Depuis que la Suède a reconnu l’Etat de Palestine, fin octobre 2014, les relations entre Stockholm et Israël connaissent des épisodes de fièvre diplomatique réguliers. Mercredi 13 janvier, l’ambassadeur suédois a été convoqué pour réprimande au ministère des affaires étrangères, qui a exprimé la fureur du gouvernement après les propos tenus la veille par Margot Wallström, la chef de la diplomatie suédoise.
Mardi, lors d’un débat parlementaire, Margot Wallström a appelé à l’ouverture d’enquêtes sur les « exécutions extrajudiciaires » de Palestiniens par l’armée et la police israéliennes, depuis le début de la vague de violence en octobre 2015. Au total, 23 Israéliens et 150 Palestiniens ont été tués, en comptabilisant pour ces derniers les agresseurs au couteau ou à la voiture bélier. De nombreuses ONG locales et étrangères ont dénoncé l’usage excessif de la force du côté israélien, pour tuer et non pour neutraliser, alors que la crédibilité de la menace représentée par les Palestiniens visés n’était pas toujours établie.
« Il est vital qu’il y ait une enquête approfondie et crédible sur ces morts afin d’apporter des clarifications et de mettre éventuellement au jour les responsabilités », a déclaré la ministre. Le ministère palestinien des affaires étrangères a salué une « position humanitaire courageuse ». En revanche, cette remarque a été jugée « délirante et irresponsable » par Israël, qui y voit un encouragement au terrorisme. Mme Wallström n’en est pas à son premier propos critique à l’égard de l’Etat hébreu. Elle avait déjà souligné, début décembre, l’usage « disproportionné » de la force contre les Palestiniens. Elle avait aussi estimé que le conflit avec les Palestiniens constituait l’un des motifs de radicalisation islamiste.
Unanimité de la classe politique
Ancien vice-ministre des affaires étrangères, Danny Ayalon suggère de fermer l’ambassade israélienne à Stockholm. De son côté, l’ancien chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a appelé les consommateurs à ne plus fréquenter Ikea.
En l’absence d’un ministre des affaires étrangères attitré, Benyamin Nétanyahou ayant conservé ce portefeuille, c’est la vice-ministre, Tzipi Hotovely, qui s’est exprimée, à l’occasion d’une rencontre avec de futurs diplomates. « Nous nous trouvons actuellement aux avant-postes du combat contre le terrorisme, a-t-elle déclaré. [Wallström] le soutient de facto, l’encourage, et l’Etat d’Israël envoie un message clair. » Mme Hotovely a annoncé qu’Israël « ferm[ait] ses portes aux visites officielles suédoises. » Une mesure martiale qui a provoqué l’embarras du bureau du premier ministre. Benyamin Nétanyahou a fait savoir par médias interposés qu’il n’en était pas question. Alors que Mme Hotovely tenait ces propos, la troisième vice-présidente du parlement suédois, Esabelle Dingizian, se trouvait justement en visite officielle en Israël.
La dénonciation des remarques de la ministre suédoise a fait l’unanimité dans la classe politique, un phénomène habituel dès que des critiques sont formulées à l’étranger contre l’armée israélienne ou au sujet de l’occupation en Cisjordanie. Le chef du parti travailliste, Isaac Herzog, a noté qu’il était « intéressant de constater que la Suède n’avait pas réagi de la même façon lorsque la police parisienne a tué des terroristes, comme il le fallait », en référence aux attentats du 13 novembre. « Et comment réagira la Suède lorsque des terroristes conduiront des attaques sur son sol ? a-t-il poursuivi. Demanderont-ils aussi à ce qu’on les tapote sur la tête parce qu’ils ont eu une enfance difficile ? » Ancien vice-ministre des affaires étrangères, Danny Ayalon suggère de fermer l’ambassade israélienne à Stockholm. De son côté, l’ancien chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a appelé les consommateurs à ne plus fréquenter Ikea.
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