Lieberman pousse Israël encore plus vers la droite

Le nouveau ministre de la Défense inquiète, notamment la députée Hanine Zoabi.

Vincent Braun
FILE - In this Sunday, Feb. 17, 2013 file photo, Israel's hard-line former Foreign Minister Avigdor Lieberman arrives at a Jerusalem court for the opening hearing of his trial on charges of fraud and breach of trust. Israel’s incoming defense minister once called for bombing Egypt, just weeks ago suggested that Israel kill Hamas’ leader in the Gaza Strip and has opposed prosecution of a soldier accused of manslaughter _ just a few of the positions that could put former bar bouncer Avigdor Lieberman at odds with a military he now commands. (AP Photo/Ariel Schalit, File)
FILE - In this Sunday, Feb. 17, 2013 file photo, Israel's hard-line former Foreign Minister Avigdor Lieberman arrives at a Jerusalem court for the opening hearing of his trial on charges of fraud and breach of trust. Israel’s incoming defense minister once called for bombing Egypt, just weeks ago suggested that Israel kill Hamas’ leader in the Gaza Strip and has opposed prosecution of a soldier accused of manslaughter _ just a few of the positions that could put former bar bouncer Avigdor Lieberman at odds with a military he now commands. (AP Photo/Ariel Schalit, File) ©AP

Les réactions de réprobation se succèdent en Israël depuis que Benjamin Netanyahou a remanié son gouvernement en faisant rentrer l’ultranationaliste Avigdor Lieberman. Le ministre de l’Environnement, Avi Gabay, a démissionné vendredi pour protester contre l’arrivée du chef d’Israel Beteinou, le parti d’extrême droite dont les six sièges viennent renforcer la majorité parlementaire jusqu’alors minimale du Premier ministre Benjamin Netanyahou (Likoud, droite).

La démission de ce membre du parti centriste Koulanou ne change rien pour la coalition constituée aussi du parti nationaliste religieux Foyer juif et des deux partis religieux orthodoxes. Par contre, l’intégration d’Israël Beteinou pousse encore vers la droite un gouvernement qui était déjà considéré comme le plus à droite qu’Israël ait jamais connu.

M. Gabay a d’ailleurs dénoncé une évolution du Likoud et d’Israël en général vers l’extrémisme. "Les événements politiques récents et le changement de ministre de la Défense sont pour moi des événements graves qui font fi de ce qui est important pour la sécurité de l’Etat et vont exacerber un peu plus l’extrémisme dans la société", a déclaré Avi Gabay. Le ministre de la Défense sortant, Moshe Yaalon, avait démissionné le vendredi précédent, poussé dans le dos par le Premier ministre qui avait proposé son poste à M. Lieberman. M. Yaalon avait lui aussi dénoncé la prise de contrôle du Likoud par "des éléments dangereux et extrémistes". Lesquels ont permis le retour d’Avigdor Lieberman au gouvernement.

Des assurances qui laissent sceptique

Connu pour ses propos démagogiques, agressifs, voire racistes, notamment envers les Arabes d’Israël, le nouveau ministre de la Défense a tenté de rassurer cette semaine en affirmant qu’il entendait mener une politique "raisonnée et responsable". La députée Hanine Zoabi, que nous avons rencontrée lors de son passage à Bruxelles, n’y croit pas du tout. "Ce n’est pas le premier poste de Lieberman au gouvernement. Il a été longtemps ministre des Affaires étrangères. C’est le même Lieberman qui a fait des déclarations racistes sur les Palestiniens d’Israël. Ce n’est pas un tournant. Et Yaalon, en qui on voit un démocrate, est celui qui a bombardé Gaza", soutient cette Palestinienne d’Israël (une expression qu’elle préfère à celle d’Arabe israélienne), membre du parti arabe Balad affilié à la Liste arabe unie, qui a remporté treize sièges à la Knesset.

La levée de boucliers contre la nomination de Lieberman est d’autant plus tendue qu’en tant que ministre de la Défense, c’est lui qui aura la supervision des territoires palestiniens qu’Israël occupe, comme en Cisjordanie, ou contrôle comme la Bande de Gaza. "En quoi pourrait-il être plus dangereux qu’il ne l’est déjà ? En niant à plus de travailleurs palestiniens le droit d’entrer en Israël ? Peut-être. En permettant plus de permis pour les colonies ?", interroge Hanine Zoabi.

"Le système qui a produit Lieberman"

A propos de la démission de M. Gabay, Hanine Zoabi estime qu’il s’agit plutôt du fruit d’une "lutte de pouvoir" que d’une pure "contestation éthique", parce que, si c’était le cas, "chacun d’eux devrait démissionner avant de décider de l’expansion des colonies ou d’attaquer Gaza. Ils sont le système qui a produit Lieberman", affirme-t-elle. "Je ne dirai pas qu’il est plus dangereux que Netanyahou parce qu’avec son discours d’extrême droite, il va vouloir prouver le contraire. Netanyahou est plus dangereux que lui parce que c’est lui qui a pensé qu’il pouvait être à la Défense et y servir le gouvernement."

Pour Hanine Zoabi, il y a pour le moment en Israël une évolution vers "plus d’extrémisme qu’il n’y a déjà". Elle épingle les lois discriminatoires envers les Israéliens d’origine palestinienne. Elle évoque des lois "fascistes" qui permettent par exemple "de réduire au silence ou d’exclure de manière permanente des députés de la Knesset qui sont critiques envers la politique du gouvernement".

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