Pierre Nora : «Vous vivez dans l'éros de l'entretien avec les vivants et les morts»

DOCUMENT - Dans un discours remarquable et amicalement distancié, l'historien et académicien a fait le portait d'Alain Finkielkraut lors de son entrée à l'Académie française.
Monsieur,
Cher Alain Finkielkraut,
Il y a tout à parier que ce jour restera marqué d'une croix blanche dans les annales de votre vie. Non à cause de l'émotion que nous avons tous connue en descendant cet escalier, sanglés pour la première fois dans notre costume, au son des tambours et sous les sabres de la Garde républicaine. Non. Pour une raison particulière et qui n'appartient qu'à vous: pendant une heure, vous allez devoir m'écouter sans m'interrompre!
Je pourrais dire sur vous des horreurs, des erreurs. Et vous, dont l'image est associée à votre émission «Répliques» ; vous que notre ami Milan Kundera définissait un jour comme «l'homme qui ne sait pas ne pas réagir», vous devriez, vous l'intranquille, demeurer sans réplique et sans réaction.
Rassurez-vous, je n'abuserai pas du privilège momentané que me confère la mission dont m'a chargé notre Secrétaire perpétuel de vous recevoir parmi nous. Je commencerai même par évoquer quelques-uns des moments saillants d'une relation qui date maintenant…
Jacky REAULT
le
Je tombe de nouveau sur ce texte par le biais d'un de ces liens documentaies de plus ou moins proximité que le Figaro offre à chaque chute d'article. Je ne l'avais lu que par bribes, car il est long. C'est effectivement un véritable essai historique sur les mutations intellectuelles de la France, voire, quoique heureusement non conclusif, sur sa mutation comme société. L'exigence intellectuelle et morale qui le porte est devenue dans notre pays une survivance rare. Accrochons nous aux branches. Je le mets de côté pour le relire et le transmettre.
henri-jean coudy
le
Très haute tenue, un grand texte.