EDUCATIONQue font les correcteurs du bac face à une copie tendancieuse?

Bac: Comment réagissent les correcteurs face à une copie tendancieuse?

EDUCATIONDans de rares cas, les correcteurs du bac tombent sur des copies partisanes ou contenant des dérapages de type racistes ou antisémites.
Une copie du bac 2016 à Strasbourg.AFP PHOTO / FREDERICK FLORIN
Une copie du bac 2016 à Strasbourg.AFP PHOTO / FREDERICK FLORIN - AFP
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Des correcteurs du sujet d’histoire au bac affirment avoir été incités à signaler à l’inspection, les propos radicaux tenus dans certaines copies du bac. Ce que nie farouchement l’Education nationale. Mais au-delà de cette polémique, se pose la question sur la manière dont réagissent les enseignants dans de pareils cas.

Des cas rarissimes au bac

« Cela arrive extrêmement rarement que des propos tendancieux, voire extrémistes soient tenus dans des copies d’examen. Car les élèves ont bien intégré le fait que le bac n’était pas un lieu d’expression des opinions politiques ou religieuses », indique à 20 minutes, Christine, professeur d’histoire géographie et correctrice dans l’académie d’Amiens, qui se prête à l’exercice depuis 25 ans.

Elle n’a d’ailleurs jamais relevé d’aberrations de ce type dans les copies qu’elle a eu à corriger : « une des seules fois où j’ai été confrontée à une copie qui posait problème, c’était au cours de l’année scolaire où un élève avait indiqué que certaines théories du complot avaient un fondement », se souvient-elle. Un épisode qui lui avait vallu un bel exercice de pédagogie.

Copies « sabrées »

Même son de cloche chez Florence, professeur d’histoire-géographie dans les Bouches-du-Rhône et qui corrige lebac depuis 18 ans : « la seule fois où j’ai été confrontée à cela c’était lorsque j’étais professeur référente de ma matière pour mes collègues corrigeant les candidats passant le bac en Tunisie. L’un d’eux m’a contactée car trois copies traitant du Moyen-Orient, comportaient des propos antisémites et antiaméricains. Après avoir contacté l’inspecteur, je lui ai conseillé de sanctionner tous les passages comportant des propos inqualifiables dans l’épreuve d’histoire. Mais de noter la composition de géographie de manière totalement objective. Au final, la correctrice a décidé de sabrer ces copies et leur a mis 2/20 », raconte-t-elle. « L’important est de pouvoir toujours justifier les notes dans l’appréciation, au cas où l’élève demanderait à consulter sa copie ».

Le besoin d’un deuxième avis

De son côté, André, professeur de philosophie dans l’académie de Paris, qui corrige le bac depuis 21 ans, se souvient d’une des rares copies qui lui avait posé un gros problème. « Elle était dogmatiquement islamiste. Cela m’avait beaucoup irrité et j’avais mis un 5/20. Mais j’ai dû expliquer ma démarche lors de la commission d’harmonisation des notes, qui rassemblent les groupes de correcteurs », indique-t-il.

Si Christine tombait sur une telle copie, elle sait déjà qu’elle aurait besoin d’aide : « j’appellerais d’abord des collègues de ma discipline pour en parler avec eux, puis je solliciterais le service d’assistance téléphonique, tenu par des inspecteurs d’académie, qui répondent aux questions des examinateurs en cas de doute sur la notation ».

Interrogé par 20 minutes, le ministère de l’Education affirme aussi que les copies du bac qui posent problème sur le plan idéologique sont rares : « ce n’est pas au moment du bac que l’on se rend compte qu’un élève s’est radicalisé », indique-t-on rue de Grenelle. On confirme aussi qu’en cas de difficulté (propos racistes, antisémites…), l’enseignant doit se référer d’abord au service d’assistance téléphonique. Mais quel que soit l’avis du collègue référent, l’enseignant reste libre de sa notation.

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