Israël-Palestine : faux-semblants au Proche-Orient

Israël-Palestine : faux-semblants au Proche-Orient
Un Palestinien fuit la fumée de gaz lacrymogène lors d'affrontements avec les forces de sécurité israéliennes, le 19 février 2016, dans le village de Bil'in en Cisjordanie, près de Ramallah. (ABBAS MOMANI/AFP)

MONDOVISION. La question israélo-palestinienne revient à l'ordre du jour, notamment à la faveur d'une initiative diplomatique française ; mais, pour autant, est-on plus près d'une solution ?

Par Pierre Haski
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On reparle enfin de la question israélo-palestinienne. Depuis que les "printemps arabes" ont abouti à plusieurs guerres (Syrie, Irak, Libye, Yémen…), le dossier palestinien a été relégué au second plan, comme si la nécessité de résoudre un conflit ne se mesurait qu'en nombre de victimes. L'absence de règlement de ce conflit vieux de plusieurs décennies fait pourtant peser des menaces permanentes sur la région, et bien au-delà, jusqu'au cœur de la société française.

La question israélo-palestinienne revient à l'ordre du jour, notamment à la faveur d'une initiative diplomatique française ; mais, pour autant, est-on plus près d'une solution ? Malheureusement il faut répondre par la négative, tant le rapport de forces est, à l'heure actuelle, très défavorable à une paix réelle et équitable. Un rapide aperçu des acteurs en présence laisse peu de place à une solution négociée, près de vingt-cinq ans après la conférence de Madrid, qui avait mis face à face pour la première fois Israéliens et Palestiniens, et vingt-trois ans après les accords d'Oslo, qui avaient permis la reconnaissance mutuelle.

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Du côté israélien, la puissance dominante sans laquelle rien n'est possible, l'heure n'est pas au compromis, au contraire. La colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est se poursuit inexorablement, créant sur le terrain une situation de fait qui, chaque jour, affaiblit l'option des deux Etats. Et les Israéliens, l'opinion comme le gouvernement de droite et d'extrême droite, n'ont jamais été, depuis plus de deux décennies, aussi peu favorables à une entente avec leurs voisins palestiniens.

L'"intifada des couteaux", qui a fait quelque deux cents morts, en grande majorité palestiniens, depuis son déclenchement il y a six mois, a durci une opinion déjà largement acquise au camp des "faucons", alors que celui des "colombes" est réduit à la portion congrue. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, répète à l'envi qu'il est prêt à négocier sans conditions, mais les Israéliens eux-mêmes savent qu'il n'en pense pas un traître mot…

L'espoir fait vivre, dit-on

Côté palestinien, ce n'est guère mieux. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est à bout de souffle et condamné à la gesticulation internationale ; sa succession s'annonce complexe, tandis que les islamistes du Hamas contrôlent la bande de Gaza, ghetto explosif soumis à un blocus israélien générateur de toujours plus de frustrations et de rancœurs. Le désespoir de la génération post-Oslo a conduit aux attentats au couteau – suicidaires –, des actes de violence individuelle insensée échappant à toute stratégie d'appareil.

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A ceux qui espèrent en ce qu'on n'ose plus appeler la communauté internationale pour imposer un règlement, il faut recommander un peu de lucidité. L'initiative française est sympathique et louable, mais, lancée par Laurent Fabius alors qu'il se savait sans doute déjà sur le départ, elle est menée avec la quasi-certitude de ne pas aboutir. La seule "menace" qui lui donnait un peu de crédibilité, l'annonce qu'en cas d'impasse la France reconnaîtrait "automatiquement" la Palestine, a été abandonnée car trop isolée, y compris en Europe, comme d'habitude aux abonnés absents sur ce sujet sensible.

Les Etats-Unis, en pleine période électorale, ne peuvent ni ne veulent se "mouiller" au sujet de la Palestine avant l'élection de novembre, surtout après huit années d'impuissance de Barack Obama sur ce dossier. Alors que reste-t-il ? L'espoir qu'en en reparlant on fera bouger les lignes au Proche-Orient ? L'espoir fait vivre, dit-on ; de nouveau déçu, il peut aussi faire mourir.

Pierre Haski

Pierre Haski
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