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Israël : l'application GPS Waze fait scandale en proposant d'éviter des quartiers palestiniens

Invoquant des raisons de sécurité, les gestionnaires de cette application ont récemment modifié ses paramètres pour faire en sorte que les itinéraires proposés évitent certains quartiers palestiniens situés à l'est de la ville. LIONEL BONAVENTURE/AFP

Le logiciel de navigation, créée par des Israéliens, propose d'éviter les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. La mairie dénonce une « partition » scandaleuse de la ville, censée être unifiée depuis 1967.

Le logiciel de navigation GPS Waze, devenu l'un des symboles de la réussite israélienne dans le domaine des nouvelles technologies, agace le maire de Jérusalem. Invoquant des raisons de sécurité, les gestionnaires de cette application ont récemment modifié ses paramètres pour faire en sorte que les itinéraires proposés évitent certains quartiers palestiniens situés à l'est de la ville. Un sacrilège, aux yeux de nombreux Israéliens qui défendent son caractère indivisible depuis la «réunification» intervenue à l'issue de la guerre des Six-Jours (1967). «J'ai prié les dirigeants de Waze de reconfigurer ces paramètres et de ne pas transformer leur application en instrument politique», a aussitôt réagi le maire, Nir Barkat.

Mis au point en 2008 par de jeunes entrepreneurs établis au nord de Tel Aviv, le logiciel a été racheté en 2013 par Google, moyennant un milliard de dollars, et téléchargé par plus de 70 millions d'usagers à travers le monde. Dans sa version israélienne, la configuration par défaut intègre certains réglages propres au contexte local. En Cisjordanie occupée, les trajets proposés aux automobilistes évitent ainsi les zones A et B sous contrôle de l'Autorité palestinienne, où les citoyens israéliens ont interdiction de pénétrer. Les ressortissants d'autres pays, libres de traverser ces zones, peuvent désactiver la fonctionnalité.

«La loi, à Jérusalem-Est est-elle la même qu'à Hébron ou à Ramallah?

Ces limitations d'accès n'ont jamais suscité la moindre controverse jusqu'à ce que les gestionnaires de Waze choisissent, récemment, de les étendre à certains quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. Selon le quotidien Yediot Ahronot, ils auraient pris cette décision après que des automobilistes israéliens, guidés vers ces secteurs, indiquent s'y être sentis en danger. «Nous travaillons en contact avec la police israélienne», justifie un porte-parole de la société, qui propose désormais de fastidieux détours aux automobilistes pour éviter de traverser les quartiers comme Silwan ou Wadi al-Joz, pourtant limitrophes de la Vieille ville.

Les nouveaux paramètres, sitôt connus, ont provoqué des réactions outrées au sein du conseil municipal. Arieh King, adjoint en charge de la sécurité et cheville ouvrière de la colonisation juive dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, a dénoncé une inacceptable «partition» de la ville. «La loi, à Jérusalem-Est et dans les secteurs qui bordent la Vieille ville, est-elle la même qu'à Hébron ou à Ramallah?, interroge-t-il. Et peut-on admettre que la police y détermine ainsi où des Juifs peuvent, ou ne peuvent pas, se déplacer?»

Cette mini-tempête illustre la fracture qui, 48 ans après sa conquête par l'Etat hébreu, continue de traverser Jérusalem. L'annexion de sa partie orientale, décidée de façon unilatérale en 1982, n'a jamais été reconnue ni pas la majorité de la population palestinienne, ni par la communauté internationale. Quelque 200 000 Juifs résident aujourd'hui à Jérusalem-Est, pour l'essentiel dans de vastes quartiers de colonisation ainsi que dans des enclaves établis au coeur de quartiers arabes. Ces derniers, sous-équipés et délaissés par les politiques publiques, sont régulièrement le foyer de tensions entre les habitants les forces de l'ordre.

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