cela me nourrit moins que le dessin.» Alors Joann Sfar écrit des récits moraux, des fables animalières, des contes philosophiques. Toujours avec ce souci «soit de contrer l'édification morale, soit de jouer avec».

Le Chat du Rabbin, Tome 6, Tu n'auras pas d'autre dieu que moi, Dargaud, Poisson Pilote, 12,99 euros. Sortie le 28 août.

«Qui prouve que tes mots sont plus utiles que ma prière?» lance le rabbin Sfar au loquace Chat. «Moi, au moins, je me révolte», lui rétorque ce dernier.



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Joann Sfar : «La révolte du Chat est belle, mais ridicule»

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4 commentaires
  • penelope 4

    le

    certes on est libre de ne pas croire en la puissance de la prière,mais cependant admettre que dite chez soi ,où intérieurement,elle ne peut faire de mal où nuire à qui que ce soit;chacun trouve un réconfort en ce qu'ils croit mais ne doit pas l'imposer à qui que ce soit.

  • q12

    le

    aucun intérêt .. C'est déja useless d'etre athée et de taper sur les rabins .. on l'est tous athées ...

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