DIPLOMATIEPourquoi Paris organise une conférence internationale sur le Proche-Orient?

Pourquoi la France souhaite-t-elle relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens ?

DIPLOMATIEParis organise vendredi une conférence internationale, soutenant l'idée de la création de deux Etats, israélien et palestinien...
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le 9 mai 2016 à Paris.
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le 9 mai 2016 à Paris. - Christophe Ena/AP/SIPA
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Paris accueille vendredi une conférence internationale pour relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, « cette démarche sincère et désintéressée » vise à obtenir « une paix juste avec deux Etats [israélien et palestinien] »,a-t-il dit mercredi à l’Assemblée nationale. Les ministres d’une trentaine de pays arabes et occidentaux comme les représentants de l’ONU et de l’Union européenne seront présents. Cependant, l’espoir d’une paix paraît mince. Après l’opposition publique du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, le ministère israélien des Affaires étrangères a prédit ce jeudi « un échec » de la conférence. Pourquoi la France organise-t-elle cette initiative ? 20 Minutes fait le point sur les raisons avouées de cette rencontre internationale, et d’autres plus secrètes…

Une initiative ancienne

Cette conférence internationale a été annoncée en février par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui a depuis lors rejoint le Conseil constitutionnel. « N’ayant pu être président de la République, qui était son rêve, Laurent Fabius a eu l’ambition de rester dans l’histoire comme l’artisan de la paix au Proche Orient », développe Dominique Moïsi, conseiller spécial à l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Jean-Marc Ayrault poursuit ainsi ce qu’a préparé Laurent Fabius, par tradition et fidélité politique », ajoute-t-il.

Réaffirmer un rôle diplomatique dans la région

La conférence à Paris se tient deux ansaprès l’échec des dernières négociations, sous égide américaine. « Le président des Etats-Unis Barack Obama a été humilié à cette occasion et s’est depuis détourné de la question », continue Dominique Moïsi. « La nature ayant horreur du vide, les Français se sont emparés du dossier ». Et seule la France, en Europe, pouvait reprendre le dossier selon Stéphane Rozès, président de CAP (Conseils, analyses et perspectives). « En effet, il n’y a que la France qui pouvait s’en charger. L’Allemagne autolimite ses initiatives diplomatiques pour des raisons historiques. Quant à l’Angleterre, elle n’a pas la même liberté et indépendance que Paris dans ce domaine », selon le politologue.

L’initiative française pourrait enfin être l’occasion de revenir en première ligne dans cette région. « Après l’échec sur la Syrie, la France souhaite reprendre une place qui compte au Proche Orient », estime Philippe Moreau Defarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Et tenter de relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens est une bonne occasion », commente l’ancien diplomate.

Des choix de politique intérieure

Des raisons liées à la politique intérieure française pourraient enfin motiver la tenue de cette conférence. « Elle peut être une occasion de montrer aux Juifs de France que Paris se préoccupe de la situation au Proche Orient », estime Philippe Moreau Defarges.

Sujets liés