
Un acte « horrible, immoral et inique ». C’est par ces mots que les Nations unies ont condamné l’exécution, jeudi 24 mars, d’un assaillant palestinien par un soldat israélien en Cisjordanie. « Je condamne fermement l’apparente exécution extrajudiciaire d’un assaillant palestinien à Hébron », a déclaré l’envoyé spécial de l’ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov. Cet acte « ne peut qu’attiser la violence et rendre encore plus volatile la situation actuelle », a-t-il ajouté.
Les faits, documentés par une vidéo tournée par un membre de l’organisation israélienne B’Tselem, semblent être l’un des cas les plus flagrants d’un usage excessif de la force par l’armée israélienne, régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme. Le ministre palestinien de la santé a qualifié cet acte de « crime de guerre ».
Le tireur placé en détention
La vidéo débute quelques instants après une attaque au couteau perpétrée, selon l’armée israélienne, par deux Palestiniens contre des soldats à l’entrée du quartier de Tel Rumeida à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Les deux Palestiniens sont allongés à un carrefour tandis que des secouristes soignent un soldat blessé. Le Palestinien au premier plan, semble-t-il agonisant, bouge encore faiblement la tête. Puis un soldat fait quelques pas et le met en joue à environ cinq mètres, alors qu’il ne représente plus aucune menace. Une déflagration retentit. Quelques secondes après, le sang s’écoule sous la tête du Palestinien, inerte. Ni les soldats ni les colons israéliens qui se trouvent à proximité ne réagissent réellement à la détonation.
Les Palestiniens ont été identifiés comme Abdel Fattah Al-Sharif, qui était encore vivant au début de la vidéo, et Ramzi Al-Qasrawi, qui a été enterré samedi 26 mars à Hébron. Tous deux avaient 21 ans.
L’armée s’est contentée dans un premier temps de rapporter la mort de deux Palestiniens abattus après avoir gravement blessé un soldat. Elle a annoncé plus tard le placement en détention du tireur et l’ouverture d’une enquête, en assurant que les investigations avaient été lancées avant que la vidéo ne se propage. D’après un porte-parole militaire, le soldat est « soupçonné de meurtre » et sa garde à vue a été prolongée jusqu’à mardi.
« Un terroriste mérite de mourir »
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé que l’armée « attendait de ses soldats qu’ils agissent calmement et respectent les règles d’engagement ». « Ce qui s’est passé à Hébron ne reflète pas les valeurs de l’armée israélienne », a-t-il déclaré. Ces agissements sont « extrêmement graves et en contradiction claire avec les valeurs de l’armée d’Israël », a également réagi le ministre de la défense, Moshé Yaalon, qui a promis « la plus grande sévérité ».
La classe politique israélienne n’est toutefois pas unanime à condamner ce meurtre. Le ministre de l’éducation Naftali Bennett, chef de file du parti nationaliste religieux Foyer juif, a estimé qu’« attaquer un soldat qui nous protège tous, avant même que l’enquête ne soit lancée, porte préjudice à la place d’Israël dans le monde et à nos efforts pour empêcher de nouvelles attaques ». « Moralement parlant, un terroriste qui essaie d’assassiner des juifs mérite de mourir », a renchéri un député de son parti, Bezalel Smotrich.
Avigdor Lieberman, ancien ministre des affaires étrangères, a jugé « hypocrite et injustifié de se liguer contre le soldat ». « Mieux vaut un soldat qui commet une erreur mais reste en vie qu’un soldat qui se fait tuer par un terroriste parce qu’il a hésité », a-t-il dit.
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