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En visite en Israël, John Kerry parle de « calme » plutôt que de paix

Lors de cette première visite en Israël depuis l’échec des négociations de mars 2014, le secrétaire d’Etat américain a condamné le terrorisme, mais ignoré la question palestinienne et l’occupation israélienne.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 24 novembre 2015 à 20h54, modifié le 24 novembre 2015 à 20h26

Temps de Lecture 3 min.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (à gauche) rencontrait le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, mardi 24 novembre.

« Restaurer le calme » et non plus trouver le chemin de la paix. Ce glissement sémantique du secrétaire d’Etat John Kerry, en visite en Israël mardi 24 novembre, témoigne à quel point les Etats-Unis ont revu leurs ambitions à la baisse au Proche-Orient. Alors que l’attention internationale est concentrée sur la Syrie et la menace djihadiste, le conflit israélo-palestinien n’est plus du tout une priorité. D’autant qu’aucune des parties impliquées n’a le désir de faire des concessions ou des gestes d’ouverture, dans un contexte de haute tension.

Les attaques palestiniennes se poursuivent à un rythme quotidien depuis début octobre. Au moment où l’avion de M. Kerry s’apprêtait à se poser, une attaque à la voiture-bélier faisait quatre blessés israéliens près de Naplouse (nord de la Cisjordanie), trois soldats et un garde-frontière. Au total, 21 Israéliens et près de 90 Palestiniens – pour moitié des agresseurs – ont été tués.

« Condamnation totale de tout acte de terrorisme »

Lors de cette première visite en Israël depuis l’échec du dernier cycle de négociations bilatérales, en mars 2014, M. Kerry a évoqué longuement le terrorisme. En revanche, il a ignoré la question palestinienne, au sens politique, et l’occupation israélienne. Il a notamment salué la mémoire de son compatriote Ezra Schwartz, un jeune volontaire de 18 ans, tué le 19 novembre dans une attaque par balles en Cisjordanie.

« Personne ne devrait avoir à vivre au quotidien avec la violence, les attentats dans la rue, commis à l’aide de couteaux, de ciseaux ou de voitures. (…) J’exprime ici une condamnation totale de tout acte de terrorisme qui coûte la vie à des innocents », a dit M. Kerry lors de sa rencontre avec le premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Un peu plus tard, lors d’un entretien avec le président Reuven Rivlin, le secrétaire d’Etat a ajouté qu’« aucune frustration, aucune politique, aucune idéologie, aucune émotion ne justifie le fait d’ôter des vies innocentes ».

« Aucune frustration, aucune politique, aucune idéologie, aucune émotion ne justifie le fait d’ôter des vies innocentes », a confirmé John Kerry au président israélien Reuven Rivlin.

Irritation de Ramallah

En début de soirée, il a rencontré le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas. Les deux hommes n’ont fait aucune déclaration à la presse, signe possible de l’irritation de Ramallah, après les propos du secrétaire d’Etat le matin même, jugés trop dans la ligne israélienne.

Selon le quotidien Haaretz, Benyamin Nétanyahou se serait dit prêt, dans ses échanges avec l’administration Obama, à des gestes en direction de l’AP, pour améliorer la vie quotidienne des Palestiniens. Mais en échange, il souhaiterait que Washington reconnaisse le droit israélien à construire dans les blocs de colonies, qui finiraient par être rattachés à l’Etat hébreu dans le cadre d’un règlement.

En fin de journée, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

Négociations gelées

En réalité, dans un contexte très dégradé, plus personne n’envisage actuellement un nouveau cycle de négociations politiques. Le chef du gouvernement israélien se dit prêt à négocier sans préconditions, mais en même temps, il réclame la reconnaissance immédiate d’Israël comme Etat juif et la condamnation par M. Abbas des attentats palestiniens.

« Nétanyahou parle de paix, de sécurité et de prospérité, explique un haut responsable israélien. Si on ne peut pas avancer sur la première, essayons de faire avancer le ballon sur les deux autres. » Et ce responsable de citer deux exemples : la ville nouvelle palestinienne de Rawabi, près de Ramallah, que le gouvernement israélien a accepté début 2015 de raccorder à l’eau, après un an de tergiversations ; et l’ouverture récente à la 3G des télécoms palestiniens, après de longues années de dispute sur la construction d’antennes.

Surenchère sécuritaire

Mais en dehors de ces rares gestes positifs, l’heure est actuellement à la surenchère sécuritaire. Impuissant à juguler les attaques individuelles spontanées commises par de jeunes Palestiniens, en Cisjordanie comme en Israël, le gouvernement essaie de donner le change. Il appelle à la résilience de la population et multiplie les annonces répressives.

A la veille de la visite du secrétaire d’État américain, Benyamin Nétanyahou s’est rendu au principal carrefour du bloc de colonies du Gush Etzion, au sud de Jérusalem. Une dizaine d’attaques y ont eu lieu depuis le début du mois d’octobre. « Sur le plan offensif, nous allons partout, a assuré le chef du gouvernement. Nous entrons dans les villages, dans les communautés et les maisons, et nous conduisons des arrestations très répandues. Il n’y a aucune restriction aux actions des forces armées et des forces de sécurité. »

Le premier ministre a annoncé la fouille « de tous les véhicules palestiniens sur les routes principales », la multiplication des routes de contournement en Cisjordanie, pour éviter les points de friction habituels, et la révocation des permis de travail pour les familles des terroristes.

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