À Rennes,

Célèbre compagnon de route de Jean-Jacques Goldman, le chanteur et guitariste franco-gallois Michael Jones évoque pour 20 Minutes le superbe parcours du pays de Galles à l’Euro. Une sélection désormais favorite de son 8e de finale contre l’Irlande du Nord, ce samedi au Parc des Princes (18 h).

On nous a dit que vous étiez comme un fou depuis quelques jours…

C’est la première fois, depuis les années 1950, qu’on s’illustre dans une grande compétition footballistique. On parle beaucoup, et à juste titre, de l’Islande et ses 300.000 habitants, mais le pays de Galles n’en compte jamais que trois millions. Je pense maintenant que l’Irlande du Nord est vraiment à notre portée. Après, ça risque d’être la Belgique en quarts, et là, ça va être plus dur…

Une question nous taraude : c’est quoi « être Gallois », exactement ?

C’est un peu comme être Breton. On partage le même hymne national [le Hen Wlad fy Nhadau en version galloise, le Bro gozh ma zadoù en breton], on est fiers de notre culture, et, comme les Écossais et les Irlandais, on est pour toutes les équipes qui jouent contre l’Angleterre.

On connaît votre carrière musicale, mais le foot, c’est également votre dada ?

Je suis passionné de sport en général. Je suis plus rugby que foot, mais j’aime bien le ballon rond aussi. Le plus important, déjà, dans cet Euro, c’était de finir devant les Anglais. Je suis désolé, mais leur premier but contre nous - et je ne suis pas d’accord avec les journalistes - était hors-jeu. Qu’un défenseur touche le ballon avant que Vardy ne marque, j’en conviens, mais il était hors-jeu au début de l’action [les images, sur le centre de Daniel Sturridge, indiquent pourtant le contraire]. Ça aurait dû faire match nul, mais ce n’est donc que justice d’avoir fini devant eux (sourire).

Vous auriez préféré battre l’Angleterre et terminer 2e du groupe ?

On se retrouve dans la partie de tableau la plus favorable en étant premiers. C’est déjà énorme d’avoir une grande chance d’aller jusqu’en quarts de finale. Et si les Belges jouent comme contre les Italiens, on a une chance. D’ailleurs, en parlant des Italiens, eux qui défendent normalement très bien, je ne sais pas comment ils ont fait pour perdre contre l’Irlande. Mais ça arrange bien la France, même si les Irlandais ont une revanche à prendre après la fameuse main de Thierry Henry. Ils vont avoir la haine.

Vous êtes actuellement en tournée. Avez-vous, malgré tout, le temps de suivre les matchs du pays de Galles ?

Il se peut que je puisse regarder le 8e de finale, parce que je joue tard à Comblessac (Ille-et-Vilaine), ce soir. J’ai regardé en direct le match contre la Slovaquie. Je m’étais donné le temps de voir celui face aux Anglais en gare de Lyon, mais j’ai raté leur deuxième but car j’avais un train à prendre.

Comme Adele, vous pourriez interrompre vos concerts pour l’Euro ?

Je serai prêt à le faire, sauf que c’est impossible dans les festivals, et je crois, en plus, qu’il y a une histoire de droits TV qui nous interdit de passer un match sur grand écran - du moins pour les concerts en plein air.

Le rugbyman Vincent Clerc vous a rapporté l’ambiance fantastique générée par les supporters gallois à Toulouse, durant le match contre la Russie…

L’instrument national du pays de Galles, de toute façon, c’est la voix. Mais je voudrais souligner un truc : il n’y a eu aucun problème sur les matchs concernant les Gallois et les Irlandais. Il n’y aurait eu aucun problème non plus si les Écossais avaient été là. En fait, les seuls problèmes sont liés aux Anglais... ou à l’Irlande du Nord. Mais l’Irlande du Nord a le même drapeau que l’Angleterre, car ce sont aussi des Anglais (sourire).

L’histoire de l’alcool dans les stades, ou en dehors, c’est de la connerie ! C’est juste du protectionnisme des préfectures, qui ne comprennent pas, ou qui ont peur. Les Gallois et les Irlandais boivent beaucoup plus que les Anglais, mais ils savent se tenir, ils ne cèdent pas aux provocations. L’Anglais n’est pas forcément belliqueux, mais il répond tout de suite si on le cherche. Les Russes le savaient, ils n’ont pas choisi leur cible par hasard.

Les chants de supporters ne vous donnent pas envie d’écrire un titre sur l’épopée galloise ?

Les chansons de sport doivent être écrites par ceux qui sont dans les stades. En général, ce sont toujours des titres choisis. Par exemple, au rugby, la chanson des supporters gallois, c’est Delilah, de Tom Jones.

Je n’ai jamais entendu un titre correct quand il est spécialement écrit pour un tournoi ou pour une équipe de foot. J’ai toujours trouvé ça un peu ringard, alors que le public a adopté des chansons déjà existantes comme le You’ll Never Walk Alone de Liverpool.

Que peut-on souhaiter au pays de Galles, finalement, pour la suite de l’Euro ?

Qu’il rencontre la France en finale. Ça, c’est le rêve absolu… mais ce n’est pas impossible !