Monde / Société

En 2016, Anne Frank est une réfugiée syrienne

La famille de l'auteure du célèbre «Journal» avait elle aussi tenté de fuir la guerre, rappelle le New York Times. Sa vie tragique aurait pu trouver une autre issue si les Etats-Unis avaient accepté de l'accueillir.

À gauche Anne Frank, à droite une jeune réfugiée syrienne en février 2016 (AFP/A. SOLARO).
À gauche Anne Frank, à droite une jeune réfugiée syrienne en février 2016 (AFP/A. SOLARO).

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur New York Times, L'Express

«Il ne faut pas beaucoup d'imagination pour comprendre cette éternelle rengaine du désespoir: "A quoi sert cette guerre, à quoi sert-elle? Pourquoi les hommes ne peuvent-ils pas vivre en paix? Pourquoi cette dévastation?" Questions compréhensibles, mais personne n'a encore trouvé la réponse finale.» 

Ces quelques phrases ont été notées par une adolescente juive aux heures les plus sombres du XXe siècle. Elles pourraient également être consignée dans le journal d'une jeune Syrienne en août 2016. Les persécutés d'hier sont les réfugiés d'aujourd'hui, Aylan Kurdi ou Omran Daqneesh –dont le sort dramatique a ému le monde entier– pourraient être Anne ou Margot Frank, innocents pris dans la tourmente de «l'éternelle rengaine du désespoir».

C'est du moins la comparaison qu'établit l'éditorialiste du New York Times Nicholas Kristof dans une chronique intitulée «Anne Franck est aujourd'hui une petite fille syrienne». S'érigeant contre la phobie migratoire dont fait preuve une partie de la classe politique américaine, il y établit un comparatif historique entre l'Amérique des années 1940 et les Etats-Unis contemporains.

Si Barack Obama a promis d'accueillir 10.000 réfugiés syriens et qu'Hillary Clinton entend marcher sur ses traces si elle accède à la présidence, Donald Trump a constamment vilipendé cette politique d'accueil. De nombreux gourverneurs républicains ont, quant à eux, ouvertement affiché leur «résistance» à accueillir dans leurs États des réfugiés syriens, et ce tout particulièrement à la suite des attaques du 13 novembre à Paris.

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait ainsi posté un communiqué de presse, le 16 novembre 2015, où il «implorait» Barack Obama «de ne pas accepter davantage de réfugiés syriens.» «La compassion humanitaire des Américains pourrait être exploitée pour exposer les Américains à des dangers de mort similaires à ceux vécus par les Français lors des attaques de Paris.»

Le gouverneur du Michigan, Gary Glenn, avait quant à lui déclaré: «Nous ne devons pas ouvrir nos portes à un risque élevé provenant d'individus issus d'un des berceaux de l'islamisme radical.»

Des phrases qui rappellent presque mot pour mot la haine et la peur que suscitaient les juifs allemands aux Etats-Unis dans les années trente et quarante, souligne le New York Times. Durant cette période où les enjeux de la Guerre Froide se dessinaient, les Juifs étaient alors accusés d'être des «communistes» chargés de déstabiliser le pays. Et les réfugiés allemands pouvaient potentiellement être des espions nazis ayant pour but d'infiltrer les Etats Unis... Anne Frank étaient de celles qui demandaient l'asile aux Américains, son père Otto Frank ayant envoyé plusieurs demandes aux services d'immigration des États-Unis.

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