Waze est l’une des plus belles réussites du secteur des nouvelles technologies en Israël. Cette application GPS indiquant la circulation et les accidents en temps réel est aussi à l’origine de graves affrontements, qui ont eu lieu lundi 29 février dans le camp de réfugiés palestinien de Kalandia, aux abords de Jérusalem, près du point de contrôle principal vers Ramallah.
Deux soldats israéliens, qui ont fait confiance à cet outil sur leur téléphone pour tracer leur route, ont pénétré dans ce quartier à risque par inadvertance, au volant de leur Jeep. Ils ont été accueillis avec des cocktails Molotov et des pierres.
Des hélicoptères et des forces spéciales ont été déployés pour venir à leur secours. Un Palestinien de 22 ans a été tué et quatre autres blessés. Plusieurs membres des forces de sécurité ont aussi été touchés. L’état-major redoutait un enlèvement ou même un lynchage des soldats. Il n’a donc pas hésité à déclencher une vaste opération dans le camp, au risque d’aggraver la situation.
Les deux soldats ont dû abandonner leur véhicule en flammes et se sont séparés dans la confusion. L’un d’eux s’est caché dans la cour d’une maison. Il a tiré pour se défendre et signaler sa position. Le second s’est enfui en direction de la colonie de Kohav Yaakov.
Protocole « Hannibal »
Sans nouvelles de lui pendant près d’une demi-heure, l’état-major a décidé de lancer une mesure très controversée, utilisée en dernier recours lorsqu’un soldat manque à l’appel en zone hostile : le protocole « Hannibal ». Il prévoit la levée de toutes les restrictions dans l’usage de la force afin d’empêcher l’enlèvement du soldat par l’ennemi. Il a été utilisé le 1er août 2014 à Rafah, dans la bande de Gaza, au cours de l’opération « Bordure protectrice ».
Dans un rapport publié à la fin de juillet 2015, Amnesty International avait dénoncé les « crimes de guerre » israéliens sous couvert de cette procédure « Hannibal ». « Les forces israéliennes ont tué au moins 135 civils palestiniens, dont 75 enfants, à la suite de la capture d’un soldat », rappelait l’ONG au sujet des événements de Rafah.
L’état-major estime que le scénario de lundi soir aurait pu être bien plus dramatique. Une enquête interne a été immédiatement diligentée pour mettre au jour les circonstances de cette erreur de navigation. Elle est d’autant plus étonnante que, dans ses règlements, Waze ignore les parcours passant par la Cisjordanie.
Waze, rachetée par Google en 2013, a réagi à la polémique montante en soulignant la responsabilité des deux soldats. Ces derniers auraient volontairement désactivé sur leurs portables un paramètre qui permet d’éviter les trajets dangereux ou passant par des secteurs interdits aux Israéliens.
« J’ai appris il y a longtemps, quand le GPS est entré en service, qu’il ne faut pas oublier comment on se sert d’une carte, qu’il faut surtout connaître son environnement », a commenté, les dents serrées, Moshe Ya’alon, le ministre de la défense d’Israël.
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