Un prisonnier particulier est arrivé dans l’aile n°10 de la prison de Maasiyahu, lundi 15 février. Il ne se mélangera pas aux détenus de droit commun. Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie israélienne, un ancien premier ministre, Ehoud Olmert, 70 ans, a été incarcéré. Il devra purger une peine de 19 mois de prison, après sa condamnation dans l’affaire dite « Holyland » (« Terre sainte »). C’est le nom d’un complexe d’appartements luxueux très controversé au sud-ouest de Jérusalem, dont la construction avait occasionné des pots-de-vin à des officiels, à l’époque où Ehoud Olmert était maire de la ville (1992-2003). Il avait dû démissionner de son poste à la tête de gouvernement, en 2009, en raison des scandales de corruption. Ses tentatives de négociations de paix avec les Palestiniens s’étaient ainsi effondrées.
Avant d’entrer en prison, l’ancien chef du gouvernement (entre 2006 et 2009) a enregistré une vidéo, dans laquelle il a confié qu’il avait « le cœur très lourd » et a nié une nouvelle fois les accusations de corruption. « Il s’agit d’un développement inhabituel et grave, dans lequel certains verront la confirmation de la force de la démocratie israélienne. Mais dans le même souffle, j’aimerais émettre l’hypothèse que l’instruction contre moi a fait boule de neige pour des raisons non judiciaires. »
« Traître »
Début 2014, Ehoud Olmert avait été reconnu coupable d’avoir touché des pots-de-vin en échange de faveurs pour les prometteurs immobiliers. Il avait été condamné à six ans de prison et un million de shekels d’amende (soit 230 000 euros). Le juge David Rozen l’avait alors comparé à un « traître ». En décembre 2015, la Cour suprême a réduit la peine prononcée à 18 mois. Le tribunal de district de Jérusalem a rejeté il y a quelques jours l’accord de plaider coupable conclu entre M. Olmert et le parquet, sur l’accusation d’obstruction à la justice, due à des pressions sur un témoin potentiel.
L’ancien chef du gouvernement voulait que la peine de six mois soit considérée comme exécutée en même temps que sa détention actuelle pour 18 mois. Mais le tribunal a décidé d’ajouter un mois supplémentaire à la peine globale. Par ailleurs, M. Olmert est toujours visé par une autre instruction, dans laquelle il a été condamné en mai 2015 à huit mois de prison en première instance, pour avoir touché de l’argent de la part d’un homme d’affaires américain. L’affaire sera jugée en appel.
Ce n’est pas la première fois en Israël qu’une personnalité politique de haut rang est condamnée et incarcérée. Dans la même prison où séjournera Ehoud Olmert se trouve déjà l’ancien président Moshe Katsav, condamné à sept ans de prison pour viol, harcèlement et agression sexuelle sur différentes employées à l’époque où il a occupé le poste de ministre du tourisme et la tête de l’Etat.
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