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Israël : alliance de Nétanyahou et Lieberman, futur ministre de la défense

Le premier ministre et le chef du parti d’extrême droite Israël Beitenou ont présenté mercredi leur nouvelle alliance.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 22 mai 2016 à 17h24, modifié le 25 mai 2016 à 14h59

Temps de Lecture 4 min.

Avigdor Lieberman, le chef du parti d’extrême droite israël Beitenou (à gauche), est assis à côté du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahu, lors de la signature d’un accord de coalition pour élargir la majorité parlementaire du gouvernement, à la Knesset, le parlement israélien.

Les négociations furent laborieuses, mais leur issue représente un soulagement pour Benyamin Nétanyahou, sous forte pression intérieure et extérieure. Mercredi 25 mai, le premier ministre et le chef du parti d’extrême droite Israel Beitenou, Avigdor Lieberman, ont présenté leur nouvelle alliance politique à la Knesset.

Cet accord de coalition, élargissant la majorité actuelle, est un mariage sans sentiment, mais lourd de calculs, devant encore être confirmé par un vote des députés. Il doit laisser à M. Lieberman la possibilité de recevoir le prestigieux portefeuille de la défense, malgré son manque d’expérience militaire. Il prendra la place occupée jusqu’au 20 mai par Moshe Yaalon, qui a démissionné avec fracas en dénonçant la dérive extrémiste de la droite. En échange, M. Lieberman permettra à la majorité de passer de 61 à 66 sièges (sur 120) à la Knesset, le Parlement, après la défection de l’une de ses députés.

Mercredi, MM. Nétanyahou et Lieberman se sont présentés, sourire aux lèvres, devant les caméras, en faisant assaut de politesse. Oubliés, les échanges d’insultes depuis un an. « Nous avons tous deux dit des choses que nous n’aurions pas dû », a résumé le premier ministre, qui a défendu la nécessité d’une « stabilité politique ». Les deux hommes ont aussi voulu envoyer un message de modération, en prononçant quelques mots en anglais à l’attention du public étranger et des chancelleries. De très nombreuses personnalités s’émeuvent de la promotion de M. Lieberman au poste de ministre de la défense, fonction réclamant sang froid et expérience. Jamais dans l’histoire un gouvernement israélien n’aura autant reposé sur les forces nationalistes religieuses. L’engagement répété de M. Nétanyahou, purement rhétorique, en faveur d’une solution de paix négociée avec les Palestiniens, est contredite par ses actes.

Avigdor Lieberman, head of far-right Yisrael Beitenu party, (L) and Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu shake hands after signing a coalition deal to broaden the government's parliamentary majority, at the Knesset, the Israeli parliament in Jerusalem May 25, 2016. REUTERS/Ammar Awad

Cette séquence de tractations, ouverte il a dix jours, n’est pas achevée. L’accord doit être encore approuvé à la Knesset. Un autre ministre du gouvernement, Naftali Bennett, le leader du parti extrémiste Le Foyer juif, a saisi l’occasion pour poser ses propres conditions, avant d’approuver le candidat au ministère de la défense. M. Bennett a réitéré ses critiques contre le fonctionnement du cabinet de sécurité, estimant que le premier ministre dissimulait de nombreuses données opérationnelles cruciales à ses membres. Il souhaite la désignation d’un attaché militaire, chargé d’informer les ministres sur les dossiers chauds.

Compromis

L’une des conditions essentielles posées par Avigdor Lieberman dans les négociations avec le Likoud concernait sa base électorale. Il souhaitait que le ministère des finances dégage des fonds pour permettre de payer les pensions de retraite incomplètes des immigrés de l’ex-Union soviétique, arrivés au début des années 1990 à un âge déjà avancé. Mais le ministère des finances, dirigé par Moshe Kahlon, s’est opposé à une rupture du principe d’égalité entre citoyens. Finalement, selon la presse israélienne, 1,4 milliard de shekels (322 millions d’euros) seront dégagés pour relever l’ensemble des retraites. Ce compromis est loin des souhaits initiaux de M. Lieberman, mais la certitude d’obtenir le ministère de la défense lui a inspiré beaucoup de souplesse.

M. Lieberman avait aussi souhaité un retour en arrière de plusieurs décennies sur la question de la peine de mort. L’ancien ministre des affaires étrangères voudrait qu’elle puisse être prononcée par un tribunal militaire, à une simple majorité des magistrats, et non à l’unanimité, contre les terroristes. Or, la justice militaire s’applique presque exclusivement aux Palestiniens en Cisjordanie. Par conséquent, les colons juifs coupables de crimes graves seraient exemptés de cette sentence. L’ancien procureur général, Yehuda Weinstein, a appelé son successeur, Avichai Mandelblit, à s’opposer à tout projet de loi en ce sens. Pour l’heure, la position de Benyamin Nétanyahou sur ce sujet sensible reste floue.

Le premier ministre a décidé de conserver le portefeuille des affaires étrangères, qu’il détient déjà depuis les élections de mars 2015. C’est un jeton important dans les négociations avec le camp travailliste, pour un gouvernement d’union nationale, une porte qui serait toujours ouverte, à écouter M. Nétanyahou mercredi. « Elle est fermée », a déjà rétorqué le chef travailliste, Isaac Herzog, extrêmement contesté au sein de son propre camp.

Intérêt général

M. Nétanyahou peut ainsi concentrer les responsabilités, alors que la pression diplomatique va monter de plusieurs crans dans un proche avenir, en raison de l’initiative française. Une première conférence internationale au niveau ministériel va se tenir le 3 juin, à Paris, pour enclencher une dynamique de soutien – et de pression – vis-à-vis des deux parties.

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Lors du conseil des ministres, le 22 mai, M. Nétanyahou n’a cité ni M. Lieberman ni M. Yaalon, mais il a brandi l’intérêt général, qui justifierait l’élargissement de la majorité. Il a aussi assuré que l’ancrage du gouvernement encore un peu plus à droite, dans le camp nationaliste religieux, loin des racines du Likoud historique, ne changeait pas son engagement dans le conflit israélo-palestinien. A en croire le premier ministre, « un gouvernement large continuera de lutter pour un processus diplomatique avec les Palestiniens et le fera avec l’aide de pays de la région ».

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