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Jérusalem : fermeture de la Vieille ville après une attaque au couteau

Dans chaque ruelle, à chaque intersection, des gardes-frontières filtrent les accès. Le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem, où les heurts se concentrent depuis plusieurs semaines, a été bouclé par la police aux frontières THOMAS COEX/AFP

VIDEO- La police israélienne a décidé d'interdire l'accès de la Vieille Ville aux Palestiniens qui n'y résident pas jusqu'à la fin des fêtes de Soukkot, après le meurtre de deux israéliens à l'arme blanche.

Par notre correspondant à Jérusalem

Cyrille Louis

Dans chaque ruelle, à chaque intersection, des gardes-frontières filtrent les accès. Le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem, où les heurts se concentrent depuis plusieurs semaines, a été bouclé par la police aux frontières après qu'un jeune Palestinien a mortellement poignardé deux Israéliens, samedi peu après 19 heures. Les ruelles proches de la porte de Damas étaient en train de se vider lorsqu'un brouhaha s'est répandu dans le souq, bientôt suivi de plusieurs coups de feu. Aharon Benita, un soldat de 23 ans domicilié dans la colonie de Beitar-Illit, s'est effondré à quelques mètres de l'hospice autrichien tandis que son épouse et leur enfant de deux ans ont été blessés. Le rabbin Nehemia Lavie, qui résidait dans la Vieille Ville et militait au sein d'une ONG impliquée dans la colonisation de Jérusalem-Est, a reçu des coups mortels en tentant de s'interposer. L'assaillant, un homme de 19 ans originaire d'al-Bireh (Cisjordanie), a été abattu dans la foulée par un policier israélien. Plusieurs dizaines de Juifs ultraorthodoxes se sont rassemblés dimanche matin sur les lieux du drame, pour rendre hommage aux victimes.

La Vieille ville fermée aux Palestiniens: une décision sans précédent

Cette attaque, qui a plongé la ville dans un état de choc, intervient deux jours après qu'un couple de colons israéliens a été tué par balles alors qu'il circulait en voiture dans le nord de la Cisjordanie. Plusieurs centaines de militants d'extrême droite ont arpenté samedi soir le centre de Jérusalem pour dénoncer la multiplication des attaques et fustiger l'impuissance des autorités. Ils ont, à plusieurs reprises, frappé des passants ou des commerçants arabes. Un jeune Palestinien a par ailleurs été abattu au lever du jour par les forces de l'ordre, après avoir légèrement blessé un passant.

La police a annoncé dimanche matin que l'accès à la Vieille Ville serait interdit aux Palestiniens qui n'y résident pas durant les deux prochains jours, soit jusqu'à la fin des fêtes religieuses de Soukkot. De nombreux Juifs ont à cette occasion prévu de se rendre au Mur des lamentations. «Il s'agit, à ma connaissance, d'une décision sans précédent», a commenté Daniel Seidemann, spécialiste de la ville et responsable de l'ONG Terrestrial Jerusalem.

Mohannad Chafik Hallabi, l'auteur de l'attaque meurtrière perpétrée samedi soir, était un étudiant en droit inscrit à l'université al-Quds. Il avait posté sur sa page Facebook la photo de Diaa Talhama, un Palestinien mort à Hébron il y a une dizaine de jours dans des circonstances controversées. Il avait aussi prévenu que les Palestiniens n'accepteraient pas d'être évincés de l'esplanade des mosquées. Et annoncé l'avènement d'une troisième intifada, en référence aux deux soulèvements intervenus à la fin des années 80 et au début des années 2000. Le Djihad islamique, une faction répertoriée comme organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a affirmé dans la soirée que l'assaillant était un de ses membres. «Il a agi en réponse aux crimes terroristes de l'Etat hébreu», a affirmé un responsable du groupe.

Troisième Intifada?

Ce regain de violence à Jérusalem est attisé par les revendications conflictuelles autour de l'esplanade des Lieux saints, que les Musulmans appellent Noble sanctuaire et les Juifs Mont du Temple. Les premiers soupçonnent le gouvernement israélien, qui s'en défend, de vouloir modifier le statu quo sous la pression d'une minorité de Juifs résolus à obtenir le droit d'y prier. Des heurts ont éclaté à plusieurs reprises depuis le début des fêtes juives aux abords de la mosquée al-Aqsa, où de jeunes Palestiniens ont pris l'habitude de jeter des pierres sur la police et les fidèles juifs qui s'y rendent chaque jour en début de matinée. Les forces de l'ordre ont répliqué et interdisant aux musulmans de moins de cinquante ans d'accéder au site.

La tension s'est aussi nettement accentuée en Cisjordanie, où le meurtre d'Eitam et Naama Henkin a été suivi de nombreux incidents. Dix Palestiniens ont été blessés samedi en marge d'une opération de police à Naplouse, au cours de laquelle plusieurs personnes ont été arrêtées. Une autre incursion israélienne a donné lieu dimanche matin à des heurts violents à Jénine, selon les médias palestiniens. Le président Mahmoud Abbas, découragé par vingt années de négociations largement infructueuses, a déclaré mercredi dernier qu'il ne n'estime plus lié par les accords d'Oslo. Il n'a pas détaillé les conséquences pratiques de cette annonce, mais chacun se demande désormais si elle peut affecter la coordination sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et l'armée israélienne.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui doit regagner Israël dans la journée après avoir pris part à l'assemblée générale des Nations-Unies, a prévu de réunir immédiatement son cabinet de sécurité pour envisager la réponse à ces incidents. Israel Katz, son ministre du Renseignement, a promis de «durcir les mesures contre les Palestiniens». «Il est possible que nous soyons contraints de mener une nouvelle opération Rempart», a-t-il prévenu, en référence au vaste déploiement mené par l'armée israélienne, au plus fort de la seconde intifada, dans les villes de Cisjordanie.

De leur côté, les responsables des services de sécurité palestiniens se réuniront lundi avec le premier ministre Rami Hamdallah et le président Mahmoud Abbas. Le gouvernement a déjà dénoncé «l'escalade» provoqué par les Israéliens dans la situation actuelle, citant des raids de l'armée israélienne en Cisjordanie ainsi que des attaques de colons israéliens contre la population palestinienne. Depuis 24 heures, «il y a eu 18 blessés par balles réelles et 59 autres par des balles en caoutchouc», tous Palestiniens, selon le Croissant rouge. Près de 140 autres avaient été traités après avoir inhalé du gaz lacrymogène et six autres après avoir été battus par des soldats ou des colons israéliens, qui ont, depuis samedi, multiplié les exactions dans des villages palestiniens de Cisjordanie.

Jérusalem : fermeture de la Vieille ville après une attaque au couteau

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34 commentaires
  • CIVIS

    le

    Israèl s'est alargi après les guerres que les arabes on faites et perdues.Vous croyez que la France aurait du rendre l'Alsace à l'Allemagne après la guerre 1914-1918 ?

  • alfreddo1

    le

    Votre titre est étonnant à plus d'un titre si je puis dire. Vous ne dites par exemple qu'il s'agissait d'une attaque au couteau ... par un palestinien.

  • Samuel Isaie

    le

    Nul part dans le Coran il n'est mentionné le nom de Jerusalem...
    je vous défis de me le trouver et de me donner le numéro de chapitre ou de page..

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