Royaume-Uni : Corbyn veut écarter tout soupçon d’antisémitisme

Deux figures du Labour ont tenu des propospolémiques. Le parti est affaibli.

Tristan de Bourbon Correspondant à Londres
Former mayor of London Ken Livingstone, centre, is surrounded by media outside Millbank in Westminster, London, Thursday April 28, 2016. Britain's main opposition Labour Party has suspended former London Mayor Ken Livingstone over comments about anti-Semitism. Livingstone, who sits on Labour's National Executive Council, said in a radio interview that he had never heard any anti-Semitic views expressed by Labour members, and claimed Adolf Hitler had supported Zionism before the Holocaust. (Anthony Devlin/PA via AP) UNITED KINGDOM OUT NO SALES NO ARCHIVE
Former mayor of London Ken Livingstone, centre, is surrounded by media outside Millbank in Westminster, London, Thursday April 28, 2016. Britain's main opposition Labour Party has suspended former London Mayor Ken Livingstone over comments about anti-Semitism. Livingstone, who sits on Labour's National Executive Council, said in a radio interview that he had never heard any anti-Semitic views expressed by Labour members, and claimed Adolf Hitler had supported Zionism before the Holocaust. (Anthony Devlin/PA via AP) UNITED KINGDOM OUT NO SALES NO ARCHIVE ©AP

A trois jours des importantes élections locales qui se tiendront jeudi, la direction du Parti travailliste est accusée d’avoir laissé se perpétuer l’antisémitisme en son sein. Tout a commencé mercredi dernier avec la publication sur un site satirique d’un message rédigé en 2014 sur Facebook par Naz Shah, devenue un an plus tard députée à la Chambre des communes. Au-dessus d’un dessin intitulé "Solution pour le conflit israélo-palestinien" suggérant le déplacement d’Israël au milieu des Etats-Unis, cette Britannique d’origine pakistanaise de 42 ans avait commenté : "Problème résolu et cela vous fera économiser les trois milliards de livres sterling que vous transférez chaque année à Israël." Elle avait ensuite indiqué : "Le seul problème est qu’Israël devra rendre toutes les terres et les fermes qu’il a volées et donner des droits aux Palestiniens, ce qui n’est pas possible."

Le lendemain de cette diffusion, elle a été suspendue du Labour malgré ses excuses. Sans le préciser, sa direction semble penser que ses propos étaient critiques de la politique du gouvernement israélien, pas antisémites. Le leader travailliste Jeremy Corbyn fait d’ailleurs lui-même partie des irréductibles critiques de la politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens.

Alors que l’affaire aurait pu s’éteindre, elle va se transformer en scandale national suite à l’intervention de l’ancien maire de Londres Ken Livingstone, un proche de Jeremy Corbyn. Après avoir défendu Naz Shah tout en admettant qu’elle était allée "trop loin" , "Red Ken" a lancé : "Quand Hitler a remporté son élection en 1932, sa politique était qu’ils (les Juifs) devraient être déportés en Israël (plus exactement : en Palestine sous mandat britannique, NdlR ) . Il soutenait le sionisme, avant de devenir fou et de finir par tuer six millions de Juifs." Il a à son tour été suspendu du parti. "Je regrette vraiment avoir dit cela parce que ça a provoqué toute cette histoire [mais] je ne regrette jamais avoir dit quelque chose de vrai et si le Premier ministre d’Israël (Benjamin Netanyahou, NdlR) dit la même chose, c’est peut-être vrai" , a cependant défendu Ken Livingstone.

Lutte interne

Jeremy Corbyn a annoncé le lancement d’une enquête indépendante sur l’antisémitisme au sein de son parti et assuré "se lever contre le racisme sous toutes ses formes" .

Si le parti conservateur, au pouvoir, est resté relativement discret depuis le déclenchement de la polémique, celle-ci est alimentée par les factions du parti travailliste opposées à Jeremy Corbyn. A l’approche des élections locales de jeudi, qui concerneront un tiers des municipalités du pays, tout est en effet bon pour fragiliser et ainsi justifier le renversement de cet élu bien trop à gauche à leur goût, qui a accédé un peu à la surprise générale, à la tête du Labour en septembre 2015.

Le candidat travailliste à la mairie de Londres Sadiq Khan a ainsi estimé que les commentaires de Ken Livingstone ont rendu plus difficile pour les Londoniens de confession juive de sentir que le parti travailliste est un endroit pour eux. Avant d’assurer que, "bien sûr", ces commentaires affectaient ses possibilités d’être élu. Il a ainsi directement réclamé que "la direction du Parti travailliste reçoive des formations sur cette question car clairement ils ne comprennent pas ce qu’est le racisme […] Il y a trop d’exemples dans notre parti de gens ayant ce type de vision" .

Avec de tels "alliés", Jeremy Corbyn n’a clairement pas besoin d’ennemis.

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