Publicité

Raid israélien pour secourir deux soldats égarés dans un camp de réfugiés

Des forces de sécurité israéliennes. HAZEM BADER/AFP

Un Palestinien de 22 ans a été tué lors de cette incursion spectaculaire menée, dans la nuit de lundi à mardi, à l'entrée de Ramallah.

De notre correspondant à Jérusalem

Un Palestinien de 22 ans a été tué et une douzaine d'autres ont été blessés, dans la nuit de lundi à mardi, lors d'une incursion de l'armée israélienne au cœur du camp de réfugiés de Qalandiya. L'opération, impliquant d'importants effectifs et au moins un hélicoptère, a été engagée dans ce quartier situé au sud de Ramallah (Cisjordanie occupée) afin d'extraire deux soldats qui y avaient pénétré en début de soirée, visiblement par erreur. Cinq gardes-frontières et plusieurs militaires ont été blessés au cours des heurts qui ont accompagné l'intervention. «Nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe», soupire un officier israélien, qui conserve un souvenir cuisant du lynchage mortel infligé à deux réservistes, le 12 octobre 2000, dans les rues de Ramallah.

Les soldats induits en erreur par le GPS

Selon les premiers éléments de l'enquête communiqués mardi matin par l'armée, deux membres de l'unité antiterroriste Oketz K9, spécialisée dans le maniement de chiens d'attaque, circulaient à bord d'une jeep lorsqu'ils ont pénétré sans le vouloir dans le camp de Qalandyia. Le ministère de la Défense laisse entendre qu'ils ont sans doute été induits en erreur par l'application GPS Waze. Ce logiciel, conçu en 2008 par des entrepreneurs israéliens, propose parfois des itinéraires qui ne tiennent pas compte des spécificités propres aux Territoires occupés. Les médias palestiniens, de leur côté, mettent en doute la version officielle et soupçonnent que les deux hommes prenaient, en réalité, part à une mission qui a mal tourné.

La compagnie Waze a assuré mardi que l'application de navigation routière qu'elle a créée n'était aucunement responsable. Elle a indiqué que les soldats avaient désactivé sur leurs portables un paramètre écartant les trajets dangereux ou passant par des secteurs interdits aux Israéliens. Ce paramètre est présent par défaut, ce qui signifie que les soldats l'ont délibérément désactivé, a précisé un porte-parole de Waze. «De plus, le conducteur s'est écarté de la route suggérée (par l'application) et est entré en zone interdite», a-t-il ajouté. «Sur la route en question, des panneaux interdisent (aux Israéliens) l'accès aux territoires sous contrôle palestinien».

Quoi qu'il en soit, le véhicule a rapidement été visé par un déluge de pierres et de cocktails Molotov tel que les deux soldats ont dû l'évacuer. Ils ont par la suite réussi à fuir, chacun de son côté, dans le dédale de ruelles. L'un d'eux aurait trouvé refuge dans la courette d'une maison, d'où il a pu joindre le commandement par téléphone, tandis que l'autre a trouvé refuge dans la colonie voisine de Kochav Yaakov. «Il nous a fallu une heure pour rétablir le contact avec eux», relève le major Arye Shalicar, porte-parole de l'armée. Selon la police, plusieurs coups de feu ont été tirés en direction des forces de l'ordre lors de l'opération de sauvetage.

Des heurts réguliers

Le camp de Qalandiya, situé à quelques centaines de mètres du principal check-point séparant Ramallah de Jérusalem, compte parmi les plus éruptifs de Cisjordanie. Il abrite plus de 10.000 réfugiés et descendants de réfugiés qui ont fui les combats durant la guerre de 1948. Des heurts y éclatent régulièrement, en particulier lorsque l'armée effectue des incursions nocturnes afin de procéder à des arrestations. Selon les médias palestiniens, une dizaine de jeunes hommes originaires du camp ont récemment été tués, souvent après avoir commis ou tenté de commettre une attaque au couteau.

La mésaventure vécue lundi soir par les deux soldats ne fait pas du tout sourire les généraux israéliens, qui ont déclenché dans la foulée une série d'enquêtes pour éviter qu'un tel incident ne se reproduise. Selon le journal Haaretz, il n'est pas exclu que les responsables de cet incident finissent devant un tribunal militaire. «Personne ne sait comment cette histoire aurait pu finir», concède le major Shalicar, avant d'ajouter: «Il n'est hélas pas exceptionnel que des soldats s'égarent ainsi dans des zones urbaines très denses dont ils ne sont, bien souvent, guère familiers...»

Raid israélien pour secourir deux soldats égarés dans un camp de réfugiés

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
258 commentaires
    À lire aussi