Deux tués à Jérusalem: le Jihad islamique salue l'attaque
Une très vive tension règne dans la Vieille ville de Jérusalem depuis des semaines autour de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'Islam et site le plus sacré pour les juifs qui nomment ce site Mont du Temple.
- Publié le 03-10-2015 à 17h28
- Mis à jour le 03-10-2015 à 22h30
Un Palestinien a tué deux personnes et en a blessé deux autres au couteau et par balles avant d'être abattu par la police samedi dans la Vieille ville de Jérusalem, sous haute tension depuis le début des fêtes juives il y a trois semaines.
Cette attaque intervient dans un contexte de heurts quotidiens dans la Vieille ville de Jérusalem, où se trouve le lieu qui cristallise les tensions, l'esplanade des Mosquées, et deux jours après la mort d'un couple de colons, abattus dans le nord de la Cisjordanie occupée par des tirs venus d'une voiture.
L'armée israélienne, qui mène depuis jeudi une chasse à l'homme pour retrouver les meurtriers, a annoncé samedi soir l'arrestation de plusieurs suspects après une opération à Naplouse, sans préciser leur nombre.
A Jérusalem, deux personnes ont été tuées et deux autres blessées quand un Palestinien armé d'un couteau a attaqué samedi soir une famille juive, selon la police israélienne. Une des victimes a couru prévenir des policiers et l'assaillant a alors réussi à s'emparer d'une arme à feu que portait une autre victime.
La police a abattu l'auteur de l'attaque, Mohannad Chafik Halabi, Palestinien de 19 ans originaire d'un village proche de Ramallah, en Cisjordanie occupée, que le Jihad islamique, deuxième force islamiste dans les Territoires palestiniens, a présenté comme un de ses membres.
D'après les services de secours, un enfant de deux ans a été touché à une jambe et hospitalisé et une femme est dans un état "très grave".
La police n'a pas précisé si les deux personnes tuées l'ont été par balles ou à l'arme blanche.
Le Hamas a "salué" l'attaque comme un "acte héroïque de la résistance", tandis que le Jihad islamique l'a qualifiée de "réponse aux crimes terroristes" d'Israël contre les Palestiniens.
Plus tôt dans la journée, Mahmoud Zahar, figure de proue de la ligne dure du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, avait appelé les Palestiniens à "prendre les armes" en Cisjordanie occupée et à Jérusalem pour "défendre" l'esplanade des Mosquées, qui est le troisième lieu saint de l'islam mais aussi le site le plus sacré pour les juifs qui le nomment le Mont du Temple.
"L'Intifada a eu lieu (en 1987 et 2000) car toutes les données étaient réunies. Elles le sont encore davantage aujourd'hui", a affirmé M. Zahar, alors que le président palestinien Mahmoud Abbas dit maintenant redouter un troisième soulèvement de ce type.
Samedi soir, alors que la police israélienne bouclait toutes les entrées de la Vieille ville et que les Palestiniens étaient refoulés aux nombreux barrages, une cinquantaine de manifestants de l'extrême droite nationaliste israélienne ont défilé en direction de la Vieille ville aux cris de "guerre" et "le peuple demande vengeance" sous des drapeaux israéliens, a constaté un photographe de l'AFP.
En Cisjordanie, des colons venus de Bet-El, près de Ramallah, s'attaquaient à des Palestiniens des alentours, ont rapporté des témoins.
Depuis la mi-septembre, de nombreux affrontements ont éclaté entre Palestiniens et policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées, où des face à face ont eu lieu entre policiers et jeunes retranchés dans la mosquée Al-Aqsa sous le regard de centaines de touristes.
Dans les ruelles commerçantes de la Vieille ville, des échauffourées ont également opposé des musulmans interdits d'entrée sur l'esplanade -quand Israël impose des restrictions d'âge- et des juifs, se rendant en majorité au mur des Lamentations situé en contrebas.
A l'occasion des fêtes juives de Yom Kippour et de Soukkot, qui se termine lundi, et de l'importante fête musulmane de l'Aïd al-Adha, la police a déployé ces dernières semaines un millier d'hommes supplémentaires pour faire face à l'afflux de fidèles juifs dans la Vieille ville.
Et d'autres quartiers de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël, sont sous tension depuis plusieurs semaines.
A Naplouse, en Cisjordanie occupée, des violences ont débuté dans la nuit de vendredi à samedi quand des dizaines de soldats israéliens, qui traquent les meurtriers du couple de colons tués jeudi, ont mené un raid au cours duquel dix Palestiniens ont été blessés par balles.
Comme à chaque opération militaire israélienne, des Palestiniens ont protesté et des heurts ont éclaté, des jeunes jetant des pierres sur les soldats qui ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc, de grenades lacrymogènes et de balles réelles.
Samedi en fin d'après-midi, à l'issue du shabbat juif, des colons sont descendus de colonies sauvages installées sur des collines des alentours de Naplouse pour s'en prendre à des Palestiniens. Dans le village de Bourin, ils ont échangé des jets de pierres avec des Palestiniens, sous le regard de soldats qui ont tiré des grenades lacrymogènes dont certaines ont enflammé des pans entiers de collines.
Des tirs de balles ont également retenti lors de ces affrontements, ont constaté des journalistes de l'AFP.