Les violences se poursuivent entre Palestiniens et soldats israéliens. Deux nouvelles attaques au couteau ont eu lieu, mardi 20 octobre, en Cisjordanie. Un Palestinien a poignardé un soldat israélien avant d’être abattu par des militaires, au sud-ouest d’Hébron. Puis c’est dans la ville même d’Hébron que deux Palestiniens en possession d’armes blanches ont été tués par l’armée. Un autre événement, qui a vu un Israélien mourir percuté par une voiture sur une route près d’Hébron, a été qualifié d’accidentel par l’armée.
L’origine des violences
Les premiers heurts ont éclaté à quelques heures de la célébration de la nouvelle année juive, le 13 septembre, sur l’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem.
Au cœur des tensions : les règles qui régissent cette esplanade, troisième lieu saint de l’islam, après la Mecque et Médine. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir autoriser les juifs à prier sur ce qui est également l’emplacement du mont du Temple juif, le premier lieu saint du judaïsme.
L’esplanade est régie par un statu quo hérité du conflit de 1967 : les musulmans sont autorisés à monter à toute heure du jour et de la nuit sur l’esplanade ; les juifs ont le droit d’y pénétrer à certaines heures, tout comme les touristes, mais sans y prier. Un statu quo qui reste valable et que Benyamin Nétanyahou, le premier ministre d’Israël, défendit dès que les nouvelles violences ont éclaté :
« Israël agira par tous les moyens pour maintenir le statu quo et l’ordre sur le mont du Temple. »
Les Palestiniens, concernés par le sort de la mosquée Al-Aqsa, qui se trouve sur l’esplanade, ne semblent pas convaincus. Une suspicion accentuée par le fait que, dans le troisième gouvernement Nétanyahou, des ministres et députés de la majorité gouvernementale sont également très proches des extrémistes religieux israéliens qui revendiquent le droit de venir prier.
Des victimes presque tous les jours
Les heurts quotidiens entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, les agressions permanentes entre Palestiniens et colons, et une vague d’attentats au couteau contre des Israéliens ont fait, au total, quarante-cinq morts palestiniens (dont plusieurs auteurs d’attaque) et un mort arabe israélien d’une part, et huit morts Israéliens d’autre part, depuis le 1er octobre.
Le dernier événement meurtrier s’est produit le 20 octobre près de la barrière de sécurité qui enferme la bande de Gaza, où un Palestinien de 27 ans a été tué par des tirs israéliens lors d’affrontements avec les soldats. Plus tôt, une attaque au couteau a été perpétrée par un Palestinien contre un soldat israélien dans un village du sud de la Cisjordanie. L’homme a été abattu par des militaires.
Les attaques à l’arme blanche ont un impact psychologique très fort sur les Israéliens, installant une psychose dans les foyers. Un climat de nervosité qui a, par exemple, provoqué la mort d’un Erythréen, pris par erreur pour un terroriste potentiel. Blessé par balle alors qu’il essayait de se mettre à l’abri, l’homme de 29 ans a ensuite été passé à tabac par des passants.
La réaction d’Israël : l’escalade sécuritaire
Face à la montée des violences, Israël a pris une série de mesures pour enrayer la vague d’agressions au couteau à Jérusalem.
Depuis le 14 octobre, l’armée y a déployé six compagnies de soldats en renfort des forces de police. Le cabinet de sécurité a également autorisé la police à boucler les quartiers arabes de Jérusalem-Est – la partie palestinienne de la ville, occupée et annexée par Israël – ou à y imposer un couvre-feu. C’est de ces quartiers que sont originaires, selon les statistiques israéliennes, un grand nombre des assaillants.
Une mesure exceptionnelle et symbolique qui vise trois cent mille habitants, soit 37 % de la population de la Ville sainte. Un responsable israélien a assuré que les forces de sécurité ne cherchaient pas à « boucler complètement » Jérusalem-Est, mais à « encercler » les quartiers arabes. Des dispositifs qui n’ont pas empêché d’autres attaques au couteau à Jérusalem.
Des attaques saluées par le Hamas
Des violences encouragées par Ismaïl Haniyeh, le leader politique du Hamas dans la bande de Gaza, qui a salué au début d’octobre « les héros aux couteaux ». S’exprimant au cours de la prière hebdomadaire, l’ancien premier ministre a appelé à la « libération d’Al-Aqsa » et à une extension de la « troisième Intifada », « seule voie possible vers la libération », selon ses dires.
Après l’établissement de premiers barrages dans Jérusalem-Est, Houssam Badrawn, un porte-parole du Hamas, a également estimé que « les décisions du gouvernement [israélien] ne mettront pas fin à l’Intifada. Les peuples qui résistent ne craignent pas les nouvelles restrictions sécuritaires ». Un responsable du Fatah a dénoncé une « punition collective contraire aux textes internationaux ».
Il aura fallu attendre le 16 octobre pour que Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, condamne pour la première fois les attaques de Palestiniens. Le tombeau de Joseph, ancien lieu de pèlerinage juif à Naplouse devenu un point d’appui pour la colonisation, avait été la cible de cocktails Molotov et incendié, subissant d’importants dégâts. Un acte jugé « irresponsable » par M. Abbas.
Les réactions internationales : de timides efforts diplomatiques
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, est arrivée mardi en Israël et dans les territoires palestiniens, demandant la fin d’un « conflit qui dure depuis trop longtemps ». Selon des diplomates, il informera mercredi le Conseil de sécurité de ses contacts au Proche-Orient pour tenter d’apaiser les tensions israélo-palestiniennes, au cours de consultations à huis clos. M. Ban communiquera avec le Conseil par vidéoconférence depuis Ramallah (Cisjordanie) où il doit rencontrer Mahmoud Abbas.
John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, doit rencontrer quant à lui M. Nétanyahou en Allemagne, où le chef du gouvernement israélien effectue une visite diplomatique mercredi et jeudi. M. Kerry a également prévu de s’entretenir avec M. Abbas et le roi Abdallah de Jordanie, sans doute à Amman, avant la fin de la semaine.
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