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ISRAËL

Mort de Shimon Peres, dernier père fondateur d'Israël

Figure emblématique de l’État d’Israël, Shimon Peres est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 93 ans. Son parcours politique, qui aura marqué l’histoire de son pays, lui avait valu une reconnaissance internationale.

Shimon Peres, alors président d'Israël, le 6 juillet 2014, à Sderot.
Shimon Peres, alors président d'Israël, le 6 juillet 2014, à Sderot.
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Le doyen de la scène politique israélienne Shimon Peres est mort à l’âge 93 ans, des suites d'un accident vasculaire cérébral. Il s'est éteint dans son sommeil "à 3 heures du matin" dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 septembre, dans l'hôpital hôpital Tel-Hashomer de Ramat Gan, dans la banlieue est de Tel Aviv. Shimon Peres a succombé entouré des membres de sa famille. 

C'est son fils Chemi Peres, qui a annoncé officiellement son décès : "C'est avec une profonde tristesse que nous disons adieu à notre père bien aimé, le neuvième président d'Israël, Shimon Peres. C'est l'un des pères fondateurs d'Israël, quelqu'un qui a servi son peuple avant même qu'il n'ait son propre pays", a déclaré ce dernier lors d'une conférence de presse donnée mercredi matin, depuis l'hôpital. 

Shimon Peres avait été hospitalisé il y a deux semaines après avoir subi une grave attaque cérébrale ; il était en soins intensifs depuis. "Hier soir, les médecins avaient annoncé une aggravation de son état et des dommages neurologiques irréversibles. Après cette annonce, la famille n'a pas souhaité le maintenir en vie artificiellement", précise Marie Semelin, correspondante de France 24 en Israël, présente à l'hôpital lors de l'annonce du décès. 

Figure emblématique

Du militantisme sioniste de sa jeunesse au sommet de l'État d'Israël dont il fut président et plusieurs fois Premier ministre, il était une figure emblématique de la scène politique israélienne, plus respectée à l’étranger que populaire dans son pays. Sa carrière ayant débuté à l’aube de la proclamation de l’État hébreu, il fut le principal artisan du développement de la puissance militaire de son pays, avant de devenir dans la seconde partie de sa vie l’un des architectes de la paix dans la région tourmentée du Proche-Orient.

En images : les grandes dates de la vie politique de Shimon Peres

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Né le 2 août 1923 à Vishnev, à l'époque en Pologne (actuellement en Biélorussie), Shimon Peres – de son vrai nom Szymon Perski – migre en Palestine avec ses parents en 1934. Après avoir vécu dans des kibboutz et milité dans sa jeunesse au sein de plusieurs organisations sionistes de gauche, il s’enrôle en 1947 dans les rangs de la Haganah, une organisation paramilitaire clandestine, qui fournira un an plus tard les cadres des Forces de défense israéliennes. Refusant de combattre, il en devient l’un des dirigeants, se chargeant notamment du recrutement et de l’approvisionnement en armes. En 1949, il est nommé à la tête de la délégation du ministère de la Défense aux États-Unis.

De la Défense au Parti travailliste

De retour en Israël en 1952, il est nommé directeur général du ministère de la Défense un an plus tard par le Premier ministre David Ben Gourion, dont il est très proche. En poste pendant six ans, il œuvre notamment, avec succès, en faveur d’une large coopération militaire et nucléaire entre Israël et la France. Il est souvent décrit comme le père de l’arme nucléaire israélienne, que l’État hébreu n’a jamais confirmé détenir.

A. Charrier ; "Peres a d'abord milité pour un Israël militaire"

Décidé à jouer un rôle plus politique, il est élu député à la Knesset (parlement israélien) en 1959 sur la liste Mapaï, la principale composante du futur Parti travailliste, dont il fut l’un des fondateurs en 1968. En plus de ce mandat à la Knesset, qu'il a conservé jusqu'en 2007, il est nommé vice-ministre de la Défense, un poste qu’il occupe jusqu’en 1965. Entre 1969 et 1977, il obtient la gestion de plusieurs ministères dont celui de la Défense, à partir de 1974. Il supervise notamment la réorientation des stratégies de défense de l’armée israélienne, après la guerre du Kippour (1973).

>> Sur France 24 : Quand Shimon Peres se déguisait en agent secret

En 1977, il succède à Yitzhak Rabin, son rival d’alors, à la tête des travaillistes après la démission de celui-ci. Une fonction qu’il occupera par trois fois (1977-1992, 1995-1997, 2003-2005). Mais sa cuisante défaite lors des législatives de la même année offre pour la première fois le pouvoir au Likoud (droite) et à Menahem Begin. Condamné à rester dans l’opposition pendant plusieurs années, Peres profite de son mandat pour moderniser son parti.

Au terme de cette période, il prend la tête d’un gouvernement d'union nationale en septembre 1984. Il laissera deux ans plus tard, comme prévu, le pouvoir à Yitzhak Shamir (Likoud), devenant vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères jusqu’en 1988. Au terme des élections législatives de cette année, un nouveau gouvernement d’union nationale est formé. Peres hérite du titre de vice-Premier ministre et de ministre des Finances, jusqu’en 1990, avant de rebasculer dans l’opposition jusqu’en 1992. Il revient alors au pouvoir, en tant que ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’Yitzhak Rabin.

Prix Nobel de la paix

Convaincu de la nécessité de discuter avec les Palestiniens, il reçoit le prix Nobel de la Paix avec Yitzhak Rabin et le Palestinien Yasser Arafat, en 1994, après la signature des accords d'Oslo, dont il fut l’un des artisans.

Shimon Peres reçoit le Nobel de la Paix en 1994

Après l’assassinat de Rabin en 1995 par un extrémiste juif, il devient Premier ministre par intérim. Battu par Benjamin Netanyahou lors des législatives de 1996, il retrouve un poste de ministre de la Coopération régionale dans le gouvernement d’Ehoud Barak en 1999, puis de vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de son ennemi politique intime Ariel Sharon, de 2001 à 2002.

Shimon Peres se trouvait aux côtés de Yitzhak Rabin juste avant son assassinat en 1995

À nouveau vice-Premier ministre en 2005, après son ralliement à Sharon lors de la création du parti Kadima. Il conclut son parcours gouvernemental en tant que vice-Premier ministre après l’élection législative remportée en 2006 par Ehoud Olmert (Kadima) en 2006. Après une première tentative ratée en 2000, il est élu président de l’État hébreu le 15 juillet 2007 – il est le premier président israélien à avoir également été Premier ministre –, mettant à profit son prestige international et son expérience politique au service de son pays. Même après son départ de la présidence en 2014, Shimon Peres rencontrait régulièrement les dirigeants du monde entier, tel le président français François Hollande ou encore le pape François.

Une figure qui n'a pas toujours fait l'unanimité

Malgré son imposant parcours politique et le fait qu’il jouisse d’une reconnaissance internationale, Shimon Peres a souffert dans son pays d’une image ternie par son triste record d’échecs électoraux. Il fut battu à chaque fois qu’il était chargé de mener campagne au nom des travaillistes. Shimon Peres n'a en effet pas toujours fait l'unanimité, que ce soit à gauche comme à droite. "Il a été critiqué par ceux qui le trouvaient trop proches des Palestiniens, lui reprochant de ne pas être un militaire et de ne pas s'intéresser assez à la question sécuritaire", explique Marie Semelin. "À gauche, il était critiqué par ceux qui pensaient qu'il n'était pas allé assez loin dans son combat pour la paix". 

Les défenseurs d'une solution à deux États l'ont notamment blâmé pour des prises de position polémiques. En 2002, en pleine seconde intifada, Shimon Peres, qui faisait alors partie du gouvernement d'Ariel Sharon, a soutenu la construction du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie. "Son attachement à la résolution du conflit israélo-palestinien n'a jamais fait fléchir sa conviction première : Israël doit être un État fort". 

>> Sur France 24 : Au Vatican, Peres et Abbas prient pour la paix au Proche-Orient

Mais depuis l’annonce de sa mort, ce sont tous les Israéliens qui pleurent le dernier des pères fondateurs de l’État hébreu, un sage de la nation qui, malgré son retrait de la vie politique, continuait d'œuvrer pour la paix alors que les perspectives de règlement du conflit israélo-palestinien n'ont cessé de s'assombrir.

 

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