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Football : la FIFA pressée d’agir contre les clubs des colonies israéliennes

Soixante-six députés européens demandent à la Fédération internationale d’appliquer ses règles en excluant du championnat israélien les clubs situés dans les colonies en Cisjordanie.

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Publié le 09 septembre 2016 à 09h03, modifié le 09 septembre 2016 à 11h49

Temps de Lecture 3 min.

Tokyo Sexwale et Djibril Radjoub devant le mur de séparation de Ramallah, le 7 mai 2015.

Vendredi 16 septembre, l’Hapoel Bikat Hayarden se rendra dans le désert du Néguev, à Dimona, disputer la première journée de la ligue Alef, troisième division du championnat israélien de football. Puis rentrera à Tomer, dans l’est de la Cisjordanie, colonie israélienne dont il porte les couleurs.

L’Hapoel Bikat Hayarden est l’un des cinq clubs représentant une colonie située en territoire palestinien occupé et disputant pourtant le championnat national israélien. Les quatre autres jouent soit en quatrième, soit en cinquième division.

L’existence de ces clubs, basés dans des colonies illégales au regard du droit international et condamnées par les alliés mêmes d’Israël, est contestée par les Palestiniens et dans un appel rendu public vendredi 9 septembre, par 66 députés européens de toute tendance politique – dont des eurodéputés français affiliés au Parti socialiste, aux Verts et au Parti communiste.

Statuts de la FIFA

A l’initiative de l’eurodéputé écossais Alyn Smith (siégeant au sein du groupe Verts-Alliance libre européenne), les élus réclament dans une lettre à Gianni Infantino, président de la FIFA, que ces clubs soient « relocalisés dans les frontières internationalement connues d’Israël ou exclus de la Fédération israélienne de football ». « Laisser Israël se servir du football comme d’un instrument d’expansion territoriale en Cisjordanie revient à politiser le football, et c’est inacceptable », déplore Alyn Smith.

Selon les statuts de la FIFA, les clubs membres d’une fédération ne peuvent jouer sur le territoire d’une autre fédération membre sans l’accord de cette dernière et de l’instance faîtière du football mondial. La Fédération palestinienne a intégré la FIFA en 1998 – quatorze ans avant son admission par l’ONU comme membre observateur – et s’oppose à l’existence de ces cinq clubs dans le championnat israélien. Cette question fait aussi l’objet d’une pétition en ligne, qui a recueilli plus de 150 000 signatures.

Les signataires arguent que, dans une situation analogue, lorsque la Crimée fut annexée par la Russie en 2014, l’UEFA avait empêché les clubs criméens de rejoindre le championnat russe. Les clubs situés sur des territoires contestés, comme le Haut-Karabakh, l’Ossétie du Sud ou le nord de Chypre, ne participent pas non plus à des compétitions reconnues par la FIFA.

Ligne rouge

La question israélo-palestinienne a débordé sur le terrain footballistique depuis plusieurs années déjà. Dans les tribunes, où les supporteurs du Celtic Glasgow et de l’AS Saint-Etienne ont récemment brandi des multitudes de drapeaux palestiniens alors qu’ils affrontaient respectivement l’Hapoel Beer Sheva et le Beitar Jérusalem. Et dans les instances, puisque la Fédération palestinienne a notamment tenté de faire suspendre son homologue israélienne lors du congrès 2015 de la FIFA.

Si elle a fini par retirer sa demande de suspension à la surprise générale et à l’issue de négociations serrées avec Israël et Sepp Blatter, alors président de la FIFA, elle a obtenu dans le bras de fer quelques avancées sur le développement du football en Cisjordanie, la lutte contre le racisme visant les joueurs arabes et les déplacements des joueurs palestiniens.

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Mais la question des colonies reste une ligne rouge pour Israël, alors que le gouvernement annonce régulièrement de nouvelles constructions en Cisjordanie. En 2015, le président de la Fédération palestinienne, Djibril Radjoub, avait réclamé sans succès que cette question soit tranchée par l’ONU – où Israël est particulièrement vulnérable sur ce dossier.

Tokyo Sexwale et les « territoires contestés »

Un « comité de surveillance Israël-Palestine » est né à la suite du congrès de la FIFA en 2015, et Sepp Blatter, avant de quitter la scène, a placé à sa tête l’un des candidats à sa succession : le Sud-Africain Tokyo Sexwale. Ce dernier, aperçu en grande conversation avec le futur président de la FIFA, Gianni Infantino, la veille de l’élection, avait retiré sa candidature à quelques heures du vote. Il a conservé son poste de président de la commission Israël-Palestine, qui se réunira le 22 septembre, préambule à une séance du conseil de la FIFA, le 13 octobre, où sera abordée la question des clubs des colonies.

Lors du dernier congrès de la FIFA, en mai à Mexico, Tokyo Sexwale a suscité la colère des Palestiniens en parlant de « territoires contestés » pour les colonies, un vocable utilisé par les partisans de la colonisation israélienne. Durant la campagne présidentielle, ses adversaires ne manquaient pas de pointer du doigt ses intérêts en Israël. Plus précisément, Tokyo Sexwale a fait fortune dans les diamants, dont la première bourse mondiale, Israël Diamond Exchange, se trouve dans la banlieue de Tel-Aviv.

Selon le quotidien sud-africain Mail & Guardian, il a été en affaires avec le sulfureux multimilliardaire israélien Dan Gertler, à la tête d’un empire minier aussi vaste qu’opaque en République démocratique du Congo (RDC). En avril, Le Monde avait enquêté sur la fortune dissimulée de Dan Gertler, cité dans les « Panama Papers » et habitant de Bnei Brak, fief de la communauté ultra-orthodoxe, près de Tel-Aviv.

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